Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

DOI Heft:
Nr.2
DOI Artikel:
D'Adda, Girolamo: Art et industrie au seizième siècle: le lit de Castellazzo
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0109

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE LIT DE CASTELLÀZZO.

99

Charles Blanc, sans compter les anciens, sont toujours dans nos mains,
Crowe et Cavalcaselle surtout, si remarquables pour leurs recherches
diligentes, pour leur critique si finement savante. Eh bien ! qu’auraient-
ils tous pu faire sans les Vies de Yasari ? A chaque page de leurs volumes
ce nom est toujours là; même ses inexactitudes ont servi, ont poussé
à des nouvelles recherches, d’où jaillit la vérité.

La prédilection de Vasari pour l’École florentine, mon Dieu ! elle est
bien facile à comprendre1; quand on a l’honneur d’y appartenir, il doit
être bien difficile de ne pas éprouver une certaine fierté. « Florentinis
ingeniisnil arclai est, » dit Cennino Cennini. Yasari était un peu de l’école
de cet abbé de Saint-Yves, dans XIngénu de Yoltaire ; il pensait qu’un
homme qui n’était pas né à Florence ne pouvait avoir le vrai sentiment de
l'art, tout comme Saint-Yves n’admettait le sens commun possible qu’à
Paris.

Cette vanité, si vanité il y a, Vasari la partagea avec tous les Floren-
tins du XVIe siècle, qui acceptaient imperturbablement, ni plus ni moins
que s’ils leur étaient dus, les hommages des plus illustres Italiens du
reste de la péninsule, tels que l’Arioste. Les écrivains florentins s’arrê-
tent volontiers non-seulement à se mirer dans la splendeur vraiment
exceptionnelle de la gloire artistique de la Toscane sur les autres
États italiens, mais aussi « per essere eglino molto observanti aile fatiche
e aglistudi di tutte lefacoltà sopra qualsivoglia gente d’Italia. » (Varchi,
St. fiorentina, vol. III, pag. 56.)

On n’a pas du reste fait assez attention à la différence qui existe
entre les deux éditions de ses Vies, données de son vivant2. On dirait
vraiment qu’il avait pressenti les reproches qu’on lui a faits plus tard, et
dans la seconde édition, il revient sur bien des jugements et se fait plus
juste pour les autres écoles. On n’a qu’à lire la vie de Fr a Giocondo,
Liberale ed altri Veronesi, pour s’en convaincre. Du reste cette accusa-
tion est une absurdité car « on peut promettre d’être sincère, mais il ne
dépend pas de nous d’être impartial. » Ce mot de Goethe est d’une
grande vérité, surtout dans les disputes artistiques, dans lesquelles :

« E poi l’affetto lo intelletlo lega. »

Depuis quelque temps on semble revenir à des sentiments plus vrais

\. Telle est aussi l’opinion de Marielte : « On reproche à Vasari, » dit-il dans sa
lettre à Cavlus sur Léonard, « d’avoir été trop partial à l’égard des peintres de son pays;
c’est un défaut dont il est difficile de se garantir et qui lui est commun avec presque
tous les auteurs de qui l’on a des vies de peintres, dont ils étaient compatriotes. »

2. Firenze, Torrentino, in-4°, toSO; et Firenze, Giunti, 1568, in-4°.
 
Annotationen