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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr.2
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D'Adda, Girolamo: Art et industrie au seizième siècle: le lit de Castellazzo
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0110

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et plus justes; le public se ravise et il s’opère en faveur de Vasari une
réaction. Le mérite de ce bon mouvement en est aux savants illustra-
teurs de l’édition de Le Monnier, qui, tout en constatant les nom-
breuses erreurs de notre historien, ont su faire bonne justice de ces
commérages.

Mais à quoi bon débuter par d’aussi graves considérations à propos
d’un Lit clu xvie siècle? Nous espérons ainsi prouver une fois de plus
que, même dans les questions des Arti minori, c’est encore de Vasari
que nous vient la lumière. Le beau meuble dont nous allons nous occu-
per viendra nous fournir une nouvelle preuve de cette vérité.

Dans la vie de Dello (xve siècle), en parlant de ce que ce peintre con-
sacrait son talent aux tableaux d’église aussi bien qu’à l’ornement des
meubles, Vasari ajoute : « Et pendant de longues années l’usage se main-
tint que les meilleurs artistes, les plus excellents peintres, se livrassent à
ces occupations sans en avoir honte {senza vergognarsi) comme le res-
sentiraient aujourd’hui beaucoup de nos contemporains 1 », et il cite les
meubles de Laurent de Médicis le Vieux} peints par la main « di piltori
non micaplebei, ma eccellenti maestri ».

L’opinion de Vasari nous est confirmée par Lodovico Dolce dans son
u Dialogo délia Pittura, » ditl’Aretino : « Nous devons aussi, dit-il, recon-
naître de lui (du peintre) qu’il est également l’origine et la forme de
tous les arts manuels, puisque architectes, maçons, orfèvres, ébénistes,
sculpteurs en bois, brodeurs et jusqu’aux serruriers, tous doivent plus au
moins avoir recours à lui. » Vasari condamnait donc les scrupules
de ses contemporains. Ce fanfaron, ce sculpteur de cape et d’épée,
Benvenuto Cellini, était aussi dans ces idées, et pourtant quel artiste
et quel ouvrier ! Le comte de Laborde observe, avec sa lucidité ordinaire,
que « Michel-Ange, Pérugin et Raphaël lui-même ne se seraient nullement
refusés à peindre des meubles par le sentiment de déroger en acceptant
une telle besogne, mais seulement pour avoir d’autres occupations ».
Personne désormais n’attribue aux artisans qui exécutèrent ces beaux

\. Voici les propres mots de Vasari :

« E per molli anni fù di sorte questa cosa in uso (la peinture des bahuts, des caisses
de mariage, des meubles, des lits, des coches, etc.) che eziandio i più eccellenti pittori
in cosi fatti lavori si esercitavano senza vergognarsi, con oggi molti facebbono dipin-
gere e mettere a oro di simili cosel »

Une exposition d’art industriel eri venue donner la preuve définitive de cette
heureuse union qui a toujours existé en Italie, à la bonne époque, celle qui a eu
lieu à Milan l’année dernière, et « d’où l’association industrielle italienne avait soi-
gneusement écarté tous les produits des arts libéraux proprement dits, et où pourtant
tout respirait l’art le plus pur, l’art sans épithète », dit M. Courajod.
 
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