CORRESPONDANCE DE HOLLANDE
« Rotterdam, mai 1864.
« Mon cher Directeur,
« Je viens de voir les tristes ruines du Musée de Rotterdam, si précieux pour
l’étude de l’art hollandais. C’était là qu’on trouvait en abondance, non pas les pre-
miers chefs-d’œuvre, comme au Musée d’Amsterdam, au Musée de La Haye, au Musée
Yan der Hoop, mais une série extrêmement intéressante des maîtres de second
ordre, qui aident à comprendre et à expliquer l’histoire d’une école. En publiant
les détails de l’incendie, d’honnêtes journaux ont ajouté : Quelle chance que le désastre
n’ait pas frappé le Musée d’Amsterdam ! Sans doute, il est heureux que les Musées
d’Amsterdam, de La Haye, de Paris, de Madrid, de Dresde, et les autres collections
principales de l’Europe, ne soient pas brûlés; mais la perte du Musée de Rotterdam
n’en est pas moins irréparable.
« Donc il ne reste que les gros murs de ce bâtiment, qui était autrefois le siège de
la direction de l’endiguement du pays traversé par la Schie (Schieland), édifice soli-
dement construit, avec fronton et colonnes, et qui avait pour un musée cet inappré-
ciable avantage, qu’il était isolé de toutes autres constructions. Le malheur fut qu’on y
avait installé une école de dessin, qui travaillait même le soir au gaz. Le gaz a été la
cause et l’aliment de cet incendie si violent et si rapide. Il y avait bien un contrat
d’assurances; mais, outre que des œuvres d’art détruites sont incompensables par
argent, la somme qu’ont à payer les compagnies est très-minime, environ 137,000
florins, soit un peu moins de 290,000 francs. C’est insignifiant, relativement aux pertes
ou à la possibilité de les faire oublier par de nouvelles acquisitions.
« Avec les tableaux anciens, il y avait une série de modernes, et une belle et nom-
breuse collection de dessins anciens et modernes, dont le Catalogue, publié en 1852,
monte à près de 3,000 numéros. Presque tous les dessins sont perdus, et lapins grande
partie des tableaux modernes.
«Le dernier Catalogue des peintures, publié à la fin de 1862, enregistrait 472 tableaux.
Le Musée d’Amsterdam, tout compris, n’en a que 444 ! Sur ces 472 tableaux du Musée
de Rotterdam, on n’en a pas seulement sauvé 72, et quatre cents sont anéantis !
« Voici, d’après M. Lamme, directeur du Musée, la liste des tableaux sauvés :
N° 10. Backhuijzen. Mer agitée, sur les côtes de la Hollande.
26. Berciiem. Passage de gué par deux bergers et une bergère, suivis de
leurs troupeaux.
« Rotterdam, mai 1864.
« Mon cher Directeur,
« Je viens de voir les tristes ruines du Musée de Rotterdam, si précieux pour
l’étude de l’art hollandais. C’était là qu’on trouvait en abondance, non pas les pre-
miers chefs-d’œuvre, comme au Musée d’Amsterdam, au Musée de La Haye, au Musée
Yan der Hoop, mais une série extrêmement intéressante des maîtres de second
ordre, qui aident à comprendre et à expliquer l’histoire d’une école. En publiant
les détails de l’incendie, d’honnêtes journaux ont ajouté : Quelle chance que le désastre
n’ait pas frappé le Musée d’Amsterdam ! Sans doute, il est heureux que les Musées
d’Amsterdam, de La Haye, de Paris, de Madrid, de Dresde, et les autres collections
principales de l’Europe, ne soient pas brûlés; mais la perte du Musée de Rotterdam
n’en est pas moins irréparable.
« Donc il ne reste que les gros murs de ce bâtiment, qui était autrefois le siège de
la direction de l’endiguement du pays traversé par la Schie (Schieland), édifice soli-
dement construit, avec fronton et colonnes, et qui avait pour un musée cet inappré-
ciable avantage, qu’il était isolé de toutes autres constructions. Le malheur fut qu’on y
avait installé une école de dessin, qui travaillait même le soir au gaz. Le gaz a été la
cause et l’aliment de cet incendie si violent et si rapide. Il y avait bien un contrat
d’assurances; mais, outre que des œuvres d’art détruites sont incompensables par
argent, la somme qu’ont à payer les compagnies est très-minime, environ 137,000
florins, soit un peu moins de 290,000 francs. C’est insignifiant, relativement aux pertes
ou à la possibilité de les faire oublier par de nouvelles acquisitions.
« Avec les tableaux anciens, il y avait une série de modernes, et une belle et nom-
breuse collection de dessins anciens et modernes, dont le Catalogue, publié en 1852,
monte à près de 3,000 numéros. Presque tous les dessins sont perdus, et lapins grande
partie des tableaux modernes.
«Le dernier Catalogue des peintures, publié à la fin de 1862, enregistrait 472 tableaux.
Le Musée d’Amsterdam, tout compris, n’en a que 444 ! Sur ces 472 tableaux du Musée
de Rotterdam, on n’en a pas seulement sauvé 72, et quatre cents sont anéantis !
« Voici, d’après M. Lamme, directeur du Musée, la liste des tableaux sauvés :
N° 10. Backhuijzen. Mer agitée, sur les côtes de la Hollande.
26. Berciiem. Passage de gué par deux bergers et une bergère, suivis de
leurs troupeaux.