ET DE LA CURIOSITÉ
51
sieux s'exprime avec une éloquence un peu rude,
et M. de La Fresnaye montre de curieux paysages
où la manière de Cézanne s'accommode à des for-
mes géométriques qui ne laissent pas d'être ex-
pressives. M. Albert Marque présente de délicates
esquisses, M. Flandrin une vue panoramique d'un
coin des Alpes, et M,n<" Marval fut rarement aussi
bien inspirée que le jour où elle peignit la belle
nature morte qu'elle fait admirer près de son Oda-
lisque à la rose.
Exposition de taiileaux
de Peintres divisionnistes italiens
(Galerie Gubricy)
Mouvement parallèle à celui qui poussa' nos
artistes à chercher do nouvelles formules pictu-
rales dans les tons juxtaposés et qui nous valut
le néo-impressionnisme de Seurat et de M. Signac,
les pastels délieats de MM. Aman-Jean et Ernest
Laurent, et les décorations de M. Henri Martin,
l'œuvre des divisionnistes italiens s'est résumée en
quelques artistes qui suivirent Segantini dans
l'étude du paysage. Parmi, ceux qui sont repré-
sentés ici, il faut noter M. Carlo Zanon, très proche
de M. Henri Martin, M. Dudreville, tachiste à la
manière de M. Signac, M. Carlo Fornara qu'attire
plus le. sentiment du pittoresque que l'émotion
religieuse que dispensent les spectacles naturels et
dont la technique un peu sèche semble appeler la
traduction de soie du brodeur, MM. Ramponi,
Bonomi, etc.. Des statuettes de M. Andreotti
apportent à ce groupe le charme d'un art volup-
tueux, habile et nuancé.
Les Peintres futuristes italiens
(Galerie Bernheim)
Malgré qu'ils en aient, les peintres « futuristes »
italiens, si désireux d'étonner par leur étrangeté,
n'arrivent pas à se tenir à la hauteur de leur ma-
nifeste « aveniriste », et ils donnent beaucoup
moins qu'ils ne }iromettent. Une fois passé l'in-
térêt de curiosité qu'ils provoquent, le seul qu'ils
désirent sans doute, on s'avisera peut-être qu'il y
a, sous cette bouffonnerie, quelques qualités pic-
turales, si déguisées du reste qu'il vaut mieux n'en
rien dire aujourd'hui.
« Le. Rameau »
(Galerie Haussman)
Encore un petit groupement dont le besoin se
faisait évidemment sentir ! Ce « Rameau » au moins
donne quelques beaux fruits : M. Henri Grosjean
révèle la beauté des larges horizons, où l'œil se
repose après avoir suivi les grandes lignes du
paysage. M. ïkaschenko décrit de curieux reflets
du soleil sur la neige ; les natures mortes de
M. Louis Roger sont fort belles; belles aussi les
ligures nues de M. Biloul et certaines études de
M. J. Adler.
Exposition Beauijois de MoNTonroi.
(Galerie Hessèle)
M. Beaubois de Montoriol chante un hymne à la
gaîté, à tout ce qui est souple, radieux, avide do
respirer l'air léger qui baigne do beaux arbres et
passe sur les fleurs suspendues en guirlandes. En
des visions harmonieuses, parmi des jeux de colo-
rations aux nuances subtiles, l'artiste se plaît à
faire évoluer de souples corps féminins drapés
dans des voiles transparents qui prolongent et
amplilient la grâce et les attitudes chastes des
danses évocatrices. Le seul désir de produire la
beauté à laquelle peut prétendre leur jeunesse
épanouie anime ces figures. Elles se présentent
avec un caractère décoratif qui fait souhaiter que,
grandies aux murs de quelque salle, elles viennent
y fixer le rêve d'un artiste qui mêle à des qualités
d'énergie un charme et une grâce toute féminine.
Exposition Ch. Guilloux
(Galerie Hessèle)
M. Guilloux a contemplé lès divers visages de
la nature à toutes les heures, depuis l'aube mati-
nale jusqu'aux soirs où la lune seule reflète sa
clarté sur les eaux endormies, et il a tracé, de ses
visions, des pages charmantes, d'un joli rythme et
d'une jolie délicatesse, niais où peut-être parfois
il se laisse distraire par l'étude des détails.
Exposition Anquetin
(Galerie Hessèle)
M. Anquetin offre le rare exemple d'un peintre
admirablement doué et qui, assailli par les sou-
venir des ojuvres de ses devanciers, n'arrive pas
à dégager sa personnalité. Tour à tour, devant ses
tableaux et ses dessins, on songe que Jordaens,
Rubens, Boucher, Prud'hon ou même Fragonard,
furent les excitateurs de l'idéal d'un peintre qui
n'a pas su trouver en lui les harmonies, que le
monde de la lumière et des couleurs devait y
éveiller.
Exposition Jan et Tade Styka
(Galerie de La Boëtie).
M. Jan Styka a entrevu l'histoire et la légende à
travers les décors d'un théâtre de province, et, avec
une imagination froide et académique, il a illustré
une Odyssée de café-concert et pompeusement
ordonné les jeux sanglants des cirques romains.
Sa peinture, habile et consciencieuse, est bourrée
de formules et do recettes d'ateliers et ne dégage
rien de personnel ni de vivant. On pourrait presque
en dire autant de celle de son fils, qui expose
cependant quelques portraits vigoureusement mo-
delés, peints avec le goût de la belle pâte pic-
turale.
René Jean.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 10 février
Election. — L'Académie des Beaux-Arts pro-
cède à l'élection d'un membre dans la section
d'architecture, en remplacement de M. Daumet.
Au deuxième tour, M. Paulin est élu par 20 voix
contre 5 à M.. Redon, 5 à M. Deglano et 1 à. M.
Ballu.
Le nouvel académicien a soixante-deux ans.
Grand-prix do Rome en 1875, médaille d'honneur
en 1888, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts, on lui
doit la restauration des Thermes de Dioclétien. Ge
fut lui qui construisit le Château d'eau et le Palais
des Industries chimiques à l'Exposition de 1900.
51
sieux s'exprime avec une éloquence un peu rude,
et M. de La Fresnaye montre de curieux paysages
où la manière de Cézanne s'accommode à des for-
mes géométriques qui ne laissent pas d'être ex-
pressives. M. Albert Marque présente de délicates
esquisses, M. Flandrin une vue panoramique d'un
coin des Alpes, et M,n<" Marval fut rarement aussi
bien inspirée que le jour où elle peignit la belle
nature morte qu'elle fait admirer près de son Oda-
lisque à la rose.
Exposition de taiileaux
de Peintres divisionnistes italiens
(Galerie Gubricy)
Mouvement parallèle à celui qui poussa' nos
artistes à chercher do nouvelles formules pictu-
rales dans les tons juxtaposés et qui nous valut
le néo-impressionnisme de Seurat et de M. Signac,
les pastels délieats de MM. Aman-Jean et Ernest
Laurent, et les décorations de M. Henri Martin,
l'œuvre des divisionnistes italiens s'est résumée en
quelques artistes qui suivirent Segantini dans
l'étude du paysage. Parmi, ceux qui sont repré-
sentés ici, il faut noter M. Carlo Zanon, très proche
de M. Henri Martin, M. Dudreville, tachiste à la
manière de M. Signac, M. Carlo Fornara qu'attire
plus le. sentiment du pittoresque que l'émotion
religieuse que dispensent les spectacles naturels et
dont la technique un peu sèche semble appeler la
traduction de soie du brodeur, MM. Ramponi,
Bonomi, etc.. Des statuettes de M. Andreotti
apportent à ce groupe le charme d'un art volup-
tueux, habile et nuancé.
Les Peintres futuristes italiens
(Galerie Bernheim)
Malgré qu'ils en aient, les peintres « futuristes »
italiens, si désireux d'étonner par leur étrangeté,
n'arrivent pas à se tenir à la hauteur de leur ma-
nifeste « aveniriste », et ils donnent beaucoup
moins qu'ils ne }iromettent. Une fois passé l'in-
térêt de curiosité qu'ils provoquent, le seul qu'ils
désirent sans doute, on s'avisera peut-être qu'il y
a, sous cette bouffonnerie, quelques qualités pic-
turales, si déguisées du reste qu'il vaut mieux n'en
rien dire aujourd'hui.
« Le. Rameau »
(Galerie Haussman)
Encore un petit groupement dont le besoin se
faisait évidemment sentir ! Ce « Rameau » au moins
donne quelques beaux fruits : M. Henri Grosjean
révèle la beauté des larges horizons, où l'œil se
repose après avoir suivi les grandes lignes du
paysage. M. ïkaschenko décrit de curieux reflets
du soleil sur la neige ; les natures mortes de
M. Louis Roger sont fort belles; belles aussi les
ligures nues de M. Biloul et certaines études de
M. J. Adler.
Exposition Beauijois de MoNTonroi.
(Galerie Hessèle)
M. Beaubois de Montoriol chante un hymne à la
gaîté, à tout ce qui est souple, radieux, avide do
respirer l'air léger qui baigne do beaux arbres et
passe sur les fleurs suspendues en guirlandes. En
des visions harmonieuses, parmi des jeux de colo-
rations aux nuances subtiles, l'artiste se plaît à
faire évoluer de souples corps féminins drapés
dans des voiles transparents qui prolongent et
amplilient la grâce et les attitudes chastes des
danses évocatrices. Le seul désir de produire la
beauté à laquelle peut prétendre leur jeunesse
épanouie anime ces figures. Elles se présentent
avec un caractère décoratif qui fait souhaiter que,
grandies aux murs de quelque salle, elles viennent
y fixer le rêve d'un artiste qui mêle à des qualités
d'énergie un charme et une grâce toute féminine.
Exposition Ch. Guilloux
(Galerie Hessèle)
M. Guilloux a contemplé lès divers visages de
la nature à toutes les heures, depuis l'aube mati-
nale jusqu'aux soirs où la lune seule reflète sa
clarté sur les eaux endormies, et il a tracé, de ses
visions, des pages charmantes, d'un joli rythme et
d'une jolie délicatesse, niais où peut-être parfois
il se laisse distraire par l'étude des détails.
Exposition Anquetin
(Galerie Hessèle)
M. Anquetin offre le rare exemple d'un peintre
admirablement doué et qui, assailli par les sou-
venir des ojuvres de ses devanciers, n'arrive pas
à dégager sa personnalité. Tour à tour, devant ses
tableaux et ses dessins, on songe que Jordaens,
Rubens, Boucher, Prud'hon ou même Fragonard,
furent les excitateurs de l'idéal d'un peintre qui
n'a pas su trouver en lui les harmonies, que le
monde de la lumière et des couleurs devait y
éveiller.
Exposition Jan et Tade Styka
(Galerie de La Boëtie).
M. Jan Styka a entrevu l'histoire et la légende à
travers les décors d'un théâtre de province, et, avec
une imagination froide et académique, il a illustré
une Odyssée de café-concert et pompeusement
ordonné les jeux sanglants des cirques romains.
Sa peinture, habile et consciencieuse, est bourrée
de formules et do recettes d'ateliers et ne dégage
rien de personnel ni de vivant. On pourrait presque
en dire autant de celle de son fils, qui expose
cependant quelques portraits vigoureusement mo-
delés, peints avec le goût de la belle pâte pic-
turale.
René Jean.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 10 février
Election. — L'Académie des Beaux-Arts pro-
cède à l'élection d'un membre dans la section
d'architecture, en remplacement de M. Daumet.
Au deuxième tour, M. Paulin est élu par 20 voix
contre 5 à M.. Redon, 5 à M. Deglano et 1 à. M.
Ballu.
Le nouvel académicien a soixante-deux ans.
Grand-prix do Rome en 1875, médaille d'honneur
en 1888, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts, on lui
doit la restauration des Thermes de Dioclétien. Ge
fut lui qui construisit le Château d'eau et le Palais
des Industries chimiques à l'Exposition de 1900.