L' art: revue hebdomadaire illustrée (8.1882 (Teil 3))

La Plage du Prado par un temps de mistral (Marseille).
Dessin de B. Olive, d'après son tableau. (Salon de 1882.)

SALON DE 1882'

(suite)

XXXIV

LES MARIN IS TES


palme appartient au peintre à qui sont particulièrement chers les bords de la
Seine aux environs de Rouen. 11 est peu d’organisations aussi délicates, aussi
distinguées, aussi passionnément respectueuses des maîtres et de la nature ; je
sais ni de plus modestes, ni de plus profondément sincères.
Admirateur fervent de ce peintre éminent méconnu du vulgaire, de
ce Jongkind qui n’est pas même représenté au Musée du Luxembourg,
M. Charles Lapostolet pèche uniquement par excès de modestie, un de
ces excès dont messieurs les artistes ne sont guère prodigues ; il sent
admirablement tout ce qu’il veut rendre ; il ne lui manque qu’un brin
d’audace pour traduire complètement la vivacité de ses impres-
sions. Mais la nature fait trop merveilleusement écho dans cette
organisation d’élite, pour qu’elle ne lui soit pas secourable et ne
lui donne pas bientôt cet élan souverain qui seul vous permet
de dominer votre art et vous sacre immortel. J’ai confiance; la
marche constamment ascendante de M. Lapostolet m’est une
garantie que l’inconnue qui est en lui ne tardera pas à se
dégager.
Ce jour-là, ce sera fête carillonnée parmi les gens de goût,
parmi tous ceux que passionnent l’amour de l’art et le respect des fidèles qui lui consa-
crent dignement leur vie. Au nombre des premiers à se réjouir, gageons qu’il sera
même le premier, on trouvera à coup sûr Théophile Chauvel, ce maître graveur que le
talent et la conscience placent à la tête de tous les aquafortistes de ce temps. Depuis
des années il suit, ému, soutient et encourage les efforts de M. Lapostolet dont nul n’a su mieux
apprécier l’âme élevée, la lutte persévérante et la foi inébranlable. Disons-le encore, l’avenir de
M. Lapostolet m’inspire grande confiance et plus je l’étudie, plus je me répète que l’idéal qu’il
entrevoit, ce sincère l’atteindra.


Lettre composée et dessinée pour l'Art
par J. Habert-Dys.

i. Voir l’Art, 8e année, tome II, pages 92, 129, i52, 177, 186, 212 et 254, et tome III, pages 3j, 61, 107, i3o, 144 et 1G8.
Tome XXX.

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