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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

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Nr. 1
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Champfleury: La faïence parlante: du centre et du midi de la France
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https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0065

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58

GAZETTE DES BEAUX-AliTS.

Marseille et Niederwiller se contrefont de telle sorte, que l’œil le plus
exercé se perd à saisir les différences de l’art alsacien et de l’art méri-
dional.

Emprunts forcés, recettes déguisées, calques et décalques forment
trop souvent le ton de l’art orgueilleux qui cache la misère de ses inven-
tions sous la pompe de l’ornementation.

L’art populaire n’emprunte rien à personne, il se contente de peu et
vit de sa propre essence. 11 est quelquefois grossier, original toujours.
Son verre est commun, cela ne l’empêche pas de boire dans son verre.

On parle de ses « vulgaires enluminures. » 11 ne faudrait rien moins
qu’un Montaigne pour traiter cette question de Y enluminure : A savoir si
la naïveté des colorations n’a pas une action profonde sur les cerveaux
simples, neux du paysan et de l’enfant. J’imagine que Montaigne serait un
médiocre partisan des éditions de fermiers généraux, qu’il est de mode
aujourd’hui de donner en étrennes aux enfants. Je n’ai pas encore l’au-
torité nécessaire pour avancer que la Bibliothèque bleue} avec ses bois
grossiers, répond plus aux yeux curieux de l’enfant que les composi-
tions du jeune et «illustre» Doré; mais si cette autorité me manque, je sais
m’incliner devant les grands esprits de l’Allemagne, de l’Angleterre et de
la Suède qui, loin d’affecter pour l’art et la littérature populaires le mépris
commun aux natures superficielles, recueillent d’humbles monuments
dont ils prennent à tâche de montrer les précieuses et sincères qualités.

On s’inquiète aujourd’hui des légendes, des noëls et des traditions de
chaque province. Outre la moisson qu’y fera la langue, l’histoire en-
registrera des faits, des coutumes, l’état des esprits à diverses époques.

C’est au même ordre d’i'dées que se rattache la faïence parlante.
Elle sera plus tard la véritable gloire des fabriques nivernaises.

Nevers n’a de caractère particulier que dans la faïence populaire,
celle à l’usage des vignerons et des mariniers. Certaines pièces excep-
tionnelles du xviie siècle resteront remarquables par leur cuisson, leur
belle taille; mais toujours Rouen l’emportera dans ses moindres produits,
par ses colorations où le pink colour (rouge d’œillet) sonne une note
éclatante, inconnue au potier nivernais.

Pourtant au point de vue populaire (et je laisse de côté l’art déco-
ratif), Nevers triomphe de Rouen, l’historien pouvant étudier à livre
ouvert les sentiments du peuple, aussi transparents que l’émail qui les
recouvre.

CD AMPJFI.EURY.
 
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