Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Burty, Philippe: Exposition de la Société des amis des arts de Lyon
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0375

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
EXPOSITION DES AMIS DES ARTS DE LYON.

363

que les tableaux sortant des ateliers sont conçus et exécutés sous l’in-
fluence de ces courants de mode qui agitent les esprits avec la force mys-
térieuse de courants magnétiques sillonnant la terre, et qu’ils arrivent au
Salon en quelque sorte tout parés pour le succès ou tout armés pour la
lutte. Les artistes ne vivent point ici isolés comme dans la province; ils
forment des groupes autour d’un maître dont la manière a été bien ac-
cueillie, ou tout au moins les amis qui ont franchi leur seuil ne leur ont
ménagé ni les conseils sensés, ni les éloges qui doublent les forces. 11 en
est de l’art parisien comme de l’industrie parisienne; ce sont des rayons
de miel composés par des abeilles de ruches diverses, mais qui ont été
puisés dans le calice des fleurs d’une même région. Enfin la répartition
des médailles, quoique confiée maintenant au suffrage universel, donne
aux artistes provinciaux une infériorité évidente. Leur nom n’apparaît
guère sur la liste des jurés, et lorsqu’arrive le moment agité du scrutin,
ils n’ont guère pour avocat que la valeur sèche de leurs œuvres, ce qui
dans tous les scrutins humains passe souvent, hélas! pour être moins élo-
quent que la camaraderie innocente ou l’intrigue. Qu’on nous pardonne
donc notre partialité pour des gens de talent auxquels la publicité a sou-
vent fait défaut et dont quelques-uns, attristés par le succès relatif de mé-
diocrités dont l’infériorité les indignait, ont même complètement renoncé
à la lutte sur le terrain des Salons parisiens.

Tel est, pour ne citer qu’un nom parmi d’autres qui ne sont pas moins
honorables, tel est le sort qui a été fait à M. Hector Allemand. Prisé très-
haut par tous ceux qui ont eu le privilège d’étudier ses études peintes et
ses cartons regorgeant d’aquarelles, de fusains, de dessins à la plume,
de lavis ou de sépias, estimé par les paysagistes les plus éminents de no-
tre époque, M. Hector Allemand a rarement réussi aux Salons parisiens.
La critique a passé à peu près indifférente devant ses panneaux de di-
mensions moyennes ou restreintes, et s’est appesantie durement sur une
exécution qui manque, il est vrai, parfois de fraîcheur, sans se laisser
toucher par la franchise de l’impression et le mérite du dessin. M. Alle-
mand a, pour s’en consoler, les rendez-vous passionnés que lui donne
chaque printemps, chaque été, chaque automne, la belle et indulgente
Nature, et l’hiver, les confidences que lui font ses cartons de gravures
pleins des meilleures œuvres des grands maîtres. Il a lui-même gravé
des eaux-fortes d’un style et d’une science bien rares de nos jours.
C’est un poète délicat et contenu, c’est un philosophe désabusé. Je dois
le croire heureux! M. Hector Allemand a exposé à ce Salon lyonnais qua-
tre tableaux qui ont été, je pense, presque entièrement faits sur nature,
ce qui lui réussit le mieux : la Lisière d’un bois et une Chaussée d’étang,
 
Annotationen