Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Baschet, Armand: Pierre-Paul Rubens, [1], Son séjour en Italie et son premier voyage en Espagne, d'après ses lettres et autres documents tous inédits: peintre de Vincent Ier de Gonzague, Duc de Mantoue (1600 - 1608)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0445

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
PIERRE-PAUL RUBENS.

A3 3

toute censure, si sévère qu’elle veuille être? Quelle perte donc, sinon d’usure et de
temps? Mais j’occasionne une même perte à Votre Illustrissime Seigneurie avec ma
longue et ennuyeuse lettre, ne m’apercevant pas de mon erreur à vouloir parler de
façon aussi violente et avec un tel transport en traitant avec des personnes aussi élevées
qu’est la sienne 1 Que votre bonté me pardonne donc et que votre réserve supplée à mes
défauts. Je la prie d’ailleurs et la supplie de vouloir bien ne dire à Son Altesse que ce
qu’il lui plaira et que ce qui lui paraîtra nécessaire âmes intérêts. Et si mes querelles
et lamentations n’ont pas besoin d’une telle énergie et de pareilles emphases, je m’en
remets absolument à son très-prudent jugement. Que Votre Seigneurie parle et agisse à
sa mode et dispose de son serviteur, au patronage de laquelle, en lui baisant les mains,
je me soumets.

De Florence, aujourd’hui 18 mars, l’an 1603.

De Votre Seigneurie,

Le très-affectionné serviteur,

Pierre-Paul Rubens1.

Au très-illustre Annibale Chieppio,

Seigneur secrétaire de Son Altesse.

La correspondance de Rubens, écrite en Toscane, pendant qu’il est tou-
jours à la recherche du moyen de s’embarquer, se poursuit par trois autres
lettres, dont deux en date de Pise, 26 et 29 mars, et une de Livourne, le
2 avril. Il a eu plus de bonheur qu’il n’espérait, bien qu’il ait dû s’arrêter
six jours, embarrassé par son carrosse, que les pluies eussent détérioré
s’il fût aussitôt parti de Florence. Arrivé à Pise, il fut le même soir à Li-
vourne, et trouva deux ou trois navires de Hambourg, venus à la réqui-
sition du grand-duc, chargés de grains et prêts à faire voile pour noliser
en Espagne. Il avait déjà traité avec l’un des patrons, lorsque le même
grand-duc, changeant la direction, ordonna au capitaine un chargement
de grains pour Naples. Le voilà en quête d’un autre navire; le patron est
incertain du moment du départ, ayant encore affaire avec les négociants.
Rubens ne s’est pas montré au grand-duc non plus qu’à Don Virginio de
Médicis, d’abord parce qu’il n’a point de lettres de Son Altesse pour eux,
et que jusqu’à présent l’occasion ne lui est pas venue d’avoir à les
importuner; puis il ne lui plaît pas de sembler aller à la pêche de leurs

1. Archives de Mantoue F. II. Interni. n° 8. Miscellanee, filza 2539. Cette lettre
est signée Pietro-Paulo Ruebens, qui l’a écrite en langue italienne ainsi que les onze
autres conservées aux Archives de Mantoue. Nous reproduirons les textes originaux
italiens de cette correspondance dans les Appendices de la publication spéciale que
nous ferons, après qu’aura paru le second et dernier article. Le lecteur pourra donc se
rendre compte de l’exactitude scrupuleuse avec laquelle nous avons traduit les lettres
du peintre insérées ici. Elles sont dignes d’une attention d’autant plus grande que l’on
connaissait jusqu’à présent aucune lettre de Rubens écrite à cette époque de sa vie.

55

xx.
 
Annotationen