THOMAS ROWLANDSON
(deuxième et dernier article1)
Rowlandson recherche les contrastes des situations et en use
habilement. C’est ainsi que dans une note comique il com-
pose L’f/ydropisie faisant la cour à la Phtisie. Un mastodonte
baise la main d’une femme squelettique qui se laisse faire en minau-
dant ; au loin l’Hercule Farnèse se silhouette avec ses magnifiques
proportions. Quelquefois le titre seul indique le contraste visé. Il
appelle une grosse mère rouge, lippue, visiblement alcoolique, aux
chairs flasques et molles : Une masse d'innocence.
Ses personnages sont affligés en général d’un embonpoint exces-
sif, indice d’une trop lionne chère. Les hommes sont d’impudents
bourgeois, ventrus et jouisseurs, occupés au seul assouvissement de
leurs appétits ; les femmes, de robustes matrones ou d’effrontées drô-
lesses aux formes pleines et rebondissantes. 11 donnera à l’appen-
dice nasal des configurations inattendues : épaté, pointu, plongeant
démesurément dans le vide, tortillé de mille façons, au milieu du
visage, il jouera un rôle important. La bouche s’ouvrira sur des
râteliers ou des gencives veuves, large, épaisse, charnue, plisséc
par des rictus de joie ou de colère; le menton s’avancera proéminent,
agité, inquisiteur, à moins qu’il ne s’affaisse dans quelque amas de
graisse; les yeux s’écarquilleront, tout ronds. Avec peu de chose,
l’artiste se rend maître de ses bonshommes. C’est une orgie de mou-
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1909, t. T, p. 287. — Dans ce premier article, la
gravure de la page 293 doit être légendée : « Les Lutteurs, esquisse à la plume et,
au lavis par Rowlandson », celle de la page 29a : « La Table de jeu, gravure de
Rowlandson, extrait de la Danse de la Mort ».
(deuxième et dernier article1)
Rowlandson recherche les contrastes des situations et en use
habilement. C’est ainsi que dans une note comique il com-
pose L’f/ydropisie faisant la cour à la Phtisie. Un mastodonte
baise la main d’une femme squelettique qui se laisse faire en minau-
dant ; au loin l’Hercule Farnèse se silhouette avec ses magnifiques
proportions. Quelquefois le titre seul indique le contraste visé. Il
appelle une grosse mère rouge, lippue, visiblement alcoolique, aux
chairs flasques et molles : Une masse d'innocence.
Ses personnages sont affligés en général d’un embonpoint exces-
sif, indice d’une trop lionne chère. Les hommes sont d’impudents
bourgeois, ventrus et jouisseurs, occupés au seul assouvissement de
leurs appétits ; les femmes, de robustes matrones ou d’effrontées drô-
lesses aux formes pleines et rebondissantes. 11 donnera à l’appen-
dice nasal des configurations inattendues : épaté, pointu, plongeant
démesurément dans le vide, tortillé de mille façons, au milieu du
visage, il jouera un rôle important. La bouche s’ouvrira sur des
râteliers ou des gencives veuves, large, épaisse, charnue, plisséc
par des rictus de joie ou de colère; le menton s’avancera proéminent,
agité, inquisiteur, à moins qu’il ne s’affaisse dans quelque amas de
graisse; les yeux s’écarquilleront, tout ronds. Avec peu de chose,
l’artiste se rend maître de ses bonshommes. C’est une orgie de mou-
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1909, t. T, p. 287. — Dans ce premier article, la
gravure de la page 293 doit être légendée : « Les Lutteurs, esquisse à la plume et,
au lavis par Rowlandson », celle de la page 29a : « La Table de jeu, gravure de
Rowlandson, extrait de la Danse de la Mort ».