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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 4
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Burty, Philippe: Jean Fouquet: le Livre d'heures de maistre Estienne Chevalier
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0409

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JEAN FOUQUET.

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tète. En effet, de son crâne, et sans qu'il y prenne garde, le sang, cette rosée divine
du martyre, coule goutte à goulte. — Prochainement paraîtra une scène étonnante em-
pruntée aux Cas des nobles hommes et femmes malheureux, que possède la Biblio-
thèque de Munich : c'est le jugement de Jean, duc d’Alençon. La disposition est admi-
rable. On y distingue près de trois cents spectateurs ou acteurs, et parmi ceux-ci
Charles VII. le duc du Maine, le chancelier, le procureur royal, les officiers de la cou-
ronne, le parlement.. Quel renseignement historique!

Ces chromolithographies ont été exécutées, pour la plupart avec un rare talent, par
MM. Pralon, Regamev et Daumont. Elles expriment, autant que le procédé poussé
aujourd'hui jusqu’à sa perfection le permet, l’intensité des pourpres, la profondeur des
azurs, ces hachures d’or que Jean Fouquet aimait à distribuer jusque sur les monu-
ments et les nuages. L’art appelle à son aide l’industrie; c’est la loi fatale des temps
modernes. Il s’agissait de satisfaire ce maistre Étienne Chevalier à dix mille têtes qui
s’appelle le public.

A ces grandes miniatures sont joints lesOffices de la Vierge, ceux de la Passion, etc.,
circonscrits par des entourages comme par un cadre d’orfèvrerie niellée. Tous ces
entourages ont été disposés par M. Henri Gard. Ils sont empruntés aux manuscrits les
plus précieux des bibliothèques de Lyon, de Grenoble, de Besançon. Il ont été exécutés
par Mllc d’Alignv, MM. Werner, Leroux, Ollé, Daumont, Rodin, Delahaie. Un texte
rédigé avec soin renvoie aux sources.

Il est à regretter que M. L. Curmer ait confié l'explication des miniatures à une
personne à qui l’archéologie est plus familière que l’art, au révérend père Cahier. Celui-ci
s’est montré aussi dur pour notre grand artiste que s’il avait été le gallican le plus
endurci. Cette belle ordonnance, cette abondance dans la composition, ce dessin si fin
et si ferme, n'ont guère trouvé grâce devant l’austère jésuite, et quelques mots vrai-
ment malsonnants viennent çà et là attrister le lecteur. Ce n’est pas au milieu d’une si
intelligente réhabilitation que le critique peu autorisé eu ces matières doit se faire
entendre. Nous savons, du reste, que tel est l’avis de M. Léon de Laborde, de qui
M. L. Curmer a l’espoir d’obtenir une vie de Jean Fouquet. Ce serait là pour M. Curmer
le meilleur complément de la tâche éminemment nationale qu’il a si courageusement
entreprise, et que nous saluerons encore lorsqu’elle sera définitivement accomplie.

PHILIPPE BU R T Y.
 
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