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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 1
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Lagrange, Léon: Bulletin Mensuel: Décembre 1865
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0099

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BULLETIN MENSUEL.

93

Trois façades se disputent l’honneur de vous introduire à l’intérieur. La recherche
du décor est la même. Mais la largeur des distributions atteste un art plus sérieux. Sous
la coupole s’enroulent les spirales d’un escalier double qui a le tort de lie pas recevoir
directement le jour des baies extérieures, et par conséquent de rendre le dôme de plus
eu plus inutile. Dans la molle lumière qu’y versent des verres dépolis, on aperçoit quatre
statues élégantes, quatre Diane de Poitiers assises, représentant les allégories consa-
crées : Commerce, Industrie, etc. Près de là s’ouvre une cour il deux étages de co-
lonnades, conception très-heureuse, la meilleure partie de l’édifice, sans contredit, si les
dés qui portent les colonnes du rez-de-chaussée ne les faisaient paraître un peu mai-
gres. Le plafond vitré de la cour repose sur des fermes en fer, que soutiennent, de leurs
beaux bras entrelacés, des cariatides provocantes, l’œil voilé, mais le sein nu. Ah ! quel
bal on donnerait là, entre la salle des faillites et la chambre des huissiers! Jamais théâ-
tre, jamais palais ne prêcha mieux le plaisir que ce tribunal de la ruine. Puissent toutes
ces coquetteries de la pierre dicter aux prud’hommes de tendres arrêts et humaniser
les gardes de commerce!

Les nouvelles constructions du Palais de justice appartiennent à un ordre d’idées
tout différent. Au milieu des cloaques de la préfecture de police se développe un blanc
portique d’un aspect ferme et calme comme le Droit. Dix colonnes engagées, au fût
cannelé, au chapiteau de feuillage, supportent un entablement où l’on voudrait cepen-
dant plus de simplicité. Rien n’v motive, rien n’y appelle les consoles surmontées de
tètes de femmes qui apparaissent en trio au-dessus de chaque colonne : douze têtes,
douze consoles d’une inutilité flagrante. Il n'appartient qu’à la justice turque de se
parer de tètes coupés. Malgré tout, les divisions générales restent larges et imposantes.
Trois escaliers conduisent aux trois portes de l’édifice. Au pied de l’escalier central,
deux blocs non dégrossis attendent le ciseau du sculpteur. Mais entre les colonnes se
dressent déjà, accolées au mur, six statues allégoriques. Ici, plus de sourire, plus de
chiffons ni de grâces du demi-monde. La Force, la Loi, la Vérité, la Justice, la
Protection des faibles, le Châtiment, ces solennelles abstractions sont personnifiées
par des figures sévères, noblement drapées, d’un style sérieux et digne, telles que les
réclame le sanctuaire de la justice. On ne peut rien dire encore des autres constructions
du nouveau palais. Si tout est de la force de ce portique, notre époque aura produit
un monument viril.

La reconstruction des Tuileries avance rapidement. Du côté du jardin, on commence
par les toits, comme à Laputa. Du côté de la rivière, on se contente de reproduire les
motifs du Louvre de Henri II, les frontons alternés, les pilastres à tambours, les assises
vermieulées. A part l’N substitué à TH, à part les frontons, qui portent des sujets iné-
dits; à part les frises, où l’on a économisé les sculptures, ce sera une contre-épreuve.
Désormais, toute cette façade appartiendra au même système d’architecture et d orne-
ment. Certes, j’admire sans restriction le modèle; mais les meilleures choses perdent à
se répéter indéfiniment. Malgré la beauté des vers, dans quel théâtre a-t-on jamais re-
demandé le récit de Théramène?

Comment le pavillon de Flore, comment la façade intérieure du Carrousel se rac-
corderont à ce svstème, c’est ce qu’il est malaisé de comprendre, à travers les écha-
fauds et les palissades qui cachent encore les constructions nouvelles. On peut constater
seulement que le pavillon de Flore n’a rien perdu de sa masse. Il se revêt du haut en
bas d’une architecture assez compliquée, au milieu de laquelle on voit ricaner des
masques de satyres à grandes cornes. Au sommet des deux faces, deux diadèmes opu-
 
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