Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Blanc, Charles: Salon de 1866, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0514

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
SALON DE 1866.

Z[99

plus facilement en eux la faculté de sentir et de discerner dont per-
sonne n’est dépourvu ; ils concevraient une idée plus élevée de l’art et y
prendraient goût. Ils ne seraient point blasés comme ils le sont aujour-
d’hui sur un plaisir qui revient trop souvent pour ne pas perdre de son
attrait.

Mais, dira-t-on, si l’on supprime les salons annuels, l’intérêt des ar-
tistes en souffrira. Ce sera une calamité pour eux que d’attendre trois ou
quatre ans pour se produire, et ces années d’attente peuvent être mor-
telles. Pendant le temps que l’herbe met à croître, le cheval meurt de
faim, dit un proverbe. — Et à ces raisons qui ont bien leur force, quel-
ques-uns ajoutent que les artistes, si l’on espace les salons, ne travaille-
ront plus qu’un an sur quatre ou sur cinq, et que l’on aura ainsi encou-
ragé la paresse des uns, découragé l’ardeur des autres.

Sur cette question, il a été publié naguère un écrit plein de sens et
qui, émané d’un peintre, n’en a que plus d’autorité. « L’Exposition des
« Beaux-Arts, dit M. Pérignon V n’arrive et n’arrivera jamais à satisfaire
« personne : elle est et sera toujours une opération défectueuse et sujette
« à mille critiques : la raison en est qu’elle a pour objet d’atteindre du
« même coup deux buts absolument différents, opposés même l’un à
« l’autre; savoir : être une exposition d’œuvres de choix, et, en même
« temps, servir les intérêts matériels des artistes, en leur fournissant le
« moyen de faire connaître leur talent, de montrer leurs ouvrages et de
« les vendre.

« De cette contradiction fondamentale et permanente dans les deux
« fins qu’on se propose, proviennent : d’une part, les insurmontables dif-
« ficultés devant lesquelles toute la sollicitude, toute la sagacité, tous les
« efforts de l’administration restent impuissants ; d’autre part, les éter-
« nelles et légitimes récriminations du public et des artistes. On a tort et
« raison des deux côtés. Il est impossible de bien faire, dans l’état actuel
« des choses, et la faute n’en est qu’à ce vice radical de l’institution
« elle-même. En effet, dès que l’administration incline vers un but, elle
« s’éloigne forcément de l’autre. Si elle se préoccupe des intérêts maté-
« riels, elle néglige, compromet ou sacrifie le choix dans les œuvres ex-
« posées; et dès qu’elle cherche à avoir une exposition meilleure, elle
« porte atteinte aux intérêts matériels des artistes... »

Après avoir signalé le vice radical de l’institution, qui est d’avoir un
double but et de mal remplir deux conditions inconciliables, M. Pérignon
propose, comme remède naturel, de créer deux expositions, chacune

1. Deux Expositions des beaux-arts. Projet par Pérignon, peintre. 1866.
 
Annotationen