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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 3)

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Weber, Christian von: L' Église Santa Maria del Popolo, à Rome, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19460#0029

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iS

L’ART.

agenouillée. Cette scène idyllique est encadrée par un paysage ravissant orné de rochers et
rempli de bergers avec leurs troupeaux et leurs chiens; tout au fond, se dresse un château
seigneurial dans le style de la première époque de la Renaissance.
Les coins de la voûte, également peints à la fresque par le Pinturicchio, mais déjà détruits
en partie, nous montrent des scènes de la vie de saint Jérôme; tantôt il se frappe la poitrine
d’une grosse pierre afin de se mortifier, tantôt il dispute avec des théologiens, etc.
Aux deux côtés de l’autel se trouvent les monuments funéraires du cardinal espagnol Jean de
Castro et du cardinal Cristoforo délia Rovere, tous deux exécutés par l’ordre du pape Sixte IV.
Le caractère général de ces monuments funéraires, qui sont nombreux dans cette église, offre
si peu de variétés, sauf quelques modifications de détail, qu’il suffit d’en décrire un seul pour
donner une idée assez complète du sentiment qui a présidé à la conception des autres. Nous
choisirons à cet effet celui du cardinal Rovere, qu’on peut ranger parmi les œuvres les plus
exquises de ce genre et de cette époque, tant pour le merveilleux fini des détails que pour
la grandeur de l’ensemble. Le sarcophage est placé dans une niche peu profonde, formée de
deux cippes très richement ornés. La décoration, du style de la Renaissance, également très
riche, se compose principalement de motifs, festons, masques et ornements empruntés à l’art
antique. La dépouille mortelle du cardinal est placée sur le sarcophage. Le corps est couché,
raide et sans aucun mouvement, vêtu de l’habit pontifical, tel qu’il avait dû sans doute être
présenté sur le lit de parade; au-dessus du tombeau, dans une niche, on voit la figure demi-
grandeur de la Madone avec l'enfant Jésus, entourée de deux anges.
Mais le principal mérite artistique de ce monument consiste, à mon avis, dans l’ornementation
des cippes pour laquelle l’artiste s’est surtout servi très heureusement d’un emblème armorial de
la famille de Rovere, une branche de chêne garnie de quelques glands. La plus grande difficulté
de toute ornementation, devant laquelle viennent si souvent échouer les efforts les plus honorables,
y est fort bien résolue, car l’exécution du détail, charmante, tout à fait naturaliste et vivante, n’a
pas empêché l’artiste de garder une mesure excellente et de maintenir ses conceptions dans un
style pur et noble.
La seconde chapelle, dédiée à saint Laurent par le cardinal Lorenzo Cibo, neveu
d'innocent VIII, contenait également des fresques du Pinturicchio, qui furent enlevées et détruites
par les restaurateurs du xvme siècle. Du reste, on sait que de pareils actes de vandalisme sont
plus fréquents dans l’histoire artistique de l’Italie que dans celle d’aucun autre pays. Je ne
serais même nullement surpris si l’on venait à démontrer que ce sont surtout les papes, les
princes et les artistes de la Renaissance et des siècles suivants qui ont détruit les trésors de
l’art antique. Je sais bien qu’il est de mode d’accuser ces mécréants de Goths et de Vandales.
Mais je ne me sens qu’à demi convaincu par l’unanimité avec laquelle les Italiens d'aujourd’hui
se plaisent à faire peser sur ces prétendus barbares la responsabilité de bien des méfaits de ce
genre, que fort probablement ils n’auraient pas même eu le temps de commettre pendant la
courte durée de leur domination en Italie.
Actuellement l’autel de cette chapelle est surmonté d’un tableau de Maratta, représentant
lAssomption de la Vierge, lequel est peint avec beaucoup de bravoure et d’habileté technique,
mais reste pourtant bien inférieur aux œuvres anciennes sous le rapport de l’expression et du
sentiment. La comparaison qu’on ferait, par exemple, avec un tableau du Pinturicchio traitant le
même sujet, tournerait certainement à l’avantage de ce dernier, malgré ses singularités, ses
byzantinismes et ses maladresses techniques. Car l’impression totale produite par lui est bien
autrement profonde et surtout bien plus durable que l’effet atteint par les procédés raffinés de
Maratta. La naïveté du vieux maître sert même plus l’illusion que l'habileté consommée de son
successeur; nous croyons plus facilement à la réalité de la scène représentée, au mouvement
qui soulève dans les airs la Vierge du Pinturicchio avec ces charmantes figures d’enfants et
d’anges qui chantent et jouent de divers instruments, qu’à la Madone de Maratta avec tous ses
effets de lumière, ses nuages artificiels, etc.
Le tableau du Pinturicchio qui représente l’Assomption de la Vierge se compose de figures
 
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