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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0266

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ANTIQUITÉS LT CURIOSITÉS DE LA VILLE DE SENS.

253

V

LES TAPISSERIES DU TRÉSOR

La cathédrale n’a plus, comme Reims et comme Angers, de suites de
grandes tapisseries. M. Quantin a découvert sur ce point le fait bien
curieux d’un artiste parisien, Gauthier de Campe, qui fait les patrons sur
toile, de cent huit aunes à six livres dix sous l’aune, pour une tapisserie
du martyre, de l’invention et de la translation de saint Étienne, et qui
va à Melun voir dans la grande église un tableau de l’histoire du proto-
martyr. Nous ne savons si l’œuvre a été exécutée, mais il n’est pas pos-
sible que l’église de Sens n’ait pas eu de nombreuses suites de grandes
tapisseries pour habiller ses murailles et remplir ses entre-colonnements;
c’était la décoration régulière et générale des grandes fêtes.

Par contre, le Trésor possède trois morceaux plus rares, des tapisseries
de moindre taille, destinées non pas à la décoration des murs, mais à
celle de l’autel, et même du maître-autel, soit à l’état de retable, soit
plus exactement et plus habituellement à l’état d' antependium et de
parement. Le moins beau ne doit son infériorité relative qu’à la supério-
rité des autres.

Au centre, la Vierge, dont le voile, la robe et le manteau sont bleus,
est agenouillée derrière le cadavre du Christ, étendu à terre sur un linceul
dont saint Jean et la Madeleine, tous deux en manteau rouge, tiennent
les extrémités. A dextre, saint Michel, en armure multicolore et en man-
teau, et, à senestre, saint Étienne, avec une pierre sur la tête. Quatre
angelots tiennent derrière la scène, pour lui servir de fonds, un rideau
d étolfeSuà ramages en cinq lés, qui tombe jusqu’à terre et ne laisse voir
de paysage qu’à droite et à gauche, lin haut l’inscription, tirée du second
verset du Psaume cxxxvi : IN SALICIBVS IN MEDIO EJUS SUSPENDIMUS
ORGANA NOSTRA. Dans une double bordure en hauteur se répète trois
lois de chaque côté l’inscription : C1NIS ES — MEMENTO, au-dessus et au-
dessous de deux lettres, sous lesquelles deux emblèmes qui se complètent
l’un par l’autre et se font souvent pendant, un miroir rond et une tête de
mort. Les deux lettres, d’un gothique abâtardi, sont un I et un D; on
Peut prendre au premier abord ce dernier pour un V, mais, comme la
h as te de gauche est plus courte et que la haste de droite est plus longue
parce qu’elle s’infléchit en se retournant pour recouvrir l’autre sans
pourtant la rejoindre, il est plus probable d’y voir uu D. En tout cas,
elles n’ont pas encore été expliquées.
 
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