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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr. 4
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Darcel, Alfred: Exposition de l'histoire de la tapisserie, [2]: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0296

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276

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

s’allient singulièrement avec le style uniformément tendu des person-
nages, qui veulent se hausser jusqu’à la grandeur épique, mais qui ne
sont que gonflés et redondants.

Ce que nous connaissons de notre Renaissance française nous montre
que l’influence florentine plutôt que romaine domina dans les tapisseries
comme clans les autres arts. La tenture à’Arthémise, d’Antoine Caron,
appartient par le style à l’École de Fontainebleau, mais tout en conser-
vant cette pratique de l’éparpillement des épisodes et des personnages
qui fait qu’une tapisserie n’est point un tableau. Cependant le vieil esprit
français et la vieille méthode de composition confuse se font encore jour,
comme dans la tenture populaire de Gombaul et Macée.

Avec le xvne siècle arrivent, surtout dans les Flandres, les compo-
sitions de Rubens et de son école ; magnifiques thèmes à décorations
que les tapissiers exécutaient, suivant l’habitude, sans grand souci des
qualités propres à chacun des maîtres qu’ils interprétaient plutôt qu’ils
ne les copiaient.

En France, l’influence des maîtres flamands ne semble s’être fait
sentir que plus tard. On s’en tient aux artistes du pays, dont les noms
sont presque aussi ignorés que les œuvres.

Eustache Lesueur fut pourtant du nombre, à ce que nous apprennent
ses historiens, et comme nous avons pu le constater 1. Ses compositions
élégantes et claires, et aussi diffuses qu’il convient, donnèrent le ton à
Laurent de Lahire et à tous ses contemporains.

Charles Le Brun vint enfin, qui imprima le cachet de sa puissante
personnalité sur toutes les œuvres que la confiance de Colbert et du roi
placèrent sous sa direction.

Certes, Charles Le Brun est un grand inventeur, un peu trop dédaigné
aujourd’hui que les qualités de la couleur passent avant celles de la com-
position, et son labeur fut immense. 11 est impossible de ne point l’ad-
mirer profondément lorsqu’on l’étudie dans les quelques centaines de
dessins que possède le musée du Louvre, ou sa main a jeté tant de projets
divers, les plus dissemblables et les plus variés : plafonds, voussures,
statues, bas-reliefs, l’architecture même qui les encadre, attributs et

1. Nous avons été assez heureux pour retrouver trois des huit compositions qu’il
aurait exécutées d’après le Songe de Poliphile. Nous eussions voulu les voir figurer
à l’exposition de l’Union Centrale, mais des raisons commerciales s’y sont opposées.
Nous espérons néanmoins pouvoir publier un jour dans la Gazelle des Beaux-Arls
deux de ces compositions inédites, dont l’auteur nous a été révélé par la troisième qui
n’est autre que celle du tableau de l’ancienne collection Robik, maintenant au Musée
de Rouen : Poliphile reçu par la reine Êleulhéride.
 
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