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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 34.1912

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Nr. 1-2
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Maspero, Gaston: J.-D. Lieblein: (1827-1911)
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https://doi.org/10.11588/diglit.12745#0127

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J.-D. LIEBLEIN

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Il était né à Christiania en 1827. Il perdit ses parents à l'âge de onze ans, et forcé
de peiner pour gagner sa vie à l'âge où d'autres commencent à peine leur instruction,
un de ses frères aînés le prit avec lui à la campagne et lui trouva une petite place
clans une scierie, où lui-même occupait un petit emploi. L'enfant, qu'une vocation irré-
sistible entraînait vers l'étude, emprunta une grammaire latine, et passant ses soirées
et ses nuits, il réussit à apprendre presque seul non seulement le latin, mais l'allemand,
le français et même un peu de grec. A l'âge de seize ans, il passa dans un autre bureau
où il demeura neuf ans encore, toujours travaillant à ses heures de loisir : il réussit si
bien qu'à vingt-cinq ans, en 1852, il avait conquis le brevet d'instituteur. C'était un
premier succès, mais il voulait mieux : il obtint une place dans une école de Christiania,
et poursuivant sa voie avec ténacité, il se fit recevoir étudiant à l'Université en 1855,
puis candidat de philosophie en 1861, avec mention spéciale. On comprend, sans qu'il
soit besoin d'insister, quelle énergie il dut déployer pour surmonter si heureusement les
difficultés de ces premières années.

Avait-il dès lors le goût de l'Égyptologie? Il est probable, car détaché à Berlin en
1862, et boursier de l'État norwégien jusqu'en 1866, il suivit avec passion les cours
officiels de Lepsius, et il reçut en particulier les leçons de Brugsch, puis il visita les
divers musées de l'Europe, Paris où Emmanuel de Rougé lui fit bon accueil, Londres où
il connut Birch et Lepage-Renouf, Vienne, Turin. L'Université de Christiania lui
donna en 1867 une bourse nouvelle, et en 1869, lors de l'inauguration de l'Isthme de
Suez, il fut délégué avec le célèbre Ibsen pour représenter la Norwège aux cérémonies.
Il fut des invités qui prirent part à l'excursion de la Haute Égypte que Mariette avait
préparée., et le hasard le plaça sur celui des bateaux qui portait la plupart des Français.
Charles Blanc a raconté la bonne impression qu'il fit à tous par son savoir et par sa
modestie : il se révéla, pendant les quelques semaines que le voyage dura, le meilleur
des compagnons et le plus sûr des guides. Rentré dans sa patrie, il fut à la fin de 1870
nommé assistant à la Bibliothèque de l'Université, puis en 1876 le Storting créa pour
lui personnellement une chaire d'Égyptologie. Élu membre de l'Académie des Sciences
de Christiania, il en demeura le président pendant plusieurs années, et les honneurs de
son âge mûr compensèrent largement les peines de sa jeunesse : il devint successivement
Commandeur de Saint-Olaf de Norwège, Commandeur du Dragon d'Annam, Officier
de la Couronne d'Italie, Chevalier premier de l'ordre de Wasa en Suède, Chevalier du
Christ portugais et de la Couronne cle fer en Autriche. Représentant honoré de
sa patrie dans les Congrès internationaux d'Orientalistes, il visita souvent les princi-
pales cités de l'Europe, et il revint en Égypte aussi souvent que les devoirs de son
enseignement et l'état de ses ressources le lui permettaient. La dernière lettre que j'ai
reçue de lui et qu'il m'écrivit de Christiania le 25 juillet dernier, vingt jours à peine
avant sa mort, m'annonçait son intention de s'y rendre cet hiver, et il me priait d'in-
tercéder auprès de M. Chassinat pour que celui-ci lui accordât l'hospitalité dans notre
Institut du Caire. L'écriture en est ferme, et rien ne permettait cle croire que la fin fût
si proche : il fut frappé avant qu'on eût le temps de lui annoncer que sa demande allait
être accueillie.
 
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