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LA CHRONIQUE DES ARTS
de cuivre vénitien et un autre oriental) et une
peinture exquise, sans doute fragment de pré-
delle, de l’école siennoise du xiv” siècle (Scène de
la vie de saint Nicolas). Enfin, M. Jacques Zoula-
lof a fait don au musée d’un portrait de Marie
Pavlovna Narychkine, par D. G. Levitski, prove
nant des héritiers de M>» de Vaudeul, fdle de
Diderot. C’est la première œuvre russe qui entre
dans nos collections.
Le département de la sculpture française s’est en-
richi, de son côté, de plusieurs œuvres nouvelles :
les deux statues romanes bien connues, de Salomon
et do la Reine de Saba, provenant de l’église
Notre-Dame de Corbeil et conservées jusqu’ici à
Saint-Denis ; deux autres statues et un bas-relief,
L'Annonciation aux bergers, ayant appartenu à
l’église romane de Notre-Dame de la Couldre, à
Partlienay-le Vieux ; un autre bas-relief du xn°
siècle, de l’école de l’Ile-de-France, représentant une
Vierge de majesté entre VAnnonciation et le Bap-
tême du Christ, provenant de Courrières-sur-
Seine ; la maquette originale en terre cuite de la
Sainte Dibiane du Bernin, donnée par M. Fenaille;
enfin cinq médaillons de bronze provenant de la
décoration des pylônes élevés sous Louis XIV au-
tour de la place des Victoires, exécutés, sur les
dessins de Pierre Mignard par le sculpteur Jean
Arnoux et le fondeur Pierre Le Nègre, et offerts
en 1914 au Louvre par le roi d’Angleterre, en pos-
session de qui ils se trouvaient à Windsor.
Le département des objets d’art, à son tour s’est
enrichi, en plus des pièces ci-dessus mentionnées
du don Duseigneur, de deux donations importantes.
Un de nos principaux collectionneurs parisiens,
M. Paul Garnier, a offert à notre musée, sous ré-
serve d’usufruit, un admirable ensemble d’œu-
vres d’art : une Vierge en ivoire du xnr siècle ad-
mirée en 1900 au Petit Palais où elle faisait pen-
dant à XAnge de VAnnonciation de la collection
Clialandon ; une plaquette du xiv* siècle en argent
gravé préparée pour l’émaillage et représentant un
donateurdevantla Vierge ; cinq plaquettes de bronze
italiennes du xiv* siècle, provenant en partie de
la collection Spitzer, qui comptent parmi les plus
belles de ce genre, notamment un Saint Georges
de Riccio ; soixante montres en argent gravé
d’après les petits maîtres graveurs les plus répu-
tés du xvi” siècle français : Etienne Delaune,
Théodore de Bry, etc. — De son côté, la famille
Chabrière a fait don au Louvre, en souvenir du
grand amateur lyonnais Ghabrière-Arbis, d’une
pièce de dinanderie aussi belle que rare : un aqua-
manile du xir siècle en forme d’animal.
Enfin, l’Institut dee études catalanes vient de
faire don au Louvre d’une belle collection de céra-
miques ibériques, datant du m” siècle, trouvées
dans des fouilles faites à Barcelone.
Le Musée du Luxembourg — qui s’enrichissait
du don de M. Brangwyn et de celui, plus magni-
fique encore, de M. Edmund Davis, dont il est lon-
guement parlé dans la Gazette, — recevait, en
outre, la série des cartons de M. Besnard pour la
décoration de l’hôpital de Berck, légués par le re-
gretté Jules Maciet; le Portrait de l'historien
d’art Louis de Foarcaud, par Sargent, donné par
la veuve de l’écrivain ; celui d’Emile Verhaeren,
par M. Th. van Rysselberghe, offert par les amis
et admirateurs du poète; celui de Gabriele d'An-
nunzio, offert par Mm» Germaine Brooks ; enfin,
une toile commandée au peintre Félix Bouchor,
représentant la cérémonie de la translation des
cendres de Rouget de l'Isle aux Invalides.
Le Musée de Versailles, de son côté, s’enrichis-
sait d'un Portrait de Théodore de Banville, par
Deliodencq, et d'un autre, du père du poète, par
Deroy, offerts par M. Georges Rochegrosse. Et il
recevra prochainement une partie des œuvres lais-
sées par le peintre Ed. Détaillé et qu’après en-
tente avec l’administration des Beaux-Arts, M.
Jullemier, exécuteur testamentaire du peintre, a
données à l’Eiat. — Le Musée de l’Armée a béné-
ficié de l’autre partie de cette donation, compre-
nant de précieuses collections d’uniformes fran-
çais et étranger», d’armes et d’étendards, plus six
toiles que le musée de Versailles a dû r’efüser, à
cause de leurs trop grandes dimensions : La, Bar-
ricade, Vers la gloire, Le Salut avant la ba-
taille(Fontenoy), Soldais chantant, Les Obsèques
du général Damrémont et la première pensée
de la Reddition d'Huninghe, du musée du Luxem-
bourg.
M"* Frémiet, veuve de l’illustre sculpteur ani-
malier, a laissé un testament aux termes duquel
elle lègue au musée des Beaux-Arts de la Ville de
Paris les peintures, aquarelles et dessins de son
mari, pour la création d’une salle Frémiet. Elle
lègue aussi pour cette salle le beau portrait do
Frémiet, exécuté, il y a quelques années, par son
petit-fils, M. Emmanuel Fauré-Frémiet.
Signalons également la donation à ce même
musée, par M. Jacques Zoubaloff, d’une impor-
tante collection d’œuvres de Barye : maquettes
et petits bronzes, aquarelles, dessins et lithogra-
phies ; puis de huit toiles et de soixante-quinze
aquarelles de M. H irpignies, d’orfèvreries de
Henri Husson et d’œuvres du sculpteur Desbois.
Enfin, notons le legs au musée Carnavalet,
par l’architecte Paulin, de l’Institut, récemment
décédé, du portrait de l'orfèvre Odiot, dont il était,
le petit-fils.
La Donation Rodin
Le 1" avril dernier, a été signé à Meudon, par
le statuaire Auguste Rodin et par M. Painlevé,.
ministre de l’Instruction publique et des Beaux-
Arts, un acte par lequel M. Rodin fait don à l’Etat
de l’ensemble de son œuvre et de ses collections.
particulières, qui seront installés dans l’hôtel Bi-
ron, affecté à cet usage pour ur.e durée de vingt-
cinq ans.
Dans le contrat intervenu, il est stipulé qu’à
l’expiration do ce délai, si l’Etat juge à propos de
retirer de l’hôtel Biron les collections Rodin pour
les placer dans un autre musée, il devra néan-
moins les conserver groupées, sans aucun morcel-
lement. Les frais de l’installation sont pris par
l’artiste à sa charge. Il aura à sa disposition, dans
l’hôtel, un atelier et un cabinet de travail. Quant
au jardin, l’Etat en donnera la jouissance au
public.
L’inventaire annexé à l’acte comprend, pour
l’œuvre de M. Rodin, trois catégories de travaux :
1° ceux qui ont été exécutés en matières défini-
tives ; 2° les plâtres et les moules, dont l’artiste se-
réserve de tirer des épreuves en nombre limité ;
3° les dessins.
Les collections particulières se composent d'an-
LA CHRONIQUE DES ARTS
de cuivre vénitien et un autre oriental) et une
peinture exquise, sans doute fragment de pré-
delle, de l’école siennoise du xiv” siècle (Scène de
la vie de saint Nicolas). Enfin, M. Jacques Zoula-
lof a fait don au musée d’un portrait de Marie
Pavlovna Narychkine, par D. G. Levitski, prove
nant des héritiers de M>» de Vaudeul, fdle de
Diderot. C’est la première œuvre russe qui entre
dans nos collections.
Le département de la sculpture française s’est en-
richi, de son côté, de plusieurs œuvres nouvelles :
les deux statues romanes bien connues, de Salomon
et do la Reine de Saba, provenant de l’église
Notre-Dame de Corbeil et conservées jusqu’ici à
Saint-Denis ; deux autres statues et un bas-relief,
L'Annonciation aux bergers, ayant appartenu à
l’église romane de Notre-Dame de la Couldre, à
Partlienay-le Vieux ; un autre bas-relief du xn°
siècle, de l’école de l’Ile-de-France, représentant une
Vierge de majesté entre VAnnonciation et le Bap-
tême du Christ, provenant de Courrières-sur-
Seine ; la maquette originale en terre cuite de la
Sainte Dibiane du Bernin, donnée par M. Fenaille;
enfin cinq médaillons de bronze provenant de la
décoration des pylônes élevés sous Louis XIV au-
tour de la place des Victoires, exécutés, sur les
dessins de Pierre Mignard par le sculpteur Jean
Arnoux et le fondeur Pierre Le Nègre, et offerts
en 1914 au Louvre par le roi d’Angleterre, en pos-
session de qui ils se trouvaient à Windsor.
Le département des objets d’art, à son tour s’est
enrichi, en plus des pièces ci-dessus mentionnées
du don Duseigneur, de deux donations importantes.
Un de nos principaux collectionneurs parisiens,
M. Paul Garnier, a offert à notre musée, sous ré-
serve d’usufruit, un admirable ensemble d’œu-
vres d’art : une Vierge en ivoire du xnr siècle ad-
mirée en 1900 au Petit Palais où elle faisait pen-
dant à XAnge de VAnnonciation de la collection
Clialandon ; une plaquette du xiv* siècle en argent
gravé préparée pour l’émaillage et représentant un
donateurdevantla Vierge ; cinq plaquettes de bronze
italiennes du xiv* siècle, provenant en partie de
la collection Spitzer, qui comptent parmi les plus
belles de ce genre, notamment un Saint Georges
de Riccio ; soixante montres en argent gravé
d’après les petits maîtres graveurs les plus répu-
tés du xvi” siècle français : Etienne Delaune,
Théodore de Bry, etc. — De son côté, la famille
Chabrière a fait don au Louvre, en souvenir du
grand amateur lyonnais Ghabrière-Arbis, d’une
pièce de dinanderie aussi belle que rare : un aqua-
manile du xir siècle en forme d’animal.
Enfin, l’Institut dee études catalanes vient de
faire don au Louvre d’une belle collection de céra-
miques ibériques, datant du m” siècle, trouvées
dans des fouilles faites à Barcelone.
Le Musée du Luxembourg — qui s’enrichissait
du don de M. Brangwyn et de celui, plus magni-
fique encore, de M. Edmund Davis, dont il est lon-
guement parlé dans la Gazette, — recevait, en
outre, la série des cartons de M. Besnard pour la
décoration de l’hôpital de Berck, légués par le re-
gretté Jules Maciet; le Portrait de l'historien
d’art Louis de Foarcaud, par Sargent, donné par
la veuve de l’écrivain ; celui d’Emile Verhaeren,
par M. Th. van Rysselberghe, offert par les amis
et admirateurs du poète; celui de Gabriele d'An-
nunzio, offert par Mm» Germaine Brooks ; enfin,
une toile commandée au peintre Félix Bouchor,
représentant la cérémonie de la translation des
cendres de Rouget de l'Isle aux Invalides.
Le Musée de Versailles, de son côté, s’enrichis-
sait d'un Portrait de Théodore de Banville, par
Deliodencq, et d'un autre, du père du poète, par
Deroy, offerts par M. Georges Rochegrosse. Et il
recevra prochainement une partie des œuvres lais-
sées par le peintre Ed. Détaillé et qu’après en-
tente avec l’administration des Beaux-Arts, M.
Jullemier, exécuteur testamentaire du peintre, a
données à l’Eiat. — Le Musée de l’Armée a béné-
ficié de l’autre partie de cette donation, compre-
nant de précieuses collections d’uniformes fran-
çais et étranger», d’armes et d’étendards, plus six
toiles que le musée de Versailles a dû r’efüser, à
cause de leurs trop grandes dimensions : La, Bar-
ricade, Vers la gloire, Le Salut avant la ba-
taille(Fontenoy), Soldais chantant, Les Obsèques
du général Damrémont et la première pensée
de la Reddition d'Huninghe, du musée du Luxem-
bourg.
M"* Frémiet, veuve de l’illustre sculpteur ani-
malier, a laissé un testament aux termes duquel
elle lègue au musée des Beaux-Arts de la Ville de
Paris les peintures, aquarelles et dessins de son
mari, pour la création d’une salle Frémiet. Elle
lègue aussi pour cette salle le beau portrait do
Frémiet, exécuté, il y a quelques années, par son
petit-fils, M. Emmanuel Fauré-Frémiet.
Signalons également la donation à ce même
musée, par M. Jacques Zoubaloff, d’une impor-
tante collection d’œuvres de Barye : maquettes
et petits bronzes, aquarelles, dessins et lithogra-
phies ; puis de huit toiles et de soixante-quinze
aquarelles de M. H irpignies, d’orfèvreries de
Henri Husson et d’œuvres du sculpteur Desbois.
Enfin, notons le legs au musée Carnavalet,
par l’architecte Paulin, de l’Institut, récemment
décédé, du portrait de l'orfèvre Odiot, dont il était,
le petit-fils.
La Donation Rodin
Le 1" avril dernier, a été signé à Meudon, par
le statuaire Auguste Rodin et par M. Painlevé,.
ministre de l’Instruction publique et des Beaux-
Arts, un acte par lequel M. Rodin fait don à l’Etat
de l’ensemble de son œuvre et de ses collections.
particulières, qui seront installés dans l’hôtel Bi-
ron, affecté à cet usage pour ur.e durée de vingt-
cinq ans.
Dans le contrat intervenu, il est stipulé qu’à
l’expiration do ce délai, si l’Etat juge à propos de
retirer de l’hôtel Biron les collections Rodin pour
les placer dans un autre musée, il devra néan-
moins les conserver groupées, sans aucun morcel-
lement. Les frais de l’installation sont pris par
l’artiste à sa charge. Il aura à sa disposition, dans
l’hôtel, un atelier et un cabinet de travail. Quant
au jardin, l’Etat en donnera la jouissance au
public.
L’inventaire annexé à l’acte comprend, pour
l’œuvre de M. Rodin, trois catégories de travaux :
1° ceux qui ont été exécutés en matières défini-
tives ; 2° les plâtres et les moules, dont l’artiste se-
réserve de tirer des épreuves en nombre limité ;
3° les dessins.
Les collections particulières se composent d'an-