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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 6
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Lagrange, Léon: Bulletin mensuel: Mai 1866
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0593

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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le possédait avant M. Pereire. Je ne veux pas parler des autres. La Gazelle prépare
une étude sur Van der Méer. lime paraît juste de laisser à noire ami M. Bîirge'r le
plaisir de faire les honneurs d’un peintre dont il est quelque peu l’inventeur. Mais
pourquoi, à côté du Géographe, ne voyons-nous pas la Lettre, du cabinet Dufour, de
Marseille, l’œuvre capitale du maître?

Au premier rang des paysagistes voici Ruisdael et Hobbema, Ruisdael avec son
Torrent de la galerie de M. le comte Duehâtel, et sa Cascade moins importante, du
cabinet de M. Dutuit; Hobbema avec ses Moulins de la galerie de Morny, aujourd’hui
à M. Dutuit, son Moulin et surtout sa Chaumière de la galerie Pereire. Inutile de revenir
sur ces tableaux, au sujet desquels la Gazette a tout dit. Elle a gravé les Moulins de la
galerie de Morny, elle a publié les documents les plus complets concernant Hobbema.
Nos lecteurs n’ont qu’à ouvrir les volumes de la collection. Ils y trouveront le croquis
d’un paysage de Hackaert, dont l’exposition renferme une réplique avec des change-
ments curieux à noter; ils y trouveront sur le Berghem, le Van Huysum et les Van de
Velde de M. Pereire, sur le David de Héem de M. le comte Duehâtel, des appréciations
que nous craindrions d’affaiblir en les répétant. Signalons encore le Jan Both de
M. Dutuit, la belle Marine de Backhuisen, de la galerie de Rothschild, et le Van der
Heyden de M. le comte Duehâtel, vivifié par des figurines d’Adrien Van de Velde,
sans oublier le Wouwermans de M. le baron N. de Rothschild, Y Espion, composition
du plus spirituel physionomiste, peinture du maître le plus exquis.

L’art français n’est pas moins riche. Mais, avant d’en détailler les richesses, arrèlons-
nous un moment devant un admirable Portrait d'homme, de Murillo, qui appartient
à M. llürger, et devant trois Velâzquez intéressants à divers titres. On se souvient de
l’esquisse des Lances, passée en vente publique. L’Infante a été décrite dans la galerie
Pereire. Le Fou de Philippe IV, de M. le duc de Persigny, se présente à nous pour
la première fois; sur son corps efflanqué grimace une tête d’idiot où l’art a jeté à
pleines mains l’esprit de la vie. Curieux rapprochement, le Fou de Velâzquez et le
Fou de M. Roybet !

A combien d’instructives remarques donneraient lieu les tableaux de l’école fran-
çaise, s’ils étaient répandus parmi les galeries du Salon! Voyez-vous nos maigres por-
traits, dont nous louons la finesse, à côté des falbalas étoffés de Largillière et de
Rigaud? Et cette peinture de genre qui nous ravit par sa tenue irréprochable, essayez
de lui donner pour voisins les rêves charmants de Lancret et de Pater. Encore Watteau
n’v est-il pas. Mais la Danse de Lancret suffirait de reste avec les Conversations
galantes de Pater, tirées comme elle de la collection de M. le comte Duehâtel, avec le
Campement et la Marche de Soldats de la galerie Pereire. L’art français savait alors
ce que c’est que la fantaisie, ce que c’est que la couleur. Boucher lui apprenait à
peindre des plafonds aériens tels que VOlympe, de M. Léopold Double, une simple
esquisse où l’on se meut plus à l’aise que dans certaines immenses toiles... Vous
m’entendez bien. En vérité, il semble que la tradition de l’école moderne ne remonte
pas plus haut que Greuze. M. Charles Blanc nous dira si le Salon de 1866 contient
beaucoup de tableaux de chevalet aussi pétillants d’esprit, de chair et de gaieté que la
Bonne Mère, de M. le marquis de Laborde. Mais on y rencontrerait, sans chercher,
des nudités de la force de la Danaé. Et quant aux portraits, à part celui de Tallev-
rand, l’aimable mollesse qui les distingue pour la plupart ne paraît pas manquer d’imi-
tateurs. Dix-sept Greuze! Quelle concession au goût du jour! Comment s’étonner que,
dans le nombre, celui-ci rappelle Lépicié, celui-là Nattier ou Tocqué? Il y a de tout
 
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