Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, [2], Sculpture, 8-9
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0219

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
210

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

baiser. Jamais, du reste, les bouches antiques ne laissent voir les dents,
même dans les figures qui, par exception, expriment le rire, comme
celles des sylvains et des mén^les quand ils soutiennent l’ivresse du vieux
Silène ou suivent le triomphe de Bacclms.

Mais le signe essentiel de toute physionomie grecque, selon la
remarque d’Ottfried Muller, c’est la forme du menton. 11 est rond et gran-
diose dans les têtes antiques. Très-rarement y trouve-t-on indiquée la
fossette, qui a le défaut de rompre l’unité d’une grande forme par une
forme petite, accidentelle et accessoire. Elle n’est visible ni à la Niobé, ni
à la Pallcis de la villa Albani, ni aux têtes de Cérès et de Proserpine sur
les médailles de Métaponte et de Syracuse, ni au Mercure du Vatican, ni à
Y Apollon du Belvédère; elle est remplacée parmi insensible méplat dans
la Vénus de Milo.

Quant à Y oreille, aucune partie des têtes grecques, au dire de Winc-
kelmann, n’est travaillée avec plus de soin. La beauté de l’exécution est
même une marque infaillible pour distinguer le travail antique de la res-
tauration moderne. C’est au point que sur les pierres gravées, une oreille
traitée négligemment doit inspirer de violents soupçons sur l’authenticité
de l’ouvrage. Si la figure est un portrait, les particularités de l’oreille y
sont imitées. Mais il est des têtes idéales, notamment plusieurs tètes
d’Hercule, où le célèbre antiquaire a remarqué des oreilles aplaties avec
un gonilement dans les ourlets cartilagineux ; il en a conjecturé que de
semblables oreilles désignaient les athlètes, les pugiles frappés clans
l’arène, et rappelaient qu’aux jeux institués à Elis par Hercule, ce héros
avait remporté le prix du pancrace.

Ajoutons que la joue des figures normales est pleine, simple et grande,
et que, pour plus de grandeur, elle va se réunir au front en passant sur
des tempes non déprimées, et rejoindre les muscles du cou par une
inflexion très-peu sensible sous l’oreille, de manière que l’articulation des
pièces osseuses qui portent les dents soit dissimulée, parce qu’elle est un
pur accent de la vie matérielle.

Tel est, selon les Grecs, l’idéal de la tête humaine, et ce qu’ils ont
fait pour la tête, ils l’ont étendu, nous le verrons, aux autres parties du
corps, au cou, à la poitrine, au dos, au ventre, aux bras et aux mains,
aux jambes et aux pieds. C’est en modifiant l’idéal avec mesure que ces
maîtres incomparables ont ajouté au sublime de la beauté absolue la
saveur pénétrante du caractère. Ils ont ainsi personnifié leurs dieux.
 
Annotationen