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LA CHRONIQUE DES ARTS
puis de longues années. Cette riche collection,
composée cle pièces portant des marques de
fabricants on d’artistes, en vue de constituer
une véritable histoire de la porcelaine euro-
péenne enseignée par les marques, compte
environ 2,000 pièces et est unique dans son
genre ; elle formera un des groupements les
plus intéressants du musée céramique, où,
suivant le désir de la donatrice, elle conser-
vera le caractère d’enseignement que le
marquis de Grollier voulait lui donner.
*** Lundi prochain 15 mars s’ouvrira au
musée des Arts décoratifs l’exposition de la
« Dentelle de France ». M. Georges Berger,
président de l’Union centrale des Arts déco-
ratifs, en profitera pour organiser dans la
grande nef une exposition de dentelles d’or et
de dentelles espagnoles des xve, xvie st
xvne siècles, récemment acquises à Barcelone
et obligeamment prêtées par le Musée des
Tissus de Lyon. Un lot nombreux de velours
lyonnais, reproduisant en miniature plusieurs
portraits célèbres du commencement du siècle
dernier, complétera cet ensemble.
Les objets composant le legs Perrier,
meubles anciens, tableaux de Prud’lion, de
Greuze, etc., qui ont été installés dans une
des salles du premier étage du musée, seront
également inaugurés lundi.
*** On se propose, suivant un vœu émis
par la Commission du Vieux-Paris au cours
d’une de ses dernières séances, d’installer à
l’église Notre-Dame un musée formé de tous
les fragments provenant des restaurations
successives de Notre-Dame, pierres éparses
aujourd'hui dans différents musées et qui,
réunies1, constitueraient d’intéressants docu-
ments d’enseignement. On y ajouterait tous
les souvenirs ayant trait à l’histoire du mo-
nument : images ou photographies de pièces
appartenant à des collections particulières,
estampes représentant des cérémonies célé-
brées dans la cathédrale aux siècles passés :
baptêmes, mariages, couronnement de Na-
poléon, etc.
*** La Société Nationale des Beaux-Arts
■'vient d’être avisée officiellement par la Ville
de Paris que les palais de Bagatelle seraient
mis, pour la quatrième fois, à sa disposition,
pour y organiser, en mai prochain, une
exposition rétrospective.
La Société a décidé d’exposer des portraits
de femmes (peintures, sculptures, gravures et
dessins! ayant vécu sous les trois républiques.
Elle espère que les collectionneurs, qui ont
déjà contribué par des prêts d’œuvres aux
succès des expositions précédentes, voudront
bien lui continuer leur précieuse collabo-
ration.
*** M. Jules Maciet, vice-président de
l’Union Centrale des Arts décoratifs, vient
d’offrir au musée de Dijon vingt-deux dessins
anciens et modernes, qui s’ajoutent très heu-
reusement au fonds ancien du musée et aux
collections Devosge et Plis de La Salle. Parmi
les plus remarquables de ces dessins, on peut
citer des pièces de Raffaellino del Garbo, de
Van Dyck (portrait d’homme), du Baroche
(portrait au pastel), de Luca Signorelli, de
van Goyen (paysage), d’Ingres (étude de dra-
perie pour la Vierge à l'hostie), de Théodore
Rousseau (préparation sur toile du Four
banal), d’Edme Saint-Marcel (études d’ani-
maux), etc.
*** Sous le titre de « Société des Amis des
Maures et de l’Estérel », vient d’être fondée à
Gavalaire, dans le Var, une nouvelle Société
qui a pour but d’aider à la protection des
admirables forêts de l’Estérel et des Maures,
de veiller à la conservation de leurs sites,
et d’en rendre l’accès praticable aux touristes
au moyen de chemins et de sentiers qu’il
s’agit de créer et d’entretenir.
PETITES EXPOSITIONS
Cercle de l’Union Artistique (7, ru-e Boissy-
d’Anglas). — Automobile-Club (place de la
Concorde). — Quelques artistes allemands
(Galerie Devambez). — Société des Peintres
de Montagnes (Cercle de la L’brairie).— P. La-
prade (Galerie Druet). — Poil et Plume (Ga-
lerie Boissy-d’Anglas). — P. G. Rigaud (Galerie
Georges Petit).
Les œuvres exposées au Cercle de PUnion
artistique échappent en quelque sorte à notre exa-
men. Leurs auteurs se sont donné un but et très
souvent ils l’ont atteint. J’entends que leur clien-
tèle est contente. Le portrait est ressemblant ; c’est
adroit, et aussi brillant ; ce vous a un air de
grand monde. C’est faux, si habilement faux que
cela a l’air vrai. Le peintre n’a pas voulu faire
autre chose et il y aurait mauvaise grâce à se
plaindre. C’est l’art de l’offre et de la demande.Les
gens sont satisfaits et se congratulent : on se sent
de trop et on va chercher ailleurs.
Ce n’est pas à P Automobile-Club qu’il faut aller;
cette exposition est bien médiocre, exception faite
pour quelques bijoux. Je recommande à l’atten-
tion, comme un exemple significatif d’art ministé-
riel, un surtout d’orfèvrerie d’argent : le Ravitail-
lement en campagne, grand prix du ministère de
la Guerre, remporté par le camion n° 11 des éta-
blissements de Dion-Bouton. Quand on ne copie
pas les styles anciens, voilà ce qu’on fait.
*
* *
Les quelques artistes allemands réunis à la
galerie Devambez sont sous l’influence de la
France, et ils nous renseignent peu sur Part de
leur pays. Pour être juste, il faut mettre à part
M. F. Burger et M. Vinnen, qui vont leur chemin.
Les autres sont hantés par Paris. A cet égard, le
cas de M. Spiro est très typique. Nous le voyons
sollicité tour à tour par Manet, Cézanne, M. Gué-
rin, M. Valloton et M. Matisse, et ces influences se
mêlent souvent dans un même tableau et ne s’y
concilient point. Je dois citer MM. Borchardt,
IJofer, Klossowski, Matthes, Palmié, Tewes,
Weiss ; et trois sculpteurs, Mm* Burger-Hartmann ,
LA CHRONIQUE DES ARTS
puis de longues années. Cette riche collection,
composée cle pièces portant des marques de
fabricants on d’artistes, en vue de constituer
une véritable histoire de la porcelaine euro-
péenne enseignée par les marques, compte
environ 2,000 pièces et est unique dans son
genre ; elle formera un des groupements les
plus intéressants du musée céramique, où,
suivant le désir de la donatrice, elle conser-
vera le caractère d’enseignement que le
marquis de Grollier voulait lui donner.
*** Lundi prochain 15 mars s’ouvrira au
musée des Arts décoratifs l’exposition de la
« Dentelle de France ». M. Georges Berger,
président de l’Union centrale des Arts déco-
ratifs, en profitera pour organiser dans la
grande nef une exposition de dentelles d’or et
de dentelles espagnoles des xve, xvie st
xvne siècles, récemment acquises à Barcelone
et obligeamment prêtées par le Musée des
Tissus de Lyon. Un lot nombreux de velours
lyonnais, reproduisant en miniature plusieurs
portraits célèbres du commencement du siècle
dernier, complétera cet ensemble.
Les objets composant le legs Perrier,
meubles anciens, tableaux de Prud’lion, de
Greuze, etc., qui ont été installés dans une
des salles du premier étage du musée, seront
également inaugurés lundi.
*** On se propose, suivant un vœu émis
par la Commission du Vieux-Paris au cours
d’une de ses dernières séances, d’installer à
l’église Notre-Dame un musée formé de tous
les fragments provenant des restaurations
successives de Notre-Dame, pierres éparses
aujourd'hui dans différents musées et qui,
réunies1, constitueraient d’intéressants docu-
ments d’enseignement. On y ajouterait tous
les souvenirs ayant trait à l’histoire du mo-
nument : images ou photographies de pièces
appartenant à des collections particulières,
estampes représentant des cérémonies célé-
brées dans la cathédrale aux siècles passés :
baptêmes, mariages, couronnement de Na-
poléon, etc.
*** La Société Nationale des Beaux-Arts
■'vient d’être avisée officiellement par la Ville
de Paris que les palais de Bagatelle seraient
mis, pour la quatrième fois, à sa disposition,
pour y organiser, en mai prochain, une
exposition rétrospective.
La Société a décidé d’exposer des portraits
de femmes (peintures, sculptures, gravures et
dessins! ayant vécu sous les trois républiques.
Elle espère que les collectionneurs, qui ont
déjà contribué par des prêts d’œuvres aux
succès des expositions précédentes, voudront
bien lui continuer leur précieuse collabo-
ration.
*** M. Jules Maciet, vice-président de
l’Union Centrale des Arts décoratifs, vient
d’offrir au musée de Dijon vingt-deux dessins
anciens et modernes, qui s’ajoutent très heu-
reusement au fonds ancien du musée et aux
collections Devosge et Plis de La Salle. Parmi
les plus remarquables de ces dessins, on peut
citer des pièces de Raffaellino del Garbo, de
Van Dyck (portrait d’homme), du Baroche
(portrait au pastel), de Luca Signorelli, de
van Goyen (paysage), d’Ingres (étude de dra-
perie pour la Vierge à l'hostie), de Théodore
Rousseau (préparation sur toile du Four
banal), d’Edme Saint-Marcel (études d’ani-
maux), etc.
*** Sous le titre de « Société des Amis des
Maures et de l’Estérel », vient d’être fondée à
Gavalaire, dans le Var, une nouvelle Société
qui a pour but d’aider à la protection des
admirables forêts de l’Estérel et des Maures,
de veiller à la conservation de leurs sites,
et d’en rendre l’accès praticable aux touristes
au moyen de chemins et de sentiers qu’il
s’agit de créer et d’entretenir.
PETITES EXPOSITIONS
Cercle de l’Union Artistique (7, ru-e Boissy-
d’Anglas). — Automobile-Club (place de la
Concorde). — Quelques artistes allemands
(Galerie Devambez). — Société des Peintres
de Montagnes (Cercle de la L’brairie).— P. La-
prade (Galerie Druet). — Poil et Plume (Ga-
lerie Boissy-d’Anglas). — P. G. Rigaud (Galerie
Georges Petit).
Les œuvres exposées au Cercle de PUnion
artistique échappent en quelque sorte à notre exa-
men. Leurs auteurs se sont donné un but et très
souvent ils l’ont atteint. J’entends que leur clien-
tèle est contente. Le portrait est ressemblant ; c’est
adroit, et aussi brillant ; ce vous a un air de
grand monde. C’est faux, si habilement faux que
cela a l’air vrai. Le peintre n’a pas voulu faire
autre chose et il y aurait mauvaise grâce à se
plaindre. C’est l’art de l’offre et de la demande.Les
gens sont satisfaits et se congratulent : on se sent
de trop et on va chercher ailleurs.
Ce n’est pas à P Automobile-Club qu’il faut aller;
cette exposition est bien médiocre, exception faite
pour quelques bijoux. Je recommande à l’atten-
tion, comme un exemple significatif d’art ministé-
riel, un surtout d’orfèvrerie d’argent : le Ravitail-
lement en campagne, grand prix du ministère de
la Guerre, remporté par le camion n° 11 des éta-
blissements de Dion-Bouton. Quand on ne copie
pas les styles anciens, voilà ce qu’on fait.
*
* *
Les quelques artistes allemands réunis à la
galerie Devambez sont sous l’influence de la
France, et ils nous renseignent peu sur Part de
leur pays. Pour être juste, il faut mettre à part
M. F. Burger et M. Vinnen, qui vont leur chemin.
Les autres sont hantés par Paris. A cet égard, le
cas de M. Spiro est très typique. Nous le voyons
sollicité tour à tour par Manet, Cézanne, M. Gué-
rin, M. Valloton et M. Matisse, et ces influences se
mêlent souvent dans un même tableau et ne s’y
concilient point. Je dois citer MM. Borchardt,
IJofer, Klossowski, Matthes, Palmié, Tewes,
Weiss ; et trois sculpteurs, Mm* Burger-Hartmann ,