Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 1.1909)

PEINTRES-GRAVEURS ET PEINTRES-LITHOGRAPHES

(premier article)

I

LA (( SOCIÉTÉ DES PEINTRES-GRAVEURS FRANÇAIS ))

es expositions de gravure se multiplient,
les Sociétés également. Faut-il croire
que l’estampe jouit à cette heure près
du public d’une faveur exceptionnelle?
Ce bon public en est, pourtant, assez
troublé, car il n’aime pas qu’on fatigue
son attention. Quant aux artistes eux-
mêmes, ils en sont un peu ahuris,
comme des gens trop sollicités, qu’on
tire de tous côtés par la veste. Cette
agitation, loin d'être féconde, pourrait donc menacer les intérêts de
la gravure. Tout groupement a besoin, pour vivre et se développer,
de sécurité sociale. La concurrence est, sans doute, le meilleur des
stimulants, mais les scissions, les sous-scissions et les re-scissions,
très à la mode depuis quelque temps chez les artistes, sont d’un
exemple inquiétant. Ce phénomène n’en reste pas moins comme la
démonstration évidente de l’activité des artistes graveurs et de
l'intérêt qui semble se réveiller chez les amateurs pour les formes
originales des arts graphiques.

Désormais, du reste, ce sont les seuls modes de l’estampe origi-
nale qui semblent occuper la curiosité sur l'arène artistique. La gra-
vure de reproduction, terriblement concurrencée par les procédés
mécaniques, garde assurément son éclat entre les mains de ceux qui
seront peut-être ses derniers maîtres. Ils auront, du moins, sauvé
1 honneur. Toute la vitalité de l’estampe s’est circonscrite dans le
domaine de la production originale. Ces faits sont particulièrement