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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 1
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Darcel, Alfred: Musée rétrospectif, [8], Le Moyen Âge et la Renaissance: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0056

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50

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

le procédé de la grisaille qu’il emploie, tantôt sur préparation noire,
tantôt sur préparation bleu lapis. Sa main y enlève du premier coup les
contours et les ombres principales d’une pointe fine et légère qui s’égare
parfois dans les fonds pour y tracer quelques détails à peine indiqués.
Ailleurs, c’est sur le métal lui-même qu’il indique au pinceau le sujet et
les ombres ; ailleurs encore, c’est sur un morceau de paillon d’or ou d’ar-
gent. Puis, avec des émaux de plus en plus transparents et de tons d’au-
tant plus éclatants qu’ils doivent recouvrir des parties plus brillantes, il
ménage habillement ses transitions. Les carnations sont largement mo-
delées en émail blanc noyé dans le fondant et glacées de bistre légèrement
coloré dans les ombres; les violets, les rouges et les bleus des vêtements
sur paillons sont reliés aux carnations par des tons neutres des parties
sur le métal, où un nuage d’émail blanc s’estompe du côté de la lumière.
Puis des rehauts d’or posés sur le tout achèvent de donner l’unité à tant
de travaux et de tons divers.

Parfois Léonard Limousin, dont l’activité sullit à tout, s’amuse à de
légers caprices, comme la petite enseigne de chapeau de la collection
Czartoryski que nous publions. Cette mêlée de cavalerie est peinte en
grisaille sur ronde bosse, les chevaux et ceux qui les montent étant
repoussés dans une feuille de cuivre. Quelques glacis d’émail bleu tur-
quoise ajoutent l’accent de la couleur au modelé de la forme sur cette
charmante pièce des commencements de Léonard, car elle est datée de
1539, avant les L. L. du monogramme.

Autant Léonard Limousin montre de largeur et d’aisance dans l’exé-
cution de ses émaux d’ornement, autant il semble timide et réservé dans
celle de ses portraits. Lorsqu’il n’a à interpréter que les libres composi-
tions du Rosso, de Nicolo del Abate, ou les siennes propres, il est maî-
tre du sujet, et, suivant d’instinct la pente de son temps, il est un Ita-
lien de Fontainebleau. Quand il doit reproduire un portrait sur l’émail,
un de ces crayons des Janet sans doute, d’un dessin si serré et d’un
modelé si simple, il redevient un français provincial attardé à l’ancien
style. D’ailleurs son frère Martin n’est-il pas là, dans son atelier; ce
Martin Limousin que nous ne connaissons pas et qui pourrait bien expli-
quer, si on l’interrogeait avec soin, certains contrastes et certaines
défaillances dans l’œuvre du célèbre émailleur.

L’exécution des portraits est tout autre que celle des grisailles pures
ou coloriées. Les carnations sont couchées en émail blanc sur le fond qui
est bleu ou noir et sur lequel le contour a sans doute été exactement
tracé. Les cheveux et la barbe sont préparés en émail généralement jaune
paille, et les yeux, enlevés sur le fond, sont marqués d’une prunelle
 
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