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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 3
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Lagrange, Léon: Pierre Puget, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0266

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256

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pas, comme on pourrait le croire, à un mouvement de défiance person-
nelle contre Puget. Une lettre de ce dernier va nous montrer que la
mesure était générale. Heureux temps, où un ministre se croyait obligé,
avant d’accepter une œuvre d’art, de la voir de ses propres yeux! Nous
avons fait des progrès depuis cette époque. Nos sculpteurs ne sont plus
des Puget, mais il n’ont plus affaire à des Louvois.

Voici ce que Puget écrivait à un de ses amis, le sculpteur Lieautaud,
un illustre inconnu, qui venait de donner la mesure de son talent dans
la décoration du maître-autel de l'église de Saint-Maximin. Retrouvée
par M. Magloire Giraud et communiquée au Bulletin du comité de la
Langue, de l’Histoire et des Arts de la France, cette lettre est presque
inédite. Elle apporte un document préc'eux à l’histoire de Y Andromède.

A Monsieur Joseph Lieautaud esculpteur a la Cieutat.

Marseille, ce 4 aoust 1684.

Monsieur,

Je vous salue, vous faisan offre de mes humble respect et tousiours en estact de
resevoir vos comandemens a tout ce que je pourraj rendre servisse. Le donneur de la
presante est un estucatore lombardo ; on dit qu’il est très abille lioume, et corne nous
avons la réputation a lur pais et que nous en avons occupé quelcun soit dans la Pro-
vance ou an Languedoc, je vous prie, s’il y a moient, de luj donner quelque chose a
faire sulement pour pacer, vous m’obligerés. Je n’aj rien de nouveau pour mes afaires
a vous entretenir, sinon qu’on faict travailler pour Versail tout ce qu’il y a de plus
abille houmes esculpteurs, mais a fort bas pris, et les figures de hauteur de sept et
demi ; on ni donne que huict mois de temps et seront estimées a la fin chascun selon
leurs mérités. Pour mon afaire a moy, Monsieur de Louvois m’a faict honneur de
m’escrire plusieurs letres et m’a faict prometre de me randre a Paris, et quant a mon
Andromède, je la dois embarquer sur le veseau qu’on attant de Sivita-Vechia, qui
porte lestatue du Roy par le Cavalier Bernin, et pour son pris mondit seigneur n’a
rien voulu déterminé qu’il ne l’aie voue. Je suis bien aize de vous avoir entretenu de
mes petit afaire, sachant que vous y tenez une bonne part. Je vous donne le bon jour
et suis très parfaictement, Monsieur,

Votre très humble et 1res affectionne scruiteur

Puget.

Voilà donc la fortune de Y Andromède attachée à celle du Louis XIV
du cavalier Bernin. Or nous savons, par les recherches de M. de Mon-
taiglon ', que la flûte le Tardif, qui portait cette statue, arriva à
Toulon au mois de novembre. Le 17 février 1685 elle faisait son entrée

Revue universelle des Arts.— Le Louis XIV du cavalier Bernin, par A. de
Montaiglon.
 
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