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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 3)

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Decamps, Louis: Le Palais des Beaux-Arts de Lille
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https://doi.org/10.11588/diglit.19460#0255

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2l8

L’ART.

générales. Pendant toute la durée de l’émission, l’Art et le
Courrier de l’Art publieront gratuitement l’annonce de la
loterie à laquelle nous engageons vivement tous nos lecteurs
à prendre part. Il est plus qu’urgent que les trésors d'art
lillois soient mis à l’abri des dangers qui les menacent chaque
jour.
Tout est prêt pour se mettre à l’œuvre; les travaux pour-
ront commencer dès que le succès de la loterie sera assuré.
Le directeur des travaux municipaux, M. A. Mongy, a été
chargé de dresser un avant-projet du Palais des Beaux-Arts,

et dès le 3o mars 1881 il remettait au maire un plan général
très intelligemment établi.
On sait que Lille possède une préfecture monumentale
qui fait face à la Place de la République; c'est à l’extrémité
de cette place, entre le Boulevard de la Liberté et la Rue José-
phine, que sera construit le Palais des Beaux-Arts dont une
des façades s’élèvera sur une rue non encore dénommée.
Qu’on l’appelle Rue Édouard Reynart; ce sera justice.
Louis De camps.

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CCCIII
Philosophie de l’art, par H. Taine (de l’Académie française).
Deux volumes in-18. Hachette et Cic, éditeurs.
C’est un fait bien digne d’intérêt que de voir avec quelle
souplesse, quelle certitude et, le dirai-je, avec quel aplomb un
esprit doué de résolution et d'énergie, préalablement armé
d’une méthode philosophique, se transporte d’un point à un
autre dans le domaine de l’observation, avec quelle aisance il
applique ses procédés d’analyse et de jugement aux modes les
plus divers de l’activité humaine. Un écrivain dont tous les
travaux ont eu jusqu’à ce jour le privilège dépassionner la cri-
tique, d’être violemment attaqués et non moins vaillamment
défendus, M. H. Taine nous a souvent offert ce spectacle
vraiment de nature à piquer la curiosité du public lettré. Nous
l’avons vu soumettant tour à tour à ses procédés de dissection
et de classification, à ses instruments d’observation des génies
singulièrement opposés ; tous les grands noms de l’histoire
littéraire, toutes les individualités nettement tranchées, ont
passé successivement sous son regard scrutateur et servi à ses
expériences critiques. Mais ce n’est pas sans une certaine
appréhension que les nombreux amis littéraires du philosophe
le virent un jour aborder l’esthétique appliquée aux arts du
dessin et se lancer ainsi dans une direction étrangère à ses
études primitives. Aurait-il sur ce terrain nouveau la même
certitude, les mêmes éléments de conviction et de jugement ?
On connaissait cependant, dispersées çà et là dans ses livres,
bien des pages rassurantes. En maintes circonstances, il avait
cherché, décrit les œuvres des peintres et des sculpteurs ou
les monuments d’architecture, comme autant de sources
d’information sur l’état psychologique et physiologique des
siècles et des sociétés. Conséquemment, il n’a pas eu de prime-
saut et de parti-pris, ou, en vue d’une certaine fonction, à se
faire une habitude et une loi d’observer et de comparer les
productions des maîtres. L’aphorisme suivant n’est-il pas de
lui ? « Il n’y a que les couleurs et les formes qui achèvent une
idée ; pour savoir, il faut voir. » 11 serait également facile de
prouver que l’imagination chez M. Taine est profondément
sensible à l'aspect pittoresque des choses extérieures.
Par le rapprochement voulu des œuvres d’art et des docu-
ments purement historiques et littéraires, d’une part ; d’un
autre côté, par une tendance naturelle à l’observation des phé-
nomènes sensibles et pittoresques dans le monde où nous nous
mouvons, M. Taine avait donc amassé une première moisson
d’éléments préparatoires à l’étude directe de l’esthétique et de
l’histoire de l’art. Il importe enfin de signaler une faculté
naturelle chez les grands artistes et qui se retrouve d’une
façon notable chez M. Taine, la faculté de penser, de voir et
de parier par images. Je n’en donnerai ici qu’un ou deux

exemples. Ainsi dans les admirables descriptions de la Flandre,
des Vosges et de la Champagne qui ouvrent l’étude sur La
Fontaine et ses Fables, je trouve des phrases comme celle-ci
à l’occasion des montagnes des Vosges : « Le soleil pose une
splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leurs
dômes de forêts toujours vivantes; le soir ces grandes images
flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve
couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique
qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés
de son manteau. » Plus loin, parlant des pins qui « couvrent
les sommets de leurs draperies silencieuses et descendent par
bandes jusqu’au fond des gorges », il dira : « le puissant élan
qui les dresse, leur roide attitude donne l’idée d’une phalange
de jeunes héros barbares immobiles et debout dans leur solitude
que la culture n’a jamais violée... »
N’insistons pas davantage. Aussi bien il faut le reconnaître,
il n’y avait dans tout ceci qu’une disposition générale et une
première préparation à l’étude directe des œuvres d’art; il
n’en est pas moins vrai que c’eût été, sans autres ressources,
sans autres forces, une tentative bien audacieuse que celle de
sortir tout à coup du cercle des études littéraires, historiques
et philosophiques, où l’art proprement dit n’avait joué qu’un
rôle accessoire, pour se transporter sans transition au centre
même des études esthétiques dont les arts du dessin sont
l’objet essentiel. Assurément une dernière raison aura déter-
miné ce mouvement d’idées et dans la vie de M. Taine un
accident aura décidé de la nouvelle direction de ses travaux.
Cet accident, cette raison, je les trouve dans un voyage en
Italie accompli par l’écrivain en 1864. De Rome à Sienne, de
Florence à Venise, il vit, étudia, compara les plus belles
formes d’art que la civilisation chrétienne ait rencontrées. Il
essaya par curiosité d’esprit d’appliquer à cet ordre de mani-
festations les méthodes et les procédés d’analyse qu’il avait
appliqués avec succès à d’autres phénomènes de l’esprit humain ;
l’épreuve faite, il se crut prêt et suffisamment armé pour
accepter la chaire d’esthétique et d’histoire de l’art à l'école de
la rue Bonaparte.
Tous ceux qui l’ont suivi dans ses nombreux et sérieux
travaux retrouvent dans sa Philosophie de l’art, c’est-à-dire
dans les leçons de son cours de l’école, les mêmes procédés
d’observation, d’analyse, de classification et de synthèse
ernpruntés par lui hautement et de son propre aveu à la phi-
losophie du xviiic ■ siècle et particulièrement à Condillac. En
suivant cette méthode, sa voie était toute tracée du connu à
l’inconnu, de l'observation et de l’analyse des faits à l’énoncé
des principes, à l’expression des règles générales, conséquence
logique et nécessaire de la masse des faits observés et des
rapports de ces faits entre eux. 11 ne pouvait donc entrer en
matière par une définition de l’art ; évidemment cette défi-
nition ne devait être que le dernier résultat d’expériences
successives et d’épreuves conduites dans une certaine suite
 
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