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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Blanc, Charles: Francisque Duret
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0105

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FRANCISQUE DUREÏ.

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statuaires grecs dont l’incomparable génie était pour lui un article de
foi. Son atelier de l’Institut, où l’on entrait par la rue de Seine, était
austère et silencieux. La lumière y tombait de haut, et l’on n’y entendait
que vaguement les bruits du dehors, qui paraissaient éloignés. De grandes
armoires y renfermaient les moulages des plus jolis bronzes d’Herculanum,
que Durel avait rapportés de ses fréquents voyages à Naples. La frise du
harthénon formait la décoration obligée des murailles, avec une gravure
de Pradier d’après le Virgile de M. Ingres. Excepté la statue de Chacias,
peinte en couleur de porphyre, on ne voyait aucun ouvrage de Duret
dans l’atelier où il recevait ses amis. Ses modèles en plâtre, chargés de
poussière et noircis par le temps, étaient relégués dans un vestibule
obscur. On y entrevoyait la Tragédie et la Comédie, le Mercure, le
fameux Danseur, une jolie tête d’expression caractérisant la Malice, et
les grandes Victoires qui, de leurs ailes déployées, remplissent avec tant
de dignité et de grâce le soiïite de la salle des Sept Cheminées, au
Louvre.

Là vivait le sculpteur. Là nous causions de tout ce qui pouvait inté-
resser, je ne dis pas son cœur, mais son esprit, et rien ne l’intéressait
vivement que la sculpture. Je me trompe, il avait encore une passion
qui se rattachait, il est vrai, à l’art statuaire: c’était la mimique. Un
jour, il me demanda de lui dresser une liste des meilleurs livres qu’on
aurait écrits sur le geste. J’en fis la recherche à la Bibliothèque. Je lui
désignai Meursius, Engel, Noverre, Cahuzac, Feuillet, Requeno, Monta-
bert et vingt autres; mais je sus bientôt que ces livres ne pouvaient pas
foi rendre le service qu’il en attendait, parce que les auteurs que je
viens de citer s’étaient placés à un point de vue différent du sien. Duret
voulait composer un traité pour les mimes de théâtre, un traité qui eût
été sans doute accompagné de figures, et qui aurait fixé les lois de ce
que les anciens appellent Yhypocrilique, à l’usage des mimes de ballet.

Cette prédilection pour le geste parlant, ou, si l’on veut, pour la parole
hgurée, tenait aux circonstances de sa première jeunesse. Fils d’un
sculpteur fort habile, Duret n’avait pas eu dans le principe l’idée de
suivre la carrière paternelle. A l’âge d’environ quatorze ans, il avait eu
des velléités d’entrer au théâtre, et il s’était présenté au Conservatoire. Il
Y fréquentait les cours de déclamation et de maintien théâtral, et alors
uiême que, le goût de la sculpture lui étant venu, il fut admis à l’Ecole
des beaux-arts, il suivit concurremment et avec la même assiduité les
cours de l’École et les leçons de Michelot au Conservatoire.

Une chose à remarquer, c’est combien la génération qui nous a précédés
lut précoce. Presque tous les artistes célèbres de notre temps ont corn-
 
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