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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 3
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Lagrange, Léon: Bulletin mensuel: Février 1866
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0306

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29Z,

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pour la dignité personnelle des candidats. Cette proposition, qui n’est pas nouvelle,
aurait à nos yeux le très-grand avantage de ramener l’Académie des Beaux-Arts, par
delà sa création de seconde date, aux traditions de sa véritable origine. L’Académie
des Beaux-Arts ne date ni de la Révolution, ni du Consulat, ni de l’Empire. Elle ne
date pas de 1803, mais de \ 648. Avant de se fondre dans l’Institut, elle avait vécu
quelque, cent cinquante ans indépendante, sous un règlement sage, libéral et fécond, qui,
loin de restreindre sa vitalité, lui assurait une action vivifiante. M. Vitet l’a démon-
tré jusqu'à l’évidence, et lui aussi conclut dans son histoire de l’Académie de peinture
et de sculpture en réclamant le rétablissement des agrégés. Un jour viendra, nous
l’espérons, où l’Académie des Beaux-Arts, mieux éclairée sur ses intérêts, cessera
d’ètre sourde à un vœu formulé à la fois par deux de ses membres, l’un, le critique
d’art le plus éminent de notre époque, l’autre, un de ses peintres les plus dignes
d’estime.

Que faudrait-il encore, se demande M. Lehmann, pour relever et affermir l’influence
de l’Académie des Beaux-Arts? Il faudrait qu’elle entrât résolument en rapports fré-
quents et réguliers avec le public, soit, comme sa sœur l’Académie des Sciences, par
la publication des comptes rendus de ses séances, soit par la formation d’un groupe
d’écrivains d’art sympathiques, qui seraient les agrégés do la plume, la vraie pépinière
des candidats aux fauteuils d’académiciens libres. La séance annuelle ne suffit plus, en
ce temps de publicité fiévreuse. Sans doute, il est d’une honnête fille de ne point trop
faire parler d’elle; mais il ne messied à personne de se défendre, et la meilleure dé-
fense, quand on fait bien, est le récit de ce que l’on fait.

Telles sont, dans leurs principaux points, les propositions soumises à l’Académie
des Beaux-Arts par un de ses membres. Est-il besoin d’en faire ressortir l’importance
et l’opportunité? Est-il besoin de les discuter? Il y aurait témérité de notre part à
entamer une discussion qui regarde d’abord les intéressés. Nul ne peut y apporter
plus de lumières que les hommes spéciaux groupés sous la coupole de l’Institut.
L’Académie des Beaux-Arts ne saurait récuser sa compétence. Elle ne déclinera pas
davantage une responsabilité dont on aurait tort de s’exagérer les périls.

Sur la question des expositions, il me paraît curieux de comparer aux vues
de l’honorable académicien, celles d’une petite brochure qui s’intitule : « Deux
Expositions, projet par Pérignon, peintre. » L’auteur déclare que si les expositions
annuelles ou bisannuelles soulèvent tant de critiques, c’est qu’elles portent en elles un
vice radical, une contradiction manifeste. Le public veut y trouver la réunion des
meilleurs produits de l’art français; les artistes y cherchent un marché pour leurs
œuvres. Le mot est dur, mais, en ce temps de réalisme, il est juste. Qu’arrive-t-il?
C’est que l’administration, pour combiner deux prétentions aussi légitimes, la satis-
faction du goût, la satisfaction des intérêts, s’épuise en efforts superflus, et, par des
restrictions, des règlements, des compromis de toute sorte, achève de rendre les
expositions impossibles. Le remède, selon l’auteur, est bien simple. Que l’État, protec-
teur des hautes tendances de l’art, garde pour lui le soin d’exposer, tous les cinq ans,
les produits les plus remarquables de l’art français, choisis par un jury d’élite. Que les
artistes ouvrent au centre du monde parisien une exposition permanente, fous aurez,
d’une part, le salon d’autrefois avec son apparat, ses garanties, sa solennité, son ensei-
gnement; de l’autre, un marché libre, ouvert à tous. Au salon, le public pourra être
invité à payer la leçon de goût et le plaisir qu’il viendra prendre. Au marché, c’est
 
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