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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

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Nr. 4
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Guiffrey, Jules: Exposition des Beaux-Arts à Anvers
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https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0381

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368

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

une des plus belles pages du maître; M. Robert Fleury a peint lui-même son portrait,
et l’Académie d’Anvers s’en plaindra d’autant moins que cet usage n’est pas assez
régulièrement observé; en effet, le portrait de Cornélius est de M. Begas, de Berlin;
celui de Schadow est de M. Bendemann, le directeur de l’Académie de Dusseldorf, et
c’est à MM. de Bruvcker, de Winne et Robert que l’on doit les portraits des académi-
ciens belges, MM. Bourla, Roelandt et Madou. La scène de genre commandée à M. Madou
pour le Musée donne une juste idée du mérite de son auteur. Une grande finesse
d’observation, un esprit d’une délicatesse extrême qui sait se garder également de la
satire et de la charge, une verdeur d’imagination inépuisable, une grande habileté
d’exécution font de M. Madou un des premiers peintres de genre de notre époque, et
les deux autres toiles exposées par le même artiste viennent confirmer cette bonne
impression.

Le Musée des Académiciens expose encore deux bustes et une statue : La Victoire
ailée lançant la couronne de laurier, commencée par Rauch, interrompue par sa
mort et achevée, d’après son modèle, par son élève, M. Hugo Haagen. Nous mention-
nerons le buste de Rauch par M. Rietschell, celui de M. Kiss, autre artiste berlinois,
par lui-même, et nous nous hâterons de passer à l’Exposition proprement dite.

Nous ne reviendrons pas sur les artistes français dont les principaux tableaux ont
figuré cette année à l’Exposition de Paris. Nous nous contenterons de constater le rang
très-honorable qu’occupe notre école dans les expositions étrangères les plus remarqua-
bles, quand elle est représentée par une phalange d’artistes tels que Eugène Delacroix,
H. Flandrin, et MM. Robert Fleury, Troyon, Amaury-Duval, Comte, Brion, Bellangé,
Yvon, Fromentin, Berchère, Corot, Hanoteau et de Curzon. Cependant nous ne pou-
vons passer légèrement sur les magnifiques animaux de ce pauvre Troyon, peut-être
son dernier tableau. Jamais il n’a mieux rendu le charme souverain d’un gras pâturage
où se promène lentement une vache noire ou rousse, où le berger, couvert de sa blouse
blanche, se repose accoudé sur son bâton et suivi d’un grand chien noir, maigre, à
longs poils. La Chasse au faucon dans les marais algériens n’est pas un des meil-
leurs tableaux de M. Fromentin; on retrouve cependant dans cette plaine immense,
inondée des feux du tropique, traversée d’Arabes lancés au galop, un souvenir de ces
tons lumineux, de cet éclat du soleil africain qui a valu aux œuvres de M. Fromentin
un si légitime succès. M. Corot répand la menue monnaie de son talent avec une pro-
digalité qui prouve la richesse de cette organisation artistique toujours jeune et toujours
charmante. Pour nous, qui voyons chaque année à Paris les œuvres sérieuses de cet
artiste, les tableaux d’Anvers sont les échos de cette note poétique que lui seul sait
faire résonner. Il est fâcheux toutefois que M. Corot expose sa réputation au contrôle
d’une école étrangère sur des spécimens incomplets de son talent; si on le juge trop
sévèrement, à qui la faute? Nous ne pouvons nous empêcher de revenir sur deux noms
qui rappellent le souvenir douloureux des deux pertes les plus sensibles que l’art
français ait éprouvées depuis plusieurs années. L’Exposition d’Anvers a eu la bonne
fortune d’obtenir Y Éducation d'Achille, cette composition de Delacroix léguée à
M. Francis Petit, si consciencieusement étudiée, et une belle esquisse d’une chasse
aux lions. Un portrait d’PIippolyte Flandrin. intitulé Rêverie, bien qu’il porte la date
de 1853, est cependant une des dernières œuvres auxquelles il ait travaillé. On distin-
gue encore les bandes de toile qui, rajoutées à une tète d’étude d’un sentiment et d’un
modelé achevés, en firent un magnifique tableau, une de ces œuvres trop rares desti-
nées à vivre entourées dans le respect et dans l’admiration des vrais amis du beau.
 
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