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La chronique des arts et de la curiosité — 1909

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Nr. 4 (23 Janvier)
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LA CHRONIQUE DES ARTS

cle quelque spécialiste élevât un monument sem-
blable à celui que termine M. Yever en l’honneur
de la bijouterie.

R. K.

Miscellaneen aus drei Jahrhunderten spani-

schen Kunstlebens, von Cari Justi. Tome 1er.

Berlin, G. Grote, 1908. In-4°, 343 p., av. 85 grav.

Les belles études de M. E. Bertaux ont déjà fait
entrevoir aux lecteurs de la Gazette tout ce que
l’Espagne renferme de richesses inconnues, et quel
est l’intérêt de ce pays, qui a vu sur son sol tant
de civilisations et tant d’influences diverses.

Le volume de Mélanges de M. Cari Justi, fruit
de toute une vie d’études, a été écrit par un
homme qui connaissait également bien l’Espagne
et l’Italie et qui était ainsi mieux préparé que tout
autre pour écrire l’histoire de l'influence italienne
en Espagne.

Cette influence s’est surtout manifestée à l’épo-
que de la Renaissance, et le cardinal don Pedro
de Mendoza semble en avoir été l’initiateur. L’hô-
pital de Santa Cruz, à Tolède, a été commencé en
1494 et le portail rappelle l’art des Rodari à Côme,
ou celui d’Amadeo à Pavie et à Bergame. Au
même art, mais avec moins de complication, ap-
partiennent la porte du collège de Santa Cruz, à
Yalladolid, de 1492, et la tombe du cardinal Don
Pedro de Mendoza, à la cathédrale de Tolède.

La tombe de Lorenzo Suarez de Figueroa, qui
consiste en une plaque de bronze sur laquelle est
sculptée eh demi-relief la figure en pied du défunt,
semble dessinée par un Ghirlandajo ou un Filip-
pino Lippi.

Domenico Fancelli, sculpteur italien, est l’auteur
de l’admirable tombe de Ferdinand le Catholique
et de la reine Isabelle, à Grenade. C’est le déve-
loppement du type de la tombe du pape Sixte IV
de Pollaiuolo. Les statues sont couchées sur un
socle à lignes fuyantes reposant sur un haut pié-
destal, le tout surchargé de sculptures. Il semble
que la tombe des enfants de Charles VIII, à la
cathédrale de Tours, ait été comme un trait
d’union entre la tombe de Pollaiuolo et celle de
Fancelli. L’art de Fancelli, par la force des reliefs,
la richesse des détails, semble s’éloigner de la
simplicité florentine et se rattacher à l’exubérance
des écoles gothiques.

Dans le même esprit est traitée la tombe du
cardinal Ximenes à Alcala. Fancelli en reçut la
commande en 1518, mais il mourut avant de l’avoir
commencée. Il est très probable qu’Ordonnez, qui
l’exécuta, ne fit que suivre le dessin de son
maître.

Ordonnez fut seul l’auteur de la tombe de Phi-
lippe le Beau et de Jeanne la Folle (1521). Il suit
encore le style de Fancelli, mais en l’exagérant,
en donnant plus de force et plus de relief aux
statues et aux ornements qui en couvrent toutes
les parois. Avec Ordonnez, c’est la Renaissance du
xvi° siècle qui pénètre en Espagne. Les quatre
bas-reliefs de la cathédrale de Barcelone, datés de
1519, portent plus que toute autre œuvre, même
faite en Italie, les caractères de l’art de Michel-
Ange: bras rejetés en arrière et collés au corps,
têtes soutenues par le bras gauche prenant son
appui sur la jambe droite, torsion du cou, etc.

Dans le livre de Cari Justi, c'est ensuite un
grand chapitre sur les Lombards à Séville et, en

particulier, sur Pace Gaggini, ce maître que nous
connaissons bien en France, où il a fait les
tombes de Louis XII et de Raoul de Launoy ;
c’est un chapitre plus important encore sur Torri-
giano, ce grand artiste dont l’Italie no possède
aucune œuvre et que l’on ne peut connaître qu’en
Espagne ou en Angleterre ; c’est enfin une inté-
ressante élude sur les monuments de la haute
Renaissance à Grenade.

Ges quelques indications suffiront pour dire
toute l’importance de l’ouvrage de Cari Justi,
œuvre de tout premier ordre, également capitale
pour l’histoire de l’art en Espagne et pour celle de
l’art italien.

Marcel Reymond.

Le 6e fascicule de la superbe publication sur le
musée du Prado, Gemælde-Gaîerie im Mu-
séum des Prado zu Madrid, éditée parla mai-
son Hanfstaengl de Munich, vient de paraître.
Il contient, en reproductions héliographiques non
moins parfaites que les précédentes, dans ce format
grand in-folio (40 sur 55 centimètres pour la gra-
vure seule), qui permet de saisir tous les détails
de l'exécution, la suite des chefs-d’œuvre de Velâz-
quez: l’admirable Portrait du roi Philippe IV en
buste, le Portrait de l'infant Don Fernando en
costume de chasse, le Portrait du chambellan
Don Antonio Pimentel, le Ménippe, d’un réa-
lisme si saisissant; puis deux Durer: Y Adam et
l’Ève, que le maître peignit à son retour de Arenise
et où il a essayé de résumer toute son étude
fervente de la beauté du corps humain ; enfin, la
curieuse Adoration des Mages de Jérôme Bosch.

NECROLOGIE

Ernest Reyer

Un des maîtres de notre école de musique con-
temporaine, Louis-Étienne-Ernest Rey, dit Reyer,
est mort le 15 janvier, au Lavandou (Var),
à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Il était né à
Marseille le 1er décembre 1823. Ce n'est qu’à
l’âge de vingt-cinq ans que, se sentant irrésis-
tiblement attiré vers la 'musique qu’il n’avait
cultivée jusqu’alors qu’en amateur, il vint à
Paris, où il prit les leçons de Mme Farrenc, sa
tante, professeur au Conservatoire, et se lia d’étroite
amitié avec la jeunesse littéraire d'alors : Méry,
Théophile Gautier, Maxime du Camp, Flaubert.
Sa première œuvre musicale importante fut une
ode symphonique, Le Sèlam, sorte de tableau orien-
tal, exécutée en 1850 à la salle Ventadour. Il aborda
le théâtre en 1854 avec Maître Wolfram, petit acte
qui fut fort bien accueilli. Puis ce furent : en 1858,
à l’Opéra, le ballet de Sakountala ; en 1861, au
Théâtre Lyrique, La Statue, ouvrage où se ren-
contrent plus encore que dans les précédents les
hardiesse d’harmonie, les recherches orchestrales,
et qui eut un brillant succès ; en 1862, au Théâtre
international de Baden, Erostrate, qui lui valut
la croix de la Légion d’honneur, mais qui fut assez
vivement critiqué lorsqu’on le donna à Paris
en 1871. Mais ses œuvres capitales sont Sigurd
et Salammbô. C’est seulement après douze ans
d’attente que le premier de ces ouvrages, dont
l’ouverture avait déjà été exécutée aux Concerts
populaires de Pasdeloup, fut représenté en 1884,
 
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