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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 4
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Blanc, Charles: De la gravure a l'eau-forte et des eaux-fortes de Jacque
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0202

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I

DE LÀ GRAVURE A L'EAU-FORTE. 195

chaleureux de l'eau-forte, en ont réservé les traces en quelques endroits
et ont produit, par ce mélange des deux procédés, des œuvres admi-
rables; mais il n'est pas question ici de ces pratiques purement auxi-
liaires dans l'art du graveur : il ne s'agit que de l'eau-forte réduite à ses
propres ressources.

Nos lecteurs savent tous, ou presque tous, comment se fait une eau-
forte. On prend une planche de cuivre rouge bien plane, et on la fait
chauffer en la tenant avec un étau; à un certain degré de chaleur, on y
passe légèrement un bâton de vernis, qui se fond à l'instant même, et
l'on égalise cette mince couche au moyen d'un tampon; ensuite on noir-
cit le vernis en exposant la planche, constamment remuée, à la fumée
d'un flambeau, et, quand elle est refroidie, on dessine avec une pointe,
sur ce fond noir, des traits aussi libres que ceux du crayon. Ces traits, en
enlevant le vernis, découvrent le métal qu'ils ont à peine effleuré, de
sorte que, l'opération finie, on a sous les yeux un dessin rouge sur une
feuille noire. Pour donner à chaque trait la profondeur voulue, on fait cou-
ler sur la planche, après l'avoir entourée d'un quai de cire fondue, une
certaine quantité d'eau-forte, et on laisse le corrosif mordre plus ou moins
longtemps, en proportion de l'effet qu'on veut produire. Après la morsure,
le vernis s'enlève avec un chiffon trempé d'essence, et le cuivre, remis à
sec, est en état de fournir des épreuves. Longtemps cette manière de
graver, si simple, si expéditive, si facile à apprendre, avait été en usage
chez les armuriers, dans le travail de la damasquinerie. On ne sait au
juste par qui elle fut appliquée pour la première fois à l'exécution des
estampes ; mais la plus ancienne eau-forte qui soit à notre connaissance
est le Saint Jérôme gravé par Albert Durer en 1512, celle où l'anacho-
rète est représenté à moitié nu au milieu d'un paysage rocheux et dé-
sert. Une fois connue dans les ateliers, l'eau-forte séduisit les dessinateurs
et les peintres, et durant le xvie siècle elle fut pratiquée en Allemagne,
dans les Pays-Bas et en Italie. Là on vit Parmesan dessiner sur le cuivre,
en croquis légers et délicats, ces figures si fières dans leur sveltesse, si
provoquantes dans leur maniérisme élégant; mais ce n'étaient là que des
badinages de pointe, des pensées ou plutôt des phrases sans suite, aban-
données à l'état d'ébauche. L'eau-forte n'avait pas encore pris sa place
dans le domaine des arts; elle ne devait compléter son expression,
acquérir sa valeur, sa couleur, qu'au xvn° siècle; en un mot, c'est Rem-
brandt qui en fut le véritable inventeur; c'est lui qui, d'un simple pro-
cédé, fit un art.

Éclairant de son génie ce fond noir, il y fera scintiller tous les phéno-
mènes de la lumière, il y représentera toutes les nuances de l'ombre; l'ai-
 
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