HERMEN ANGLADA
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Nous en avons assez dit pour marquer l’originalité de l’artiste qui
nous occupe ; c’est essentiellement, suivant le mot de Gautier, un
homme « pour qui le monde extérieur existe ». Mais, bien que tout
y soit diversement beau et attachant, la nature propre d’Ànglada l’a
porté vers les spectacles de luxe extérieur, de joie parée. Il aime
toujours les splendeurs nocturnes de la « fête » parisienne, avec les
contrastes crus, les outrances osées de son décor et de son personnel;
la pointe de perversité qui s’en dégage, l’aspect même de fatigue
morne qui y est fréquent, il les a marqués avec une vigueur
mordante qui semblait promettre un moraliste du pinceau. Toutefois
il a trop de belle santé, de méridionale insouciance pour insister, et
un retour sur son pays a définitivement fait prévaloir chez lui une
vision purement objective, où les manifestations locales de la beauté
et de la richesse deviennent comme les tableaux successifs d’un
immense ballet pantomime, d’une gigantesque parade. Le temps,
les moyens lui seront-ils donnés d’ordonner le vaste ensemble qu’il
a commencé d’esquisser ? L’ambition, en tous cas, n’en est pas
médiocre, et fallût-il nous contenter des morceaux, qu’il s’y
révélerait toujours un des plus fiers et des plus robustes tempé-
raments d’artiste de ce temps.
HENRY MARCEL
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Nous en avons assez dit pour marquer l’originalité de l’artiste qui
nous occupe ; c’est essentiellement, suivant le mot de Gautier, un
homme « pour qui le monde extérieur existe ». Mais, bien que tout
y soit diversement beau et attachant, la nature propre d’Ànglada l’a
porté vers les spectacles de luxe extérieur, de joie parée. Il aime
toujours les splendeurs nocturnes de la « fête » parisienne, avec les
contrastes crus, les outrances osées de son décor et de son personnel;
la pointe de perversité qui s’en dégage, l’aspect même de fatigue
morne qui y est fréquent, il les a marqués avec une vigueur
mordante qui semblait promettre un moraliste du pinceau. Toutefois
il a trop de belle santé, de méridionale insouciance pour insister, et
un retour sur son pays a définitivement fait prévaloir chez lui une
vision purement objective, où les manifestations locales de la beauté
et de la richesse deviennent comme les tableaux successifs d’un
immense ballet pantomime, d’une gigantesque parade. Le temps,
les moyens lui seront-ils donnés d’ordonner le vaste ensemble qu’il
a commencé d’esquisser ? L’ambition, en tous cas, n’en est pas
médiocre, et fallût-il nous contenter des morceaux, qu’il s’y
révélerait toujours un des plus fiers et des plus robustes tempé-
raments d’artiste de ce temps.
HENRY MARCEL