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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0257

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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la dimension, donnent au moins les dispositions et l’aspect avec un vrai
sentiment du caractère. Je ne me servirai de mes notes et de mes souvenirs
que pour accompagner ses dessins de courtes remarques descriptives.

11 est remarquable, d’ailleurs, de voir conservées à Sens ces anciennes
étoffes, car il y en avait certainement bien davantage, et les chroniques
locales en parlent plus d’une fois. Ainsi, au xme siècle, dans la Chronique
de Saint-Pierre-le-Vif, après avoir parlé de la levée, en 1034, du corps de
saint Ebbon, archevêque de Sens au vme siècle, on ajoute que la chasuble
de soie avec laquelle il avait été enseveli fut retrouvée presque intacte
dans son tombeau, gardée avec respect, et qu’aux fêtes du saint on
célébrait la messe au grand autel avec cette chasuble. Geoffroy dit encore,
quand il parle de la translation, en 847, du corps de saint Savinien à
Saint-Pierre-le-Vif, qu’on trouva son suaire presque intact et qu’il est
conservé avec honneur. Cela était bon à rappeler, parce que les précieux
morceaux maintenant réunis au Trésor et qui n’ont dû de subsister qu’à
leur petit volume, qui a permis de les mettre facilement à l’abri, et au
peu d’estime qu’on faisait alors de leur valeur, ne viennent pas tous de
la cathédrale, mais aussi bien et surtout des autres églises de Sens. Je
les désignerai par leurs appellations traditionnelles.

L’inventaire de Saint-Pierre-le-Vif de 1660, en parlant du reliquaire
qui contenait les suaires de saint Savinien et de saint Potentien et qui
avait cette inscription :

Hæc duo pontiGcum sudaria continet area,

Qui Senonas sacro lustrarunt dogmate primi,

ajoute que l’un tirait sur le violet et l’autre sur le rouge, et l’on sait
qu’ils furent volés en 1556 et retrouvés dans un provin près de la
chapelle Saint-Germain de la Chapelle-sur-Oreuse.

Le suaire en soie damassée, que M. Julliot a décrit le premier dans
les notes de l’inventaire de Saint-Pierre-le-Vif, doit bien être celui de
saint Savinien. Alors que l’ensemble est rouge cerise sur rouge, les
têtes des gazelles, qui sont hautes de 185 millimètres, et celles des grands
oiseaux, qui ont 205 millimètres de la pointe des ailes jusqu’au bout de la
queue, sont d’un maïs clair très pâli. Non seulement le principe des animaux
est oriental, mais la partie ornementale rappelle les palmettes des étoffes
indiennes; certains dessins courants de leurs bordures, ceux en forme
de T, de traits en spirale et de traits en équerre, pourraient bien avoir eu
pour point de départ originaire des inscriptions ; mais ce n’en sont plus
que des dégénérescences si éloignées que la fabrication ne peut en être
 
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