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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

DOI issue:
Nr. 1-2
DOI article:
Théoxénou, M.: Les fouilles récentes de l'Acropole d'Athènes, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0055

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LES FOUILLES RECENTES DE L’ACROPOLE D’ATHENES 45

au jour les premières statues qui eussent, presque toutes, leurs tètes assez intactes, leurs
vêtements encore polychromés, leur allure de marche ou de combat. Du coup, ce n’est
plus Artémis qu’on y vit : ce fut Athéna, à mesure que les statues se rassemblaient
dans la salle d’honneur, étranges avec leurs pommettes plus ou moins saillantes, leurs
mentons généralement osseux et forts, la bouche très rapprochée du nez, la commissure
des lèvres retroussée, par un sourire, qui est presque roide, les yeux étrangement relevés
dans la direction des tempes. Ce sont là ces caractères qu’on est encore convenu d’appe-
ler éginétiques, bien qu’on sache fort bien qu’ils ne sont pas spéciaux à Égine. M. S.
Reinach n’en a dit qu’un mot1; mais il a fort justement senti, d’après les photographies
qu’il avait sous les yeux, l’impression première que font la plupart de ces statues. Il a
compris « ce je ne sais quoi de railleur et d’ironique qui se voit dans la physionomie,
cette sorte de mélange de bienveillance hautaine et de dédain ». Nous n’oublierons pas
de signaler ici le rapport très ingénieux qu’il établit entre ces œuvres archaïques et
les ligures de Lucas Cranach, bien qu’il soit imprévu de rapprocher nos vieilles Athénas
de l’Acropole et « la petite Ève du Louvre qui se promène dans les jardins du Paradis,
« sans autre vêtement qu’un chapeau de velours rouge ». Il faudrait aussi se souvenir
qu’Albert Dumont disait que ce sourire n’a point disparu de la Grèce : il le tenait pour
une des expressions les plus fréquentes de ce pays, et . signalait combien il serait
intéressant « de montrer comment les perfections du style de la grande époque
s’expliquent en partie par les modèles dont la sculpture ancienne exagère les traits,
et de retrouver dans le type moderne, tel qu’il se conserve encore, surtout dans les
campagnes, la plupart de ces caractères si anciens »I. 2.

L’une de ces statues est une déesse (deuxième salle du nord, n° 23). La tête a
été trouvée; dès 1863 : on l’a reproduite par le moulage, le Bullettino de 18643 a
dit quelle était di buonissima conservazione; YArch. Zeitung a déclaré en 1864
que le casque avait été peint en bleu, et en 1866 que ce n’était point une œuvre
attique, et ce fut tout. Cette tête vraiment magnifique n’a été publiée que vingt
ans après sa découverte4, et encore assez mal dessinée par Gilliéron. Depuis, on l’a
rajustée sur un fragment de torse5 et les savants recommencent à s’en occuper. M. Franz
Studniczka a d’abord6 établi (pie c’était bien une Athéna, et quelle avait été la figure
centrale du fronton Est, au vieux Parthénon. Il a ensuite7 supposé qu’elle appartient à
un maître crétois, parce qu’elle ressemble fort à l’Athéna que portent les monnaies de la
ville d’Itanos en Crète. Athéna est en lutte avec un adversaire qu’elle a terrassé déjà :

I. Reinach, loc. cit.

i. Dumont, Mon. grecs de 1878.

3. Bulletlino, 1864, p. 185.

4. Indiquée par Sybel, u° 5004, et par Overbeck, Edit.

(le 1884, p. 147; mais publié seulement par M. Pliîlios (Eœ>.

a p/. 1883).

5. Retrouvé en 1882, brièvement décrit par M. Mylonas
(Eo. a p-/., 1883, p. 41, n° 9) qui n’eut point l’idée de la
rattachera la tète qu’on possédait déjà depuis dix-neuf ans.

6. Article écrit à Olympie, au commencement de juillet
1886, et imprimé dans les Mitth.. XI, 1886, p. 185 sqq.

7. Jahrbuch lier arch. Institut es, 1887, p. 141, note 1s.
 
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