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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 3)

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Molinier, Émile: Les majoliques italiennes en Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.19460#0124

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LES MAJOLIQUES ITALIENNES EN ITALIE

Au mois d’août 1881, nous fûmes chargé d’une mission
en Italie pour y recueillir les documents nécessaires à une
refonte du catalogue des majoliques italiennes que possède le
Louvre. L’excellent travail de M. Darcel étant depuis longtemps
épuisé, il fallait que l’administration le réimprimât ou le fit
faire à nouveau; elle se décida pour cette dernière alternative
et voilà comment nous nous trouvâmes amené à étudier la
céramique italienne. Pour apporter quelques éléments nou-
veaux dans la question et pour éclaircir quelques-unes des
grosses difficultés qu’elle soulève, une visite dans les princi-
pales collections de l’Europe était nécessaire; nous commen-
çâmes par l’Italie. Ce sont nos notes de voyage que nous
publions aujourd’hui. Il ne faut donc point chercher dans les
pages suivantes une histoire de la céramique italienne, mais
seulement une contribution à cette histoire, comme diraient
nos voisins d’outre-Rhin. Le public pourra ainsi juger par lui-
même quel travail demande la préparation d’un catalogue et
so convaincre en même temps que l'on fait ce que l’on peut
pour répondre à ses légitimes exigences.
Jusques à ces derniers temps, les Italiens s’étaient laissé
tout à fait dépasser par les étrangers dans l’étude de leurs
faïences nationales. Bien qu’ils eussent été les premiers à diri-
ger les recherches de ce côté, depuis Passeri, leurs travaux
ne s’étaient succédé qu’à de longs intervalles, et en cent ans,
l’érudition italienne n’avait guère produit sur ce sujet que la
valeur de trois ou quatre volumes in-octavo. Parmi ces
mémoires, quelques-uns étaient faits d’après des documents
nouveaux, mais la plupart reproduisaient beaucoup trop volon-
tiers les dissertations de Passeri, dont l’ignorance en pareille
matière n’est plus à constater. Il serait cependant injuste de
ne pas faire une exception en faveur des intéressants travaux
de G. Raffaelli, de Lazari, du marquis Campori, de Gheltof,
de Carlo Malagola. Leurs recherches dans les archives
locales ont déjà rendu de grands services et en rendront de
plus en plus à mesure que les monuments de la céramique
italienne seront mieux connus et mieux catalogués. Malheu-
reusement pour les Italiens, les majoliques commencent à
être d’une rareté extrême en Italie et bientôt ce sera dans les
collections publiques ou privées de France, d’Angleterre ou
d’Allemagne qu’il faudra les étudier. Le caractère essentielle-
ment meuble de ces objets a fait que le pays qui les a produits
en a été rapidement dépouillé. Nous ne parlons ici bien
entendu que des collections particulières, car, pour ce qui est
des collections publiques, il y en a encore en Italie de fort
respectables, et dont les Italiens n’ont pas encore, croyons-
nous, tiré tout le parti désirable ; des collections comme
celles du Musée municipal de Pesaro, de Loreto, de Bologne,
de Milan, de Florence, peu ou point étudiées jusqu’ici,
doivent nécessairement fournir nombre de renseignements
nouveaux.
Depuis les catalogues de Robinson, de Darcel, de Fortnum,
publiés en Angleterre et en France, aucun travail d’ensemble
n’avait paru en Italie jusqu’à ces derniers temps, mais, depuis
trois ou quatre ans, les écrivains italiens se sont piqués

d’honneur et veulent rattraper le temps perdu; leurs livres sur
la matière se succèdent avec rapidité et menacent de devenir
très nombreux. En 1879, M. Giuseppe Corona ouvre la marche
en publiant un livre qui témoigne de louables efforts sans
doute, mais d’une grande légèreté; en 1880, le docteur Mala-
gola publie un livre très considérable sur les fabriques de
Faenza. Nous n’aurions rien dit des conclusions de ce volume,
dont plusieurs, après mûre réflexion, nous semblent très discu-
tables, si ces mêmes conclusions n’avaient fait l’objet d’une
polémique ardente qui n’est sans doute pas près de finir1.
Puisque nous nous occupons de céramique on ne nous pardon-
nerait pas de n’avoir pas une opinion sur la fabrique de Caffa-
giolo ; tous ceux qui s’occupent des majoliques italiennes
savent maintenant que l’existence de cette fabrique toscane a
été niée par M. Malagola. Selon lui, les faïences portant cette
marque seraient sorties de l’atelier d’un certain Fagioli, potier
à Faenza, d’où les signatures in caffagioli, in caffagiolo équi-
vaudraient à in casa fagioli, in casa fagiolo. Cette opinion
avait certains côtés attrayants et nous avouerons qu’au premier
abord nous ne fûmes pas éloigné de la partager, d’autant que
les rédacteurs de catalogues ont fait la part beaucoup trop
belle à la fabrique de Caffagiolo; non contents de lui attribuer
les faïences qui en portent la signature, ils lui ont encore donné,
par analogie, une foule de pièces de provenance indubitable-
ment faentine. Mais, en y réfléchissant, en examinant à nouveau
les pièces, nous ne pensons pas qu’il y ait de doute possible;
les faïences de Caffagiolo portent les traces d’une influence
toscane ou plutôt florentine indiscutable, se qui, joint à un
document daté de 1521 publié par M. Malagola lui-même, ne
permet pas d’hésiter. Nous ne pensons même pas que la
seconde édition de ses Memorie storiche sulle maioliche di
Faenza, édition que M. Malagola fera suivre de nombreux
documents, puisse en rien modifier notre opinion. Ces
réserves faites, on ne saurait trop louer le livre de M. Mala-
gola, véritable monument élevé à la gloire de l’une des plus
célèbres fabriques de majoliques.
Le dernier livre publié en Italie, à notre connaissance du
moins, est celui de M. Genolini. C’est une espèce de manuel
dédié aux gens du monde « qui vivent vite », dit la préface.
Nous pensons que ce manuel a été fait très vite en effet et
toutes ses parties se ressentent de cette hâte.
Nous terminerons ici ce petit aperçu bibliographique;
qu’il nous soit permis toutefois, avant d’entrer dans notre sujet,
de remercier ici les savants italiens de l’accueil gracieux qu’il
nous ont fait et de la complaisance qu’ils ont mise à nous
faciliter nos études. Nous citerons entre autres MM. Brambilla
et Reale à Pavie, Bisi à Milan, Bertoldi à Venise, Cosci, Mala-
gola et Frati à Bologne, Ciccolini à Urbino. Nous n’aurons
garde non plus d’oublier M. le marquis Ciro Antaldi, de
Pesaro, qui, pendant plus d’une semaine, a poussé l’amabilité
jusqu’à nous tenir chaque jour compagnie dans le beau Musée
confié à ses soins.
Émile Moliniér.
(La suite prochainement.)

1. L. Frati, le Memorie storiche sulle maioliche di Faenza, 'Nuova Antologia, n“ du isr octobre 1880. — Malagola, Rivista Europea, n° du i5 octobre 1880. —
Malagola, la Fabbrica delle maioliche délia famiglia Corona in Faen\a. Milano, 1882, in-40. — Ang. Genolini, le Maioliche di Cajfagiolo 0 casa Fasoli. Milano,
1882, in-8".

Le Directeur-Gérant .-EUGÈNE VÉRON.
 
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