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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 3)

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Weber, Christian von: L' Église Santa Maria del Popolo, à Rome, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19460#0032

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20

L’ART.

aux deux tiers de la grandeur naturelle ; il se trouve dans la troisième chapelle, dédiée à saint
Augustin par le cardinal Giovanni délia Rovere, frère du pape Jules II. Le pavé est formé par
de belles majoliques qui nous font revoir la branche de chêne, l’emblème déjà cité de cette
noble famille protectrice des beaux-arts. Au-dessus de l'autel se trouve une autre fresque du
Pinturicchio, une Madone assise sur un trône avec l'enfant Jésus, au milieu d’un très beau
paysage; près d’elle, Dieu le père est entouré d’une gloire d’anges; dans les lunettes, sont repré-
sentées des scènes de la vie de la Sainte Vierge ; dans la voûte enfin on voit les figures de
quatre prophètes reliées entre elles par des arabesques ; le tout d’une très belle et vigoureuse
couleur, mais déjà fort endommagé et détruit en partie.
L’Assomption du Pinturicchio, que nous venons de citer, est bien le tableau le plus important
qui se trouve de lui dans l’église Santa Maria del Popolo. Certes, tout n’y est point parfait, et il
y a des détails qui choquent nos yeux modernes, mais que le goût de l’époque trouvait
parfaitement naturels et inoffensifs. Par exemple, la Madone est portée vers le ciel sur un véritable
échafaudage d’arcs-en-ciel et de têtes d’anges. On voit là un dernier vestige des traditions
byzantines et du ritualisme sévère qui pesait encore sur l’art religieux de l’époque et qui fut
définitivement et complètement éliminé vingt ans plus tard par Raphaël. De même, parmi les
onze apôtres (Judas, le douzième, fait naturellement défaut), nous en trouvons à peine deux ou
trois dont l’attitude et les mouvements nous permettent de penser qu’ils soient le moins du
monde préoccupés de l’évènement miraculeux qui s’accomplit au-dessus de leurs têtes. Un d’eux
s’incline au-dessus de l’intérieur de la tombe et sa beauté très juvénile et presque virginale nous
fait songer tout naturellement à saint Jean, le disciple favori du Seigneur; —• nous sommes
réduits à des conjectures, les apôtres n’ayant pas leurs attributs, à l’exception de saint Pierre,
que l’on reconnaît à ses clefs. -—- Un autre, que l’on voit de dos, paraît vouloir signaler le
miracle à l’attention de ses collègues; un troisième, enfin, regarde vers le ciel avec une expression
de pieuse exaltation. Les autres, au contraire, ont des attitudes raides et impassibles, et paraissent
absolument indifférents au miracle par lequel Dieu témoigne son amour à la mère de son fils. Ce
n’est certainement pas ainsi qu’un fait aussi dramatique et aussi émouvant eût été interprété par
Raphaël, l’illustre condisciple du Pinturicchio; aussi n’est-il pas aisé de croire à l’assertion de
Vasari, quand il nous dit que c’est Raphaël qui a fourni les premières esquisses et les cartons
de ces peintures au Pinturicchio, au temps où ils passaient ensemble les heureuses années de leur
jeunesse dans l’atelier du Pérugin. Et cependant, en dépit de ces défauts, auxquels viennent se
joindre une certaine raideur et quelque gaucherie dans l'exécution des détails, (le vêtement de
saint Pierre, par exemple, et celui de la Vierge ont absolument le même jet conventionnel de
draperie), le tableau possède un mérite, une beauté, une grandeur même, qui le mettent au
premier rang parmi les nombreuses œuvres d’art dont cette église est ornée avec une si admirable
profusion.
Ce qui saisit surtout le spectateur attentif, ce sont les physionomies des apôtres dont les
plus âgés sont frappants de vérité caractéristique, tandis que les plus jeunes possèdent une beauté
idéale qui se rapproche de très près du style raphaélesque. Le paysage dans lequel se meuvent
les personnages de ce tableau est charmant, et l'on est tenté d’en retrouver l’original dans la belle
vallée de l’Arno, près de Sienne ou de Florence, où le jeune peintre reçut ses premières impressions
artistiques.
Ch. von Weber.
(La suite prochainement.)
Le Directeur-Gérant .‘EUGÈNE VÉRON.
 
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