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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI issue:
Nr. 5
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Clément de Ris, Louis: Les dessins d'ornement au Musée des arts décoratifs, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0446

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A28

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tentions, sinon à la supériorité, du moins à l’égalité en fait d’art pro-
prement dit. Sur ce terrain, l’Italie, les Flandres, la Hollande peuvent
tenter contre nous de redoutables campagnes. Mais, quand il s’agit de
l’art appliqué aux choses usuelles, du goût présidant à la forme ou à la
décoration d’objets journaliers, de cette grâce familière et facile qui se
plie, suivant des époques diverses et des besoins multiples et nouveaux,
à l’ornementation incessamment diversifiée de ces myriades d’objets qui
doivent frapper nos yeux sans les blesser, plaire à nos regards sans les
contraindre, accompagner nos mouvements sans les gêner, aider à nos
besoins, servir à nos habitudes, flatter nos caprices, satisfaire nos fan-
taisies, la France reprend une indiscutable supériorité et peut accepter
la lutte, je ne dis pas seulement avec telle ou telle nation, mais avec
toutes ses rivales réunies. En m’exprimant ainsi, je ne crois pas céder à
un mouvement de patriotisme exagéré et me griser de ma vanité natio-
nale. Cette opinion se dégage avec une régularité persistante, qui devient
l’expression de la vérité, à la suite de tous ces grands concours de goût
national et international que l’on appelle des expositions universelles.
Depuis 1867 jusqu’en 1878, à Paris, à Vienne, à Londres, à Philadelphie,
à Paris encore, de l’aveu unanime, c’est la France qui est sortie la pre-
mière de ces luttes pacifiques : je dis dans le domaine du goût. Pour le
grand art, elle a lutté, elle lutte encore de façon à donner du fi! à retordre
à ses adversaires; pour l’art familier, décoratif, ornemental, industriel,
appelez-le comme vous voudrez, elle est, elle reste la reine. Maxime
miranda in minimis. J’espère le démontrer dans les pages qui vont
suivre.

Quand un mendiant italien demande l’aumône d’une baïoque, il bom-
barde le premier faquin venu des épithètes d’eccelenza, illustrissime),
magnifico, portentosissimo signore, ce qui veut dire en bon français et
même en bon italien : Mon bon monsieur, donnez-moi deux sous. Appli-
quez cette remarque au domaine de l’art italien, elle vous donnera lanote
de son principal défaut : la surabondance intempestive, la pompe inop-
portune, le gonflement. Pendant trois cents ans, de 1250 à 1550, ce dé-
faut a disparu au milieu de la plus prodigieuse moisson d’artistes de génie
dont les annales du monde fassent mention. Existant à l’état latent, il
était caché avec un tel goût, il disparaissait sous une exécution d’une
perfection tellement prodigieuse, que sa présence était comme non ave-
nue. Qui a jamais songé à remarquer la richesse exagérée des chapiteaux
et des frises de la chaire de Niccola Pisano au baptistère de Pise, ou le
contour trop gonflé et trop somptueux des volutes du sarcophage du
Verrocchio dans la sacristie de Saint-Laurent de Florence? Personne.
 
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