Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

DOI Heft:
Nr.2
DOI Artikel:
Davillier, Jean Charles: La vente du mobilier du château de Versailles pendant la Terreur, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0167

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE MOBILIER DU CHATEAU DE VERSAILLES.

155

u Tous ceux qui avaient des assignats, dit un historien célèbre, s’em-
pressaient de se procurer des lettres de change sur Amsterdam, sur
Hambourg, sur Genève, sur toutes les places de l’Europe; ils donnaient,
pour obtenir les valeurs étrangères, des valeurs nationales énormes, et
avilissaient ainsi les assignats en les abandonnant. (Août 1793.) Quel-
ques-unes de ces lettres de change étaient réalisées hors de France, et la
valeur en était touchée par les émigrés. Des meubles magnifiques,
dépouilles de l’ancien luxe, consistant en ébénisterie, horlogerie, glaces,
bronzes dorés, porcelaines, tableaux, éditions précieuses, payaient ces
lettres de change qui s’étaient transformées en guinées ou en ducats1 ».

La vente commença donc le 25 août 1793; c’était un dimanche; elle
avait lieu « dans un logement faisant partie du Château de Versailles,
situé Cour des Princes, et occupé par la ci-devant princesse de Lam-
balle ». C’est en ces termes que commence le procès-verbal de vente.
Le manuscrit de ce procès-verbal, rédigé avec une orthographe souvent
grossière, n’occupe pas moins de trente-cinq registres in-folio, compre-
nant en tout dix-sept mille cent quatre-vingt-deux numéros; et souvent
un seul numéro comprenait un grand nombre d’objets : lorsque, par
exemple, on vendait en bloc tout le mobilier d’une chambre : lit, ber-
gères, fauteuils, canapés, portières, etc. ; ou bien encore un service de
porcelaine de Sèvres de plus de deux centspièces,six douzaines de tasses,
plusieurs cabarets, etc.2.

Les objets au-dessus de mille francs étaient vendus aux feux. Deux
membres de la Convention assistaient à la vente. De temps en temps
quelque incident venait troubler la monotonie de cette exécution : un
jour, par exemple, un citoyen vient restituer une cuiller d’argent oubliée
dans un lot d’écrins vides qui lui avait été adjugé la veille; car on ven-
dait de nombreux lots d’écrins qui avaient contenu les pièces d’argen-
terie précédemment envoyées cà la Monnaie pour être fondues. Un
autre jour, on met en vente un portrait de l’empereur d’Autriche. —
« Au feu ! au feu ! » s’écrie la foule. Et le portrait du père de Marie-Antoi-

Tliiers, Histoire de la Révolution, t. IV, p. 201.

2. Le procès-verbal de la vente du Château do Versailles est conservé à la Préfec-
ture de cette ville. Il n’a jamais été imprimé; cependant nous avons sous les yeux le
catalogue d’un petit nombre d’objets choisis, qui porte le titre suivant : Convention
nationale. Catalogue des meubles et effets précieux dont la vente se fera... au
ci-devant Château de Versailles, le 1er messidor, l’an deuxième, en exécution de
la loi du 10 juin 1193. (Vieux style.) Paris, in-8, de Y Imprimerie nationale. Ce
catalogue, d’une feuille d’impression, ne comprend que trente-deux numéros. La
Bibliothèque nationale ne possède pas ce catalogue.
 
Annotationen