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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 4
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Lagrange, Léon: Bulletin mensuel: Mars 1866
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0412

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Tissot a essayé des grandes proportions pour un portrait de famille. M. le mar-
quis de M..., sa femme et ses deux enfants se groupent assez naturellement sur la ter-
rasse d’un parc. La jeune femme est charmante, son bébé dans ses bras. L’autre enfant
existe trop peu. En général, la peinture manque de solidité. Elle se réduit presque
à un camaïeu grisâtre qu’interrompent, sans l’échauffer, quelques touches vives, insuffi-
santes pour créer des rapports de tons soutenus.

Parmi les tableaux exposés rue de Choiseul, bien d’autres mériteraient une mention,
ou au moins un souvenir. Mais quelques-uns, tels que 1 eSimoun, de M. Fromentin, et
les Moulins, deM.Ziem, sont déjà connus. La plupart se retrouveront au Salon prochain,
le beau portrait de femme de M. Boutibonne, la Répétition cl’wne messe en musique,
de M. Gide, la Rentrée du troupeau, de M. Héreau, les Femmes à l’église, de M. Tissot.
Pour ne pas laisser à l’oubli une trop grande marge, je dois mentionner encore et le
Petit Fumeur, deM. Meissonier, fin comme une eau-forte, et Y Attelage, de M.Peten-
kofen, et la spirituelle figure de M. Knaus, Ventre affamé n’a pas d’oreilles.
M. Stevens a exposé une étude de dame en robe rose, peinte avec une liberté de bon
aloi. M. Lévy s’est efforcé d’exprimer sur la toile cette pensée : Les vertus fuient la
richesse, mais il l’a fait dans un style de vignette qui donne trop de place à l’acces-
soire, et pas assez à la figure humaine, comme si l’art ne possédait pas dans la figure
humaine son moyen d’expression le plus éloquent et le plus sur. Enfin, je ne quitterai
pas le Cercle de l’Union artistique sans un dernier regard au Torrent, de M. Belly :
le soleil couchant dore encore d’un chaud rayon les sommets d’une gorge dont le fond
est baigné d’ombre; là, au milieu des pierres du torrent, près d’un bosquet de mimosas
et de palmiers, des Arabes ont dressé leurs tentes; la fumée du foyer monte lentement
au ciel, tout est repos et silence, rien ne trouble l’impression solennelle du soir.

Des dessins, des aquarelles, un petit nombre de sculptures complètent l’exposition
de l’Union artistique. Aux gardes nationaux dévoués elle montre la statuette du
général Mellinet, par M. Bartholdi. Au curieux elle réserve la cire originale du Cheval
écorché, de Géricault, et deux Belluaires en bronze, signés du nom de M. Gérome.
Après avoir loué comme elle le mérite la coupe de bronze de M. Bartholdi, signalons
aux amateurs les robustes aquarelles de M. Pils, les brillants caprices de M. Lami, et
surtout un dessin d’un sentiment et d’une fermeté d’exécution remarquables qu’on
croirait d’un vieux maître, et qui est en effet d’un maître, M. Théodore Rousseau.

En somme, et pour tout résumer par un chiffre, cent, vingt-quatre œuvres d’art ont
été exposées, pendant le mois de mars, au Cercle de l’Union artistique. Je l’ai dit et je
le répète, c’est assez pour le goût. Autrefois on n’en demandait pas beaucoup plus
dans toute une année. Le Salon de 1765 ne comprenait que deux cent soixante et un
numéros. Le Salon de 4866 nous en promet dix fois davantage. Puissions-nous y trou-
ver le même plaisir, exempt du malaise que produit la satiété !

LÉON LAGRANGE.

Le Directeur : ÉMILE GALICHON.

PARIS. — J. CLAYE, IMPRIMEUR, RUE

SAINT-BENOIT, 7
 
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