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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 2
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Thoré, Théophile: Le Musée d'Anvers: école hollandaise$nElektronische Ressource
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0172

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166

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Le Murillo, que nous joignons aux Italiens, puisque le Musée ne pos-
sède pas d'autres espagnols, est absolument inacceptable. Il représente
Saint François d'Assise, à genoux devant un crucifix.

On voit qu'au Musée d'Anvers, comme dans les autres galeries de la
Belgique et de la Hollande, les peintures italiennes et espagnoles sont
très-rares et souvent apocryphes. Le Musée d'Anvers spécialement peut
s'en consoler en montrant ses magnifiques Rubens.

III. École française. — Ce n'est pas non plus dans le Nord qu'on
rencontre beaucoup de tableaux de l'école française, d'ailleurs assez
étrangère au reste de l'Europe, sauf le Lorrain et le Poussin, qui tiennent
à l'Italie non moins qu'à la France. L'école française n'existe pas au
Musée d'Anvers. Il n'a qu'un Valentin, le Brelan, avec cinq figures de
grandeur naturelle; un gentil petit Dauphin de France, par François
Clouet; quelques portraits anonymes, peints dans le même style; et,
pour finir par une curiosité, — un trésor ! — le portrait d'Agnès Sorel en
madone !

C'est M. de Laborde qui, dans son livre intitulé : la Renaissance des
arts à la cour de France, a démontré que cette Madone était le portrait
de la maîtresse du roi Charles VII, et qu'elle avait été peinte par Jean
Fouquet, sur la demande d'Etienne Chevalier, trésorier de France, ami
particulier et un des exécuteurs testamentaires d'Agnès Sorel. Le Cata-
logue du Musée d'Anvers donne la description suivante de cette sin-
gulière Vierge-maîtresse du roi :

« N°154. Hauteur, 0,91; largeur, 0,81. Sur bois.— La Vierge et
l'enfant Jésus. — Assise sur un trône orné de pierres précieuses, Marie a
la tète ceinte d'une couronne enrichie de perles, d'où descend un voile
diaphane. Un manteau d'hermine recouvre ses bras et ses épaules. Le
haut du corsage de la robe est délacé et laisse le sein gauche entièrement
à découvert. Elle tient les yeux baissés sur son divin fils, assis sur ses
genoux. Des anges bleus, des archanges rouges se pressent à l'entour
d'eux, en les vénérant. » — Ces anges bleus et ces archanges rouges
étaient fort à la mode en Allemagne, au xivc siècle et jusqu'au commen-
cement du xv".

Étienne Chevalier s'était fait représenter lui-même, dans l'attitude de
la prière, sur un panneau d'égale dimension, adjoint au portrait d'Agnès,
et cette sorte de diptyque avait été placé dans l'église Notre-Dame, à
Melun, probablement après la mort du donateur, en 1A7A. Il en fut
enlevé antérieurement à l'année 1775, comme le constate cette inscrip-
tion à l'encre au revers du panneau de l'Agnès :
 
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