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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Davillier, Jean Charles: La vente du mobilier du château de Versailles pendant la Terreur, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0166

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

laquelle on peut les comparer. Non-seulement les matériaux qui y ont servi
ont été choisis dans la plus grande perfection, mais encore les artistes qui
y ont été les premiers de leurs classes. On auroit beau le commander à
neuf, ou on auroit de la peine à être satisfait pour le point de perfection,
ou on les payeroit deux fois au triple de ce que cela a valu autrefois.

Les prix étant stipulés en assignats cela procure d’autant plus de facilité
aux acheteurs '.

Que sont devenus les objets dont on vient de lire la description, et
dont le plus grand nombre étaient assurément d’une beauté merveil-
leuse? Us eurent sans doute le même sort que ceux qui, adjugés égale-
ment à vil prix, à la vente aux enchères du Château de Versailles,
furent dispersés par milliers, — nous n’exagérons pas, — à toüS les
coins de l’Europe.

L’occasion se présente de dire ici quelques mots de cette vente, sur
laquelle les historiens de la Révolution ont gardé le silence, et qui est
ignorée de la plupart des amateurs. On peut cependant la considérer
comme un événement d’une certaine importance, puisque pendant un
an moins quatorze jours, les innombrables merveilles que contenait le
Château de Versailles furent vendues au plus offrant et dernier enché-
risseur.

C’est le dimanche 25 août 1793, à dix heures du matin, que com-
mença cette dispersion à jamais regrettable; elle eut lieu en exécution
d’un décret de la Convention ordonnant « la vente des meubles et
immeubles de la ci-devant liste civile », et dura sans interruption
jusqu’au 2 A thermidor an II (11 aoûtl79A). On était en pleine Terreur1 2 :
il est facile d’imaginer à quel prix pouvaient être adjugés des objets
d’art et de luxe à une époque où personne n’était sûr de conserver sa
tête; bien entendu, le prix était payable en assignats; or chacun sait à
quel degré d’avilissement et de discrédit était tombé le papier-monnaie.

1. On sait que le cours des assignats variait chaque jour : d’apres les tableaux de
dépréciation du papier-monnaie que nous avons consultés, nous estimons que l’or,
peut en fixer la perte aux deux tiers environ, en moyenne, tant pendant la vente du
Château de Versailles que pendant les quelques mois qui suivirent : ainsi cent livres
en assignats ne représentaient pas quarante livres en numéraire. En décembre 1794,
ils perdaient près de 80 pour 100, et chacun sait à quel point ils furent dépré-
ciés plus tard : en prairial an IV, cent livres en assignats ne valaient même pas
quatre sous.

2. M. Mortimer-Ternaux place la Terreur entre le 31 mai 1793 et le 27 juillet 1794.
V. Histoire de lu Terreur. Paris, 1863, in-8.

On remarquera que la vente du Château de Versailles eut lieu presque exactement
entre ces deux dates.
 
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