Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Exposition en faveur de l'œuvre des Alsaciens et Lorrains, [1]: peinture
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0118

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
EXPOSITION EN FAVEUR DES ALSACIENS-LORRAINS. 111

une autre peinture échappée au grand naufrage, Y Amour désarmé. C’est
le tableau ovale qu’on a vu passer en 1767 à la vente de M. deJullienne,
et dont on a l’estampe par B. Audran. On connaît cette page char-
mante et vive, où Watteau mêle à sa lumière un chaud rayon venu de
Venise. 11 y a encore d’autres Watteau. L’un des plus beaux est celui que
possède M. Double : Baroilhet, qui l’a gardé longtemps, croyait y voir le
portrait de Mme de Jullienne sous la figure de la Seine. Cette conjecture
est très-hasardée, et je remarque avec plaisir que M. Double ne la repro-
duit pas au catalogue. Nue jusqu’à la ceinture, l’élégante femme est de
grandeur naturelle, dimension qui n’est pas commune pour Watteau. C’est
une nymphe coquettement couronnée de roseaux et appuyée sur une
urne penchante. L’immense respect que Watteau avait pour la nature se
montre ici avec une charmante évidence. La fraîcheur des carnations, la
blonde lumière qui caresse les épaules de la nymphe, prouvent bien qu’il
ne renia jamais ses origines flamandes. A ces dons, qui font de lui un petit
fils de Rubens, il ajoute le savant caprice de l’exécution, l’esprit souve-
rain d’un pinceau qui ne se trompe pas. Je suis heureux que ce précieux
tableau qui, au sortir de chez Baroilhet, a eu des destinées flottantes, ait
enfin trouvé un asile digne de lui dans le musée de M. Double.

Watteau était si bon qu’il a laissé traîner çà et là quelques menues
monnaies dont ses élèves ont su se faire une fortune. Us sont extrême-
ment loin du maître. Gardons-nous cependant de mépriser Pater, si vif
de couleur et si léger de travail dans ses petites pages pimpantes. Le
Pater de M. Wilson, les Plaisirs du camp, est un tableau clair, avec des
jaunes d’or pâli, des bleus cendrés, des roses tendres jouant sur des fonds
d’un gris argenté. Mloe la comtesse Duchâtel avait envoyé aussi deux
jolis Pater qui ont disparu au remaniement de l’Exposition. Il nous reste
ceux de M. Pillet, de M. Glaye, d’autres encore. Ce sont là des fantaisies
spirituelles et fines; le procédé d’exécution est un peu mesquin parfois;
mais alors surtout qu’il combine les clartés, Pater a des harmonies char-
mantes et souvent même très-hardies.

L’exposition du palais Bourbon n’est pas non plus pour nuire à Lancret.
Et, tout d’abord, nous voici en présence d’une composition importante
dont nous étions depuis longtemps sans nouvelles, le Déjeuner de jam-
bon. Ce tableau appartient à M. le duc d’Aumale, et comme celui qui lui
sert de pendant et dont nous parlerons tout à l’heure, il vient des petits
appartements de Louis XV à Versailles. D’Argenville n’a pas manqué d’en
dire un mot.

Chose rare ! cette peinture est signée et datée, Lancret. 1735.
Des gentilshommes sont attablés, en plein air, en compagnie d’un jam-
 
Annotationen