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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 4
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Burty, Philippe: Exposition de la Société des amis des arts de Lyon
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0376

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364

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

études prises dans ce pays plantureux de la Bresse; un Soleil couchant et
un Matin sur les bords du Rhône. Ce dernier nous semble exquis en tous
points : l’espace est profond, le site est intime et naïf comme dans les
meilleurs paysages flamands; la vapeur matinale estompe doucement les
masses d’arbres et les lointains où disparaît l’eau du fleuve qui court à
fleur des grands bancs de sable gris.

Il faut un grand stoïcisme pour résister à cette mélancolie doulou-
reuse que font naître dans certaines âmes la stagnation des idées et le
silence qui caractérisent la vie intellectuelle en province. Un poëte qui
semble avoir beaucoup souffert et dont l’œuvre 1 résume sous une forme
nouvelle les qualités les plus précieuses de la grande école littéraire de
Lyon au xvie siècle, M. Joséphin Soulary a écrit ces vers :

...Lyon retient dans ses bras maternels
Deux jumeaux s’exécrant comme ennemis mortels :

L’un se nomme Travail, et l’autre, Rêverie.

Si l’on repasse en esprit la liste des artistes lyonnais, on voit que
presque tous les « rêveurs » ont quitté jeunes le pays qui les avait vus
naître ou leur avait ouvert son école : Orsel, Hippolyte Flandrin, Soumy
le graveur; et pour citer quelques-uns de ceux qui n’ont point succombé:
Perraud le sculpteur, Glaize, Comte, Cliabal Dussurgey, etc. D’autres
sont restés « rêveurs » ou « travailleurs, » tels que Berjon, Saint-Jean,
Guindsrand, Bonnefond, Bonnet le sculpteur, dont nous reparlerons plus
loin. Mais il en est un auquel nous avons déjà conseillé, auquel nous con-
seillons encore le séjour à Paris : c’est M. Bellet du Poisat. Là seulement
il apprendra la mesure de sa force et il se formera définitivement un
style. Soutenu par les sympathies qu’il ne saurait manquer de s’attirer,
par les promesses de son talent et la distinction de son esprit, il se
choisirait un pôle et y tendrait sans relâche au lieu de flotter comme le
fait l’aiguille d’une boussole affolée. Un jour, c’est Delacroix qui paraît
l'attirer, l’année suivante ce sont les Vénitiens. Les délicats, sinon le
gros du public, ont regardé, au dernier Salon, si mal exposée qu’elle fût,
sa Captivité de Babylone; c’était une toile pure de toute influence. Le
Musée de Lyon a eu la bonne inspiration de l’acquérir et, en la revoyant,
nous en admirions la couleur blonde, l’effet soutenu, le beau fracas
poétique et décoratif, et nous tenions pour certain que M. Bellet de Poi-

(I) Sonnets, poèmes et poésies, par Joséphin Soulary, nouvelle édition complète,...
dédiée à la ville de Lyon. Imprimerie de Louis Perrin, MDGCCLXIV. C’est, au point de
vue purement bibliographique, une curiosité que nous avons déjà signalée et recom-
mandée à nos lecteurs.
 
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