Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 1.1909)

LE SENTIMENTALISME
DANS LA PEINTURE FRANÇAISE

DE GREUZE A DAVID

(deuxième et dernier article1)

II

LES THÈMES SENTIMENTAUX

n ne peut guère déterminer exacte-
ment la date d’apparition des thèmes
sentimentaux : un tel état d’esprit ne
naît pas en un mois, ni même en une
année. On trouve déjà dans Chardin,
dans Jeaurat, le goût des scènes in-
times; on rencontre chez Boucher les
bonnes ménagères ou les femmes allai-
tant leur enfant, mais Chardin ne mêle
point d’intentions littéraires à la pein-
ture de la vie familière ; les petits
paysans de Boucher ressemblent aux
Amours qui volètent en ses mytho-
posé ses Vénus et ses bonnes mères.
C’est Greuze qui, véritablement, introduisit le sentimentalisme
dans la peinture. On a souvent rendu Diderot responsable de ses
déclamations; sans prétendre que le contraire serait plus juste,
peut-être pourrait-on supposer que Greuze inspira Diderot. C’est,
en effet, chez son maître lyonnais Grandin, vers 1752 ou 1753, que
Greuze composa son Père de famille expliquant la Bible. Il ne con-
naissait pas encore Diderot, et cependant cet intérieur de paysan
aisé, avec ses chaudrons et sa cage d’oiseau, les enfants attentifs, et

logies et la même grisette a

l._V. Gazette des Beaux-Arts, 1909, t. I, p. 159.