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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Gerspach, Edouard: La mosaïque absidale de Saint-Jean de Lateran
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0144

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LA MOSAÏQUE DE SAINT-JEAN DE LATERAN.

135

II

La mosaïque pariétaire est soumis aux lois de tous les arts décoratifs
appliqués à l’architecture, dont les premières sont la simplicité dans l’or-
donnance du sujet, l'harmonie des proportions et la judicieuse division
de l’espace. Nous trouvons dans l’abside de Saint-Jean ces qualités, si
nettes et si précises qu’à première vue la décoration se lit sans effort,
comme la façade d’un bel ouvrage d’architecture.

La mosaïque est coupée en trois sections : la première, celle du haut,
tranche sur un fond de nuages serrés en stries; la deuxième est arrêtée
par un terrain, un fleuve et une inscription, et une seconde inscription
forme la limite de la troisième section. La superposition en étage ne
nuit d’aucune façon à l’unité du sujet : le Sauveur domine l’ensemble;
Marie, le Pape et les Apôtres du premier rang, comme ceux du second,
participent à l’action commune, qui est l’adoration de la croix. Sans doute
ce parti d’ordonnance générale et d’unité de composition se retrouve à des
degrés différents dans toutes les mosaïques antérieures, mais depuis plu-
sieurs siècle le style byzantin avait perdu le beau caractère des mosaïques
de Ravenne. Il avait exagéré la maigreur du corps, les vêtements secs,
la raideur du geste, la symétrie géométrique; les personnages ne respi-
raient plus, ils semblaient plaqués sur le fond ; les visages, même celu1
de la Vierge, étaient devenus laids, et ceux d’un même ordre hiératique
paraissaient tous sortis d’un seul moule.

Les mosaïstes de cette époque de décadence, marquée surtout par les
ouvrages du ixe siècle, avaient peut-être conscience de leur infériorité ;
il semble que, se sentant incapables d’exprimer par la physionomie le
caractère des figures, ils aient cherché à le marquer uniquement par les
attributs et la magnificence du costume et des parures.

Jacques Torriti se dégage de cette étreinte. En 1291, alors que Giotto
n’était âgé que de quinze ans, il crée la mosaïque de Saint-Jean. Ses
personnages ont des attitudes conformes à leur mission ; les vêtements
sont souples, drapés, colorés et coupés selon la caractéristique du saint;
les attitudes sont en situation, l’homme n’est plus un simple élément
décoratif, il représente une pensée.

Torriti dédaigne le subterfuge de la parure : Marie n’est plus revêtue
de vêtements somptueux couverts d’or, elle n’a plus au front une cou-
ronne chargée de pierres précieuses, elle porte une étoffe de laine sans
 
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