Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 11.1886

DOI Artikel:
Chabouillet, Anatole: Étude sur quelques camées du Cabinet des Médailles, [3]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.25604#0159

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
DU CABINET DES MEDAILLES. 149
Sicile, il y a près de 2,000 ans, ne disait-il qu'il ne faut pas chercher une vérité rigou-
reuse dans les fables*?
D'ailleurs, il existe beaucoup de représentations incontestablement antiques, peintes
ou sculptées, de taureaux et d'autres animaux marins qui ne sont pas conformes aux
règles supposées par M. le D'' Brunn. L'hippocampe qui, sur un miroir possédé jadis
par le vicomte H. deJanzé, porte une Néréide, posée aussi témérairement que notre déité,
n'a pas non plus de nageoires aux pieds de devante Une admirable peinture du Musée
de Naples, provenant de Stables, montre une bacchante portée sur la mer par une pan-
thère, un tigre si l'on veut, dont les pieds de devant ne révèlent pas la nature marine h
Il n'est même pas besoin d'aller aussi loin; sans sortir de Paris, dans notre Musée du
Louvre, que l'on veuille examiner certains sarcophages dont les bas-reliefs représentent
des scènes maritimes, Néréides portées par des monstres marins, hippocampes, lions,
cerfs, béliers, taurocampes, et l'on se convaincra que leurs pieds de devant sont souvent
dépourvus de nageoires h En même temps , on reconnaîtra que ces Néréides sont assises
aussi maladroitement que la divinité de notre camée, c'est-à-dire, selon moi, dans des
attitudes de la plus gracieuse témérité. Décidément, ce n'est ni le mince détail de
l'absence de nageoires, ni la prétendue maladresse de la pose de la déesse qui pourraient
faire douter de l'authenticité du monument qui nous occupe, et dont la proscription, si
elle était acceptée, entraînerait celle de bien des pierres analogues.
En effet, dans les plus illustres cabinets, il est beaucoup de pierres gravées dénuées
de parchemins, aussi bien que notre camée, qui encourraient la même condamnation
pour être coupables de qualités semblables à celles dont on lui a fait des crimes. Cette
grâce, cette recherche, on les admire lorsqu'elles se montrent sur des peintures ou des
bas-reliefs dont l'état civil est solidement établi ; pourquoi les méconnaître lorsqu'on les
rencontre sur des gemmes? Sans revenir sur ce qui a été dit cent fois des phases diverses
de l'art à travers les siècles, je voudrais montrer par deux exemples frappants que les
graveurs de pierres fines suivaient la mode aussi bien que les peintres et les sculpteurs,
et qu'à certaines époques, telles de leurs œuvres étaient aussi loin de la mâle sévérité
de la haute antiquité que les de certaines pièces de l'Anthologie grecque le
sont de la poésie homérique. Un de ces exemples m'est fourni par une communication
apportée à havant-dernier Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne, par M. l'abbé
ArbellotL
Décrivant une œuvre intéressante de horfèvrerie de Limoges au Moyen-Age, une
châsse de l'église de Bellac, enrichie de pierres précieuses dont plusieurs gravées, le

1. DioJore, iv, 8.
2. Gerhard, Æ7ras%;isc7te Spieyep t. IV, pi. ccLxxxtn,
p. LL
3. .Rca/ Masco Bor&OHico, t. VI, pL xxxrv. (V. encore
d'autres animaux marins sans nageoires aux pieds de
devant, dansie même recueii, t. VIII, pi. Lv et passim.)

La peinture de Stabies se trouve aussi dans i'ouvrage de
Zahn, m série, p. 64.
4. Ciarac, Masse & sca^Mare, etc. (Atias, 1.1, pi. 207,
nos 19g et 196, et pi. 208 , n" 197. Texte : T. U, p. 502
et 503.)
5. Le 8 avrii 1885.
 
Annotationen