Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Viardot, Louis: Le musée de Carlsruhe
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0151

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

U2

vénéré de Jean de Bruges! Mais, hélas! c’est précisément cette étonnante
conservation qui fait douter, qui rend incrédule. 11 serait trop étrange
qu’un seul des ouvrages d’Hubert Van-Eyck ait échappé si miraculeuse-
ment aux ravages de quatre siècles et demi, qui n’en ont épargné nul
autre. Et pourtant, voilà bien les costumes de son époque, ceux de la
cour de Bourgogne; voilà bien son dessin délicat et sûr, son coloris
tendre, pâle, argenté, qui reste encore dans les nuances sobres de la
détrempe, et n’essaye pas de se teindre de la pourpre éclatante que son
illustre élève trouva dans l’emploi de la peinture à l’huile. Si messieurs
les directeurs du Musée de Carlsruhe possédaient quelques documents
capables d’ajouter aux probabilités qu’offre le faire de ce portrait des
justifications historiques, ils rendraient, en les publiant, un signalé ser-
vice à ceux des amis de l’art qui se passionnent pour les origines des
écoles et pour la connaissance des maîtres.

Passons de Bruges à Anvers. On donne à l’illustre chef de l’école,
à Rubens, un portrait de Don Juan d’Autriche. Est-ce le célèbre fils
naturel de Charles-Quint, le vainqueur de Lépante ? Non, puisqu’il est
mort un an après la naissance de Rubens. Est-ce le second Don Juan
d’Autriche, fils naturel de Philippe IV et de la comédienne Maria Cal-
deron, celui qui perdit contre Turenne la bataille des Dunes? Non,
puisqu’il n’avait pas plus de onze ans quand Rubens mourut. Je conclus
de là que, même en Allemagne, on commet des étourderies dans la
rédaction des catalogues. D’ailleurs ce portrait apocryphe d’un guerrier
quelconque ne rappelle en aucune façon la touche de Rubens, qui
manque absolument à Carlsruhe, lui, plus riche à Munich et à Vienne
qu’à Anvers même, et son école seulement est représentée par une
grande Sortie d'Egypte de Jacques Jordaens. J’entends l’école directe;
on pourrait, en effet, y rattacher David Teniers, comme on rattacherait
Adrien Ostade à celle de Rembrandt. Teniers a le même épanouissement
de lumière, la même mise en dehors que Rubens ; Ostade a la même con-
centration de lumière, la même mise en dedans que Rembrandt. Voilà,
si je ne m’abuse, comment le premier des petits Flamands et le premier
des petits Hollandais tiennent chacun au chef de son école, sans en avoir
été directement le disciple. David Teniers a quelques échantillons au
Musée de Carlsruhe : deux petites Scènes de sorcellerie, curieuses, mais
non fort belles, et de plus fort gâtées; puis un Alchimiste consulté par
une vieille femme, très-supérieur aux Sorcières par l’exécution ; puis
enfin un autre Alchimiste entouré de vieux in-folio, et dans le cabinet
duquel siège un gros singe, enchaîné comme un galérien à un lourd
boulet. Ce tableau rappelle, par la tombée de la lumière sur les objets,
 
Annotationen