LE SENTIMENTALISME
DANS LA PEINTURE FRANÇAISE
DE GREUZE A DAVID
(premier article)
I
LES 0 R I G I N E S
a peinture française fut atteinte
au milieu du xvme siècle d'une
crise sentimentale. Chacun
connait les mélodrames de
Greuze et les interjections de
Diderot. Mais les origines et les carac-
tères de cette mode n’ont été que peu
étudiés. C'est l’histoire de ce genre
([ne nous voudrions esquisser ici
à grands traits.
On ne s’expliquerait pas le rapide
succès des thèmes sentimentaux, si
l’on ne savait comment l’évolution artistique l’avait rendu possible.
La grande peinture ne plaisait plus guère; la tutelle de l’Académie
était moins forte, les sujets de réception devenaient plus libres; les
modèles avaient changé : à l’étude des maîtres de la Renaissance
avait succédé l’imitation des Italiens de la décadence, de l’école
bolonaise surtout. C’étaient les œuvres souvent affectées des Carrachc,
de l’Albane, de Guerchin, du Dominiquin, du Guide, de Carlo Dolci,
de Pierre de Cortone que suivaient les peintres, que copiaient les
élèves de l’Académie de France à Rome et que collectionnaient les
amateurs. Les « grandes machines » ne trouvaient plus de murs où
s’étaler : les petits appartements faisaient fureur, « les glaces, assez
DANS LA PEINTURE FRANÇAISE
DE GREUZE A DAVID
(premier article)
I
LES 0 R I G I N E S
a peinture française fut atteinte
au milieu du xvme siècle d'une
crise sentimentale. Chacun
connait les mélodrames de
Greuze et les interjections de
Diderot. Mais les origines et les carac-
tères de cette mode n’ont été que peu
étudiés. C'est l’histoire de ce genre
([ne nous voudrions esquisser ici
à grands traits.
On ne s’expliquerait pas le rapide
succès des thèmes sentimentaux, si
l’on ne savait comment l’évolution artistique l’avait rendu possible.
La grande peinture ne plaisait plus guère; la tutelle de l’Académie
était moins forte, les sujets de réception devenaient plus libres; les
modèles avaient changé : à l’étude des maîtres de la Renaissance
avait succédé l’imitation des Italiens de la décadence, de l’école
bolonaise surtout. C’étaient les œuvres souvent affectées des Carrachc,
de l’Albane, de Guerchin, du Dominiquin, du Guide, de Carlo Dolci,
de Pierre de Cortone que suivaient les peintres, que copiaient les
élèves de l’Académie de France à Rome et que collectionnaient les
amateurs. Les « grandes machines » ne trouvaient plus de murs où
s’étaler : les petits appartements faisaient fureur, « les glaces, assez