BIBLIOGRAPHIE
LE LIVRE DE DESSINS DE JACOPO BELLINI
AU MUSÉE DU LOUVRE1
L y aura bientôt [vingt-cinq ans qu’Eugène Müntz annonçait ici
même2 l’heureuse acquisition par le musée du Louvre, grâce
au zèle et à la perspicacité de Louis Courajod, d’un livre très
précieux de compositions importantes dessinées à la plume,
pour la plupart sur parchemin, par Jacopo Bellini, le père de
Gentile et Giovanni Bellini, le beau-père d’Andrea Mantegna.
L’éminent historien de la Renaissance italienne en signalait
tout l’intérêt et ne manquait pas de faire les rapprochements nécessaires avec
un recueil semblable, signé du maître, que conserve le British Muséum,
pour établir et affirmer l’attribution à Jacopo Bellini, qui n’a guère
été contestée depuis. Quelque temps après, le vicomte Both de Tauzia dé-
crivait soigneusement et commentait ce précieux album 3. On devait, dès ce
moment, souhaiter que ce monument, si précieux pour bien connaître les
origines de la peinture vénitienne, — M. Corrado Ricci l’appelle joliment
la Biblia délia pittura veneziana, — fût intégralement reproduit pour pouvoir
être partout utilisé et pour qu’un accident terrifiant, comme l’incendie de la
Bibliothèque de Turin, ne puisse plus l’anéantir complètement. L’attente fut
longue. Cette année seulement parurent, presque simultanément, deux ouvrages
où tous les dessins de l’album du Louvre étaient reproduits.
Ces deux ouvrages se recommandent par des mérites différents : le premier,
publié par la célèbre maison Alinari, de Florence, est présenté au public par
M. Corrado Ricci. L’éminent directeur des Beaux-Arts d’Italie avait consacré
de longs travaux à reconstituer pièce par pièce l’œuvre peint de l’illustre
maître. Ne lui devait-on pas l’attribution, universellement admise aujour-
d’hui, à Jacopo, de cette petife Madone assise dans un paysage, qu’adore
Lionel d’Este, cataloguée encore au Louvre comme « École de Gentile da
Fabriano» ? N’avait-il pas découvert et acquis pour le musée des Offices, au
temps où il en dirigeait les destinées, une petite Madone reproduite en couleur
dans l’ouvrage sur les dessins du Louvre ? Dans une substantielle introduction,
M. Corrado Ricci établit tout ce que l’on sait de la vie du fondateur de l’école
1. Corrado Ricci, Jacopo Bellini e i suoi libri cli disegni. I : Il libro del Louvre.
Fiaenze, Fratelli Alinari, 1908, in-folio ; — Victor Goloubew, Les Dessins de Jacopo Bellini
au Louvre et au British Muséum, 2e partie. Bruxelles, G. van Oest et Cie, 1908, in-folio.
2. Gazette des Beaux-Arts, 1884, t. II, p. 346 et 434.
3. Vte Both de Tauzia, Dessins exposés depuis 1879 au Musée du Louvre. Paris, 1888.
LE LIVRE DE DESSINS DE JACOPO BELLINI
AU MUSÉE DU LOUVRE1
L y aura bientôt [vingt-cinq ans qu’Eugène Müntz annonçait ici
même2 l’heureuse acquisition par le musée du Louvre, grâce
au zèle et à la perspicacité de Louis Courajod, d’un livre très
précieux de compositions importantes dessinées à la plume,
pour la plupart sur parchemin, par Jacopo Bellini, le père de
Gentile et Giovanni Bellini, le beau-père d’Andrea Mantegna.
L’éminent historien de la Renaissance italienne en signalait
tout l’intérêt et ne manquait pas de faire les rapprochements nécessaires avec
un recueil semblable, signé du maître, que conserve le British Muséum,
pour établir et affirmer l’attribution à Jacopo Bellini, qui n’a guère
été contestée depuis. Quelque temps après, le vicomte Both de Tauzia dé-
crivait soigneusement et commentait ce précieux album 3. On devait, dès ce
moment, souhaiter que ce monument, si précieux pour bien connaître les
origines de la peinture vénitienne, — M. Corrado Ricci l’appelle joliment
la Biblia délia pittura veneziana, — fût intégralement reproduit pour pouvoir
être partout utilisé et pour qu’un accident terrifiant, comme l’incendie de la
Bibliothèque de Turin, ne puisse plus l’anéantir complètement. L’attente fut
longue. Cette année seulement parurent, presque simultanément, deux ouvrages
où tous les dessins de l’album du Louvre étaient reproduits.
Ces deux ouvrages se recommandent par des mérites différents : le premier,
publié par la célèbre maison Alinari, de Florence, est présenté au public par
M. Corrado Ricci. L’éminent directeur des Beaux-Arts d’Italie avait consacré
de longs travaux à reconstituer pièce par pièce l’œuvre peint de l’illustre
maître. Ne lui devait-on pas l’attribution, universellement admise aujour-
d’hui, à Jacopo, de cette petife Madone assise dans un paysage, qu’adore
Lionel d’Este, cataloguée encore au Louvre comme « École de Gentile da
Fabriano» ? N’avait-il pas découvert et acquis pour le musée des Offices, au
temps où il en dirigeait les destinées, une petite Madone reproduite en couleur
dans l’ouvrage sur les dessins du Louvre ? Dans une substantielle introduction,
M. Corrado Ricci établit tout ce que l’on sait de la vie du fondateur de l’école
1. Corrado Ricci, Jacopo Bellini e i suoi libri cli disegni. I : Il libro del Louvre.
Fiaenze, Fratelli Alinari, 1908, in-folio ; — Victor Goloubew, Les Dessins de Jacopo Bellini
au Louvre et au British Muséum, 2e partie. Bruxelles, G. van Oest et Cie, 1908, in-folio.
2. Gazette des Beaux-Arts, 1884, t. II, p. 346 et 434.
3. Vte Both de Tauzia, Dessins exposés depuis 1879 au Musée du Louvre. Paris, 1888.