DOI Heft:
Nr. 9-10
DOI Artikel:Join-Lambert, Arnaud: Les inscriptions (rébus et énigmes): de l'église de Saint-Grégoire-Du-Vièvre
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0259
LES INSCRIPTIONS (REBUS ET ENIGMES)
de l’église de saijnt-grégoire-du-vièvre
(Planches 32 et 33."i
Uii ecclésiastique distingué de mon voisinage m’apprit un jour que l’église de Saint-
Grégoire-du-Vièvre (Eure) porte extérieurement sur l’un de ses murs une inscription
singulière et peu intelligible, ayant l’apparence d’un rébus composé de lettres et d’objets
figurés.
Un récent évêque d’Evreux, je le savais par M. Louis Passy, avait constaté dans
certains édifices religieux la présence d’éléments d’architecture, de sculpture ou d’épi-
graphie, dont le caractère particulier l’avait étonné et même préoccupé. D’autre part,
des signes remarqués sur des monuments, sur les murailles d’Avignon par exemple,
passent pour n’être que des marques d’ouvriers. J’inclinais à penser que l’inscription
signalée me ferait entrer dans cet ordre d’idées plus simple. Pour sortir de doute, je
m’empressai de l’aller relever.
i
Avant d’en faire la description et d’en essayer l’interprétation, sachons en quel lieu
elle se trouve.
La seigneurie de Saint-Grégoire était possédée au xine siècle par les comtes de
Vendôme. Au xive siècle, leur héritière, Catherine de Vendôme épousa Jean de Bourbon,
comte de la Marche. Depuis lors et jusqu’au xvie siècle, les Bourbon-Vendôme qui
aboutissent à Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et à Henri IV, ont été seigneurs de
Saint-Grégoire et patrons de la paroissse.
Ces deux derniers seigneurs sont-ils restés étrangers à toute action directe sur
Saint-Grégoire, par le choix des titulaires nommés à la cure, par ces curés eux-mêmes,
ou par l’exercice de leurs autres droits? Sans doute de grandes affaires, les guerres de
religion leur ont donné bien de l’occupation et du souci, mais ils ont souvent guerroyé
en Normandie — Bernay assiégé et occupé en 1590 par les troupes royales, Pontaudemer
tenant en 1592 pour Henri IV et pris par les ligueurs, Arques et Ivry ne sont pas loin
— et le Béarnais a fait flèche de tout bois.
A la partie supérieure du mur portant l’inscription et sous le larmier du toit, on voit
distinctement les restes d’un bandeau de peinture noire sur lequel se détachaient huit
Gazette archéologique.
Année 1888.
30
de l’église de saijnt-grégoire-du-vièvre
(Planches 32 et 33."i
Uii ecclésiastique distingué de mon voisinage m’apprit un jour que l’église de Saint-
Grégoire-du-Vièvre (Eure) porte extérieurement sur l’un de ses murs une inscription
singulière et peu intelligible, ayant l’apparence d’un rébus composé de lettres et d’objets
figurés.
Un récent évêque d’Evreux, je le savais par M. Louis Passy, avait constaté dans
certains édifices religieux la présence d’éléments d’architecture, de sculpture ou d’épi-
graphie, dont le caractère particulier l’avait étonné et même préoccupé. D’autre part,
des signes remarqués sur des monuments, sur les murailles d’Avignon par exemple,
passent pour n’être que des marques d’ouvriers. J’inclinais à penser que l’inscription
signalée me ferait entrer dans cet ordre d’idées plus simple. Pour sortir de doute, je
m’empressai de l’aller relever.
i
Avant d’en faire la description et d’en essayer l’interprétation, sachons en quel lieu
elle se trouve.
La seigneurie de Saint-Grégoire était possédée au xine siècle par les comtes de
Vendôme. Au xive siècle, leur héritière, Catherine de Vendôme épousa Jean de Bourbon,
comte de la Marche. Depuis lors et jusqu’au xvie siècle, les Bourbon-Vendôme qui
aboutissent à Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et à Henri IV, ont été seigneurs de
Saint-Grégoire et patrons de la paroissse.
Ces deux derniers seigneurs sont-ils restés étrangers à toute action directe sur
Saint-Grégoire, par le choix des titulaires nommés à la cure, par ces curés eux-mêmes,
ou par l’exercice de leurs autres droits? Sans doute de grandes affaires, les guerres de
religion leur ont donné bien de l’occupation et du souci, mais ils ont souvent guerroyé
en Normandie — Bernay assiégé et occupé en 1590 par les troupes royales, Pontaudemer
tenant en 1592 pour Henri IV et pris par les ligueurs, Arques et Ivry ne sont pas loin
— et le Béarnais a fait flèche de tout bois.
A la partie supérieure du mur portant l’inscription et sous le larmier du toit, on voit
distinctement les restes d’un bandeau de peinture noire sur lequel se détachaient huit
Gazette archéologique.
Année 1888.
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