Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 3)

DOI Artikel:
Müntz, Eugène: Recherches sur l'histoire de la tapisserie en Allemagne d'après des documents inédits, [1]
DOI Heft:
Véron, Eugène: Vandalisme
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19460#0075

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
6o

L’ART.

métiers partout où le terrain leur semblait propice. Les deux
maîtres établis à Frankenthal semblent n’avoir pas trouvé une
clientèle suffisante dans la population groupée autour d’eux :
nous les voyons envoyer leurs ouvrages à la messe de Franc-
fort, et jusqu’à Venise.
Ces achats semblent n’avoir fait que fortifier Maximilien
dans son désir d’établir une manufacture à Munich même. Il
s’adressa d’abord aux tapissiers de Frankenthal. En i6o3 il
appelle auprès de lui maître Dietrich (Thierry) Wouters (aussi
appelé Walter), de Bruxelles, avec quelques compagnons1. Le
traitement de Thierry devait être de 175 florins. Cet essai
toutefois ne paraît pas avoir réussi.
En 1604, nous le savons à la fois par les documents que
M. Pinchart a découverts dans les archives de Bruxelles et
par ceux que nous avons relevés dans les Archives de Munich,
le duc s’occupa activement de faire venir une colonie de tapis-
siers de Bruxelles. La chose n’était pas si facile qu’on pourrait
le croire. Le gouvernement flamand mettait toute espèce d’obs-
tacles à l’émigration des ouvriers, de peur qu’ils ne fondassent
au dehors des ateliers capables de rivaliser avec les siens.
Force fut à Maximilien de s’adresser à l’archiduc Albert, gou-
verneur des Flandres (lettre du 14 juin 1604) 2. Lorsque,
quelques semaines plus tard, le maître qu’il avait pris à son
service voulut embaucher des compagnons, le magistrat de
Bruxelles lui intenta un procès et l’empêcha de partir. Dans
une lettre du 3o avril le duc proteste contre ces mesures vexa-
toires. Si l’on s’oppose au départ des artistes engagés par lui,
il en fera venir d’autres de Florence, de la France ou de Fran-
kenthal. Il ajoute qu’il n’a nullement l’intention de dépouiller
les Pays-Bas de l’industrie de la haute lisse : son unique désir
est de faire exécuter dans sa capitale quelques tentures pour
sa satisfaction personnelle (Zue meinem Lust und Khurztveil) 3.

Quelques jours plus tard (7 septembre) le duc rappelle qu’on a
accordé une faveur analogue au roi de Danemark, qui a fait
venir vingt-six tapissiers h
Le maître appelé à diriger l’atelier de Munich s’appelait
Jean Van der Biest, d’Enghien; il avait exercé — et un de ses
compagnons le lui reprocha plus tard publiquement — la pro-
fession de cordonnier avant de faire manœuvrer les lisses3.
Malgré ces débuts si humbles, maître Jean affichait des pré-
tentions fort hautes. Il demanda six cents rixdales de traite-
ment, plus le logement, le chauffage, la lumière, la nourriture
et différents autres avantages. Quant à ses compagnons, ils
devaient recevoir de 180 à 200 florins par an, outre le logement,
le chauffage, l'éclairage et la nourriture. Ces compagnons
étaient au nombre de six : Hansz von der Boss, Jacob de
Visch, Hansz von dem Dali, Bosquier de Neckhe et Andréas
de Neckhe0. En i6o5 Lucas de Nieuwenkheven (Neuenhoven)
et Peter von der Gehuchten vinrent se joindre à eux : ces
artistes déclarèrent, le 14 janvier i6o5, avoir reçu de Hanns
Andréas la somme de 3oq florins i5 steiffers (à 20 st. le florin),
pour faire le voyage de Munich". En 1606 nouvelles négocia-
tions avec l’archiduc Albert pour obtenir l’autorisation de
faire venir le tapissier Paulus van Neuenhoven (lettre du
1e1' août 1606).
Les travaux commencèrent à la fin de l’année 1604. Une
pièce cotée n° i52 nous a conservé le détail des fournitures
d’or, d’argent et de soie faites à maître Jean van der Biest : la
première en date de ces fournitures est du g novembre. Disons
tout de suite que, de 1604 jusqu’au 6 septembre 1611, la
valeur totale des matières premières fournies par la maison
du duc à l’atelier de tapisserie s’élève au chiffre de 9,662 flo-
rins 35 cr. 4 h.8.
[La suite prochainement.) EüG. M Ü N T Z.

VANDALISME9

XXIV

Angleterre. — Aux derniers levers tenus dans l’antique
Palais de Saint James, les gens de goût ont été unanimement
scandalisés à la vue de l’inénarrable décoration que vient
d’infliger à la vieille résidence de Henri VIII une imagination

affolée d’anachronisme. On ne saurait concevoir rien de plus
barbare, rien de plus bizarrement vulgaire, rien de moins en
harmonie avec l’édifice dont il s’agissait de refaire la décora-
tion. C’est le nec plus ultra du mauvais goût.

1. Acta der Chf. Hofkammer. Stadt München, fasc. 22, n° 3i. Document du 29 juin i6o3.
2. Archives de Munich, n° 46, 49.
3. Archives de Munich, 110 65. 5 février i6o5.
4. Archives du royaume à Bruxelles. Secrétairerie d’Etat allemande. Correspondance de Maximilien Ier avec l’archiduc Albert, 1597-1619, fol. 85, 87, io5,
117, 204.
5. O11 trouve, dans la seconde moitié du xvie siècle, à Diest, une famille de tapissiers portant le même nom. (Communication de M. Pinchart.)
6. L’orthographe de ces noms varie constamment ; les scribes de la chancellerie ducale ont surtout une déplorable tendance à confondre les D avec les T,
les B avec les P.
7. Archives de Munich, fol. 60. La quittance porte, en guise de signature, deux monogrammes, qui probablement servaient aux deux maîtres à marquer leurs
tapisseries.
8. Archives de Munich, n° 152- Document du 16 novembre 1611.
9. Voir l’Art, 5e année, tome Ier, pagjs 153, 15.4, 2o5 et 274; tome III, page 141 ; tome IV, page 23; 6e année, tome III, pages 46 et 283; tome IV, pages 41,
110, 187 et 3o5; 7e année, tome II, page 91 ; tome III, pages 93, 257 et 284; tome IV, pages 160 et 220; 8e année, tome Ier, pages 39 et 59.

Le Directeur ^Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
Annotationen