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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr. 5
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Delaborde, Henri: Des œuvres et de la manière de Masaccio
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0412

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384

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

s’en tient pas à ces dehors, si l’on cherche à pénétrer au delà de ces
différences dans les manières, le lien secret qui rattache les uns aux
autres tant de talents dissemblables à première vue ne tarde guère à se
laisser deviner.

Pour les maîtres postérieurs à Masaccio, comme pour Masaccio lui-
même, le réel n’est qu’un élément du vrai, une matière et, si l’on peut
ainsi parler, une argile à modeler ce vrai que l’art a la mission de déga-
ger et de définir; pour eux, comme pour lui, il s’agit bien moins de
copier que de discerner, de faire le portrait littéral des hommes ou des
choses que de reconnaître et d’exprimer la vie secrète qui leur est propre.
Que le peintre de la chapelle del Carminé et le peintre des Stanze au
Vatican aient à représenter leurs contemporains, l’un autour du pape
dans la Messe de Bolsène ou dans YIJéliodore, l’autre auprès de saint
Pierre et de saint Paul, ils apporteront tous les deux la même sincérité
dans l’étude, les mêmes scrupules dans l’imitation des types placés devant
leurs yeux; et pourtant ni l’un ni l’autre ne se borne à la simple tran-
scription de ce qu’il voit. Comme tous les grands maîtres du xvic siècle,
mais, on le sait de reste, avec plus d’aisance et de bonne grâce qu’aucun
d’eux, Piaphaël, en reproduisant les formes d’un modèle, nous apprend
surtout ce qu’il a senti à propos de ce modèle. Il renouvelle ainsi à sa
manière, il achève, en proportion de sa clairvoyance personnelle et de
son génie, la tâche que, près de cent années auparavant, Masaccio avait
entreprise.

Masaccio a donc le mérite, non pas de s’être préoccupé le premier,
ou de s’être préoccupé seul, comme on l’a dit, des réalités familières, mais
d’avoir, mieux qu’aucun de ses prédécesseurs, compris les conditions en
vertu desquelles ces réalités peuvent devenir dignes de l’art. C’est là le
vrai sens de la réforme accomplie par le jeune maître pendant les der-
nières années de sa trop courte vie ; c’est là ce qui fait de lui, sinon l’égal,
au moins l’ancêtre des plus glorieux peintres de son pays. C’est à ce titre
enfin que les œuvres qu’il a laissées, si restreint qu’en soit le nombre,
méritent d’être comptées parmi les monuments les plus considérables de
l’art italien et que, pour répéter une parole d’Ingres, « la chapelle des
Brancacci doit être regardée et vénérée comme la maison paternelle des
belles écoles et le berceau de la belle peinture ».

HENRI DELAJ50RDE.
 
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